20 ans du musée La Piscine : ils se souviennent…
Publié le 21 octobre 2021|
A l'occasion du 20e anniversaire du Musée La Piscine, nous avons interrogé celles et ceux qui ont participé à une partie de son histoire. Agents ou élus, ils ont connu la piscine et l’ont vue se transformer en musée. Témoignages.
Arnaud Loubry, photographe au Musée de 1993 à 2004
« Je n’ai que de bons souvenirs de cette époque. Je me souviens qu’au début nous n’étions que 8 agents et que Bruno Gaudichon faisait de la mise sous pli avec nous lorsqu’on avait des envois en nombre à faire ! Je me souviens aussi d’expéditions en voiture avec lui pour aller photographier des œuvres dans les réserves d’autres musées. Il m’a aussi emmené dans la famille de Picasso ou à Rome ! J’ai choisi la photo notamment pour voyager et j’ai eu à cette époque l’occasion de voir du pays. Avant l’ouverture du musée, il nous arrivait de travailler jusqu’à trois heures du matin, dans cette ambiance électrique et une effervescence qui nous portait tous.»
Arnaud Devin, administrateur
Arnaud Devin arrivé au musée le 1 er janvier 2000 comme chef d’équipe. Il a ensuite travaillé au SDIS pendant 13 ans et est revenu à la Piscine en mars 2017 en tant qu’administrateur : « Les mois précédant l’ouverture, on était un peu dans notre bulle, mais on sentait qu’il y avait une effervescence, que montait une certaine pression qui s’est avérée le soir du vernissage : il y avait une foule incroyable, tout le monde voulait voir cette curiosité – un musée dans une piscine ! – et, même si nous avions répété nos gammes et que l’équipe d’accueil/sécurité avait reçu le renfort d’une société privée, on s’est rapidement retrouvé débordés, car le seuil de capacité d’accueil du musée a très vite été atteint ce qui nous a contraint à faire patienter longuement, voire à éconduire avec diplomatie certaines personnes, ce qui n’a pas toujours été bien accepté. Bref, cela a été pour moi une soirée de travail difficile et fatigante et je n’ai hélas pas vraiment pu profiter des festivités. »
Sophie Ravelomanantsoa, travaille au musée depuis 2001
« Ce qui m’a le plus marquée depuis 20 ans, c’est le travail avec les agents venus du textile. Ils connaissaient la pénibilité du travail et ils sont venus ici avec leur solidarité. Sinon, ce que je retiens, c’est le premier mot des visiteurs quand ils voient le bassin : ce mot, c’est presque toujours “Waouh !” »
Marie-Christine Blandin, ancienne Présidente de Région
« J’ai fréquenté la piscine lorsque j’étais collégienne et lycéenne, le soir après les cours. Je me souviens des sandwiches au fromage qui m’attendaient au bar lorsque je sortais à 21h. J’ai suivi ensuite de plus loin la fermeture, puis l’abandon du lieu. J’ai rencontré Bruno Gaudichon à l’époque où il avait repéré la piscine pour en faire un musée. J’ai tout fait en tant que Présidente de Région pour soutenir le projet. J’ai alors été confrontée à l’inertie de l’administration Région et à la lenteur de l’instruction du dossier. Un jour, je me suis fâchée et j’ai rédigé moi-même à la main la délibération votée dans la foulée. J’ai reçu immédiatement un carton avec un grand « merci » écrit à la main de la part du maire de l’époque André Diligent. C’est un beau souvenir. J’ajouterais que ce musée a une âme et qu’on la perçoit quand on y est. Les Roubaisiens s’y sentent bien. »
Jean-François Boudaillez, ancien adjoint à la Culture
« J’ai nagé dans la piscine le vendredi entre midi et deux dans les années 1970 lorsque j’étais clerc de notaire chez Maître Prouvost. J’ai quelques anecdotes sur le musée. Je me souviens d’une exposition François Pompon au moment de la préfiguration. Et d’un petit garçon en particulier qui tirait son papa par la manche en disant : « Papa, viens voir l’ours ! ». C’était très émouvant et pour moi c’était une évidence qu’il était important d’avoir un musée dans une ville défavorisée comme Roubaix. Je me souviens aussi qu’en 1995, j’étais un jeune élu un peu naïf qui pensait que le projet du musée ne serait qu’une formalité, puisqu’il avait été voté à l’unanimité. Mais il a quand même fallu se battre. Troisième anecdote, la veille de l’inauguration du musée. Je me souviens qu’on a passé la soirée à balayer les couloirs et des deux immenses vases de Sèvres qu’on a changé trois fois de place avec Bruno Gaudichon. Et il m’a dit en riant : « Après l’inauguration, on ne pourra plus les bouger ! »
Michèle Delsalle, ancienne adjointe à la culture à Mouvaux
« Quand j’avais 12-13 ans, je faisais partie du swimming club et je nageais deux fois par semaine à la piscine. C’était la sorte privilégiée, la liberté pour moi, avec les copines. Les parents nous faisaient confiance car on était à la piscine. C’était un endroit magique. La mosaïque bleue, la chaleur du vitrail, j’avais des souvenirs très précis. J’ai été très triste de la fermeture de la piscine et forcément très heureuse d’apprendre sa reconversion en musée. La première fois que j’y suis retournée, j’ai retrouvé tous mes repères. J’ai même été prise d’une émotion très forte le jour de l’inauguration lorsque j’ai entendu les cris d’enfants enregistrés à l’époque et qui sont diffusés toutes les dix minutes. J’aime aussi l’idée d’un musée accueillant pour les enfants. J’y vais beaucoup avec mes petits-enfants. Je suis aussi admirative du dynamisme de Bruno Gaudichon. Ce musée n’existerait peut-être pas sans lui, qui a eu cette idée un peu folle de transformer une piscine en musée. »