3 questions à Alexandra Brunbrouck
Publié le 26 mai 2020|
Alexandra Brunbrouck est enseignante à l’école Saint-François-d’Assise à Roubaix, mais également auteur et formatrice, spécialisée en communication et pédagogie notamment. Pendant la période de confinement, la jeune femme a publié plusieurs vidéos reprenant différentes thématiques autour de cette situation inédite, s’adressant tantôt aux parents, tantôt aux enfants. Ici, elle démystifie la notion de retard que ces derniers auraient pu accumuler au cours des deux derniers mois.
Comment avez-vous perçu le retour des élèves sur les bancs de l’école ?
C’est une rentrée complexe, parce que ce n’est pas forcément une rentrée. Quand on dit rentrée, c’est qu’il y a eu un arrêt, mais là, ça n’a pas été le cas. Les enseignants ont eu un travail énorme à faire. En fait, pendant ce confinement, il n’y avait plus de coupure entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Ce sont de nouvelles relations qu’il a fallu créer avec les enfants, de nouveaux échanges avec les parents, donc on ne peut pas parler de rentrée, mais plutôt de continuité avec plus de tâches qu’avant.
De votre côté, quels conseils donneriez-vous aux parents et aux enfants pour bien réussir cet après-confinement ?
Se faire confiance ! Relâcher la pression du programme. Pendant le confinement, j’ai accompagné des parents au téléphone. Certains ont craqué, parce qu’ils avaient l’impression que si leur enfant ne travaillait pas, il allait rater sa vie ! Mais ces deux mois, c’est quoi ? Quelques notions de français, de mathématiques ou d’histoire qui n’ont pas été vues, rien de dramatique.
Et les parents, de quelle manière ils peuvent accompagner au mieux leurs enfants ?
Il est intéressant de faire le point en famille sur ce qu’il s’est passé ou va se passer à l’école, et lister. Surtout, demander dès que possible aux enfants ce qu’ils en pensent, quel est leur avis, et les écouter sur cette expérience qui a été extraordinaire au sens premier du terme. En tout cas, il ne faut pas se focaliser sur le retard. Il y a un retard si on fixe une norme. Si je fais comme si ça n’avait pas existé et si je souhaite rattraper les huit leçons de français par exemple, ça n’aurait aucun sens. Trop de parents associent encore la réussite à l’école à la reconnaissance sociale. C’est dommage, car réussir à l’école, signifie qu’on est adapté à un système. Ça ne veut pas dire qu’on va réussir sa vie et être heureux.
Infos pratiques :
Ouvrages de référence : Dépasser les difficultés d’apprentissage, Tisser des liens, aux éditions Retz
Crédit photo : © S. Candelier