2009. Nathalie Balla arrive à la tête de La Redoute. Ce géant roubaisien malmené depuis des années par une concurrence féroce, qui n’a pas su prendre le virage du numérique. Une grosse machine un peu lourde et un peu lente. Nathalie Balla débarque dans ce contexte difficile. Pour redresser la barre, l’experte en e-commerce et transformations numériques appréhende les obstacles avec pragmatisme. En un an, elle parvient avec son coéquipier à faire renouer l’entreprise avec la croissance : « ce qui nous a fait croire au projet avec Eric Courteille, c’est la force de la marque.»

En 2014, le groupe propriétaire souhaite se séparer de La Redoute. « J’ai pu examiner différents projets de reprise, raconte sa coprésidente. Mais aucun n’était satisfaisant. » Des projets trop éloignés de l’ADN de la marque. Nathalie Balla et Eric Courteille en proposent un. Celui qui sauvegardera le plus d’emplois. Celui qui recentrera l’offre sur que ce qui fait la force de La Redoute. Celui qui conservera le géant et le pérennisera. « Quand on a une marque aussi forte que la Redoute, c’est dommage de ne pas l’exploiter. » La Redoute leur est cédée à l’euro symbolique. Nathalie Balla y croit. Armée d’un doctorat en sciences économiques et comptables et diplômée de l’Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP), l’ancienne directrice générale de Robert Klingel Europe relève les défis les uns après les autres.

Elle connaît les forces mais aussi le talon d’Achille du géant roubaisien. « Il a fallu repositionner l’offre et la recentrer sur la mode et la maison.» Et peu à peu, la disparition de l’emblématique catalogue : « Il nous obligeait à mettre une collection en place très tôt et à nous éloigner des tendances ». Place à un site commerçant repensé qui permet un renouveau plus régulier, à une application et même, à des showrooms connectés. « Nous avons une proximité avec nos clients. Auparavant, cette présence dans tous les foyers se matérialisait par le catalogue posé sur les tables des salons. Aujourd’hui, c’est avec tous ces outils numériques. »

Nathalie Balla décide de miser sur « cette capacité à pouvoir créer des collections en interne, d’être le hub du prêt-à-porter ». En se recentrant sur la mode et la décoration, l’entreprise séduit chaque jour de nouveaux clients, dont 30% à l’international.

Un succès qui s’explique par la force de caractère de sa coprésidente. Derrière une allure discrète et de sages lunettes, Nathalie Balla est déterminée. Son credo ? « Ne jamais rien lâcher, toujours persévérer. » Forte de ses convictions, elle souhaite « faire de La Redoute la plateforme lifestyle en mode et maison préférée des familles. »

Elle paraît inébranlable. « Je souhaite contribuer à la construction d’un monde meilleur, en particulier sur l’égalité hommes/femmes. » Une conviction toute personnelle. Elle a signé le manifeste d’un collectif de femmes dirigeantes pour « imposer la mixité » dans l’économie numérique, alors même que La Redoute est à plus de 70% de ses effectifs une entreprise féminine. Nathalie Balla a rencontré ses plus beaux succès professionnels avec La Redoute, souvent récompensée dans le monde des affaires : personnalité e-commerce de l’année 2011, prix de la femme d’influence en 2014 dans la catégorie espoir, révélation de l’année aux BFM Awards 2017. Jusqu’à recevoir le 15 novembre dernier le prix de la femme d’affaires de l’année 2018. Un prix qu’elle a dédié à sa grand-mère, également femme d’affaire. Et certainement tout aussi déterminée.

Bio express

• 30/11/1967 : Naissance à Paris
• Juin 1989 : Diplômée de l’ESCP
• Septembre 1989 : 1^er poste de membre de Comité Exécutif au sein du groupe Karstadt Quelle
• 2/06/2014 : Reprise de La Redoute et Relais Colis avec Eric Courteille
• 15/11/2018 : Lauréate du prix Veuve Clicquot Femme d’affaires de l’année 2018