Roubaix méconnue #4 : le Nouveau Roubaix
Publié le 26 janvier 2019|
Caractérisé par une architecture sous influence art déco et anglo-normande, le quartier dit du Nouveau Roubaix, bâti entre 1923 et 1932, présente tout à la fois une ambition sociale et un style à l’homogénéité remarquable. Un quartier à parcourir à pied, pour mieux en apprécier tous les charmes…
Modernisation urbaine et ambitions sociales
Construit afin de répondre aux importants besoins de logements de l’après-guerre, le Nouveau Roubaix est un quartier conçu pour une forte densité de population, dans un souci de respect du cadre de vie. Il s’inscrit dans le plan d’urbanisme réalisé en 1921 par Jacques Gréber sous le mandat de Jean-Baptiste Lebas.
Dès 1923, le maire programme des logements sociaux en s’appuyant sur la loi de création des offices publics HBM (habitat à bon marché). Etant donné la faible surface de la ville, le Nouveau Roubaix accueillera majoritairement des bâtiments collectifs. Ce quartier bâti sur trois hectares de pleine campagne voit donc le jour en périphérie du centre-ville. Il est aujourd’hui bordé par le boulevard de Fourmies, l’avenue Linné, la rue Jean Macé et l’avenue Alfred Motte.
*(Boulevard de Fourmies, immeubles HBM, carte postale vers 1930 © Médiathèque de Roubaix)
Un style sous influence anglo-normande et art déco
Trois tranches de travaux vont se succéder en 1923, 1927 et 1929. Les logements sont confiés aux architectes roubaisiens Jacques Barbotin, Emile Dervaux, Paul Destombes, René et Maurice Dupire et Gustave Poubel. Le programme comprend 191 maisons individuelles et 28 logements en habitations collectives, soit 775 logements à la fin des travaux en 1932. Chaque architecte apporte ses choix stylistiques, tout en respectant des règles de construction identiques.
*(Avenue Alfred Motte HBM, carte postale vers 1930 © Médiathèque de Roubaix)
Les îlots de logements collectifs se distinguent par leurs différents registres avec de faux pans de bois et des croupes de toiture dans l’esprit anglo-normand, jusqu’à un expressionnisme proche de l’école d’Amsterdam pour certains traitements d’angles. Un square est aménagé dans chaque cœur d’îlot pour inciter l’ouvrier et sa famille à se délasser au grand air. Les appartements bénéficient d’un niveau de confort exceptionnel pour l’époque : eau courante, chaude et froide, électricité et bonne isolation. L’architecture de brique est mise en valeur par des jeux qui font varier la taille et la disposition des éléments, ainsi que par le surlignage blanc des bandeaux et des corniches.
*(Immeubles HBM boulevard de Fourmies © Vah)
Les maisons individuelles en brique rouge qui s’insèrent dans le programme, effacent leur caractère individuel au profit d’une composition d’ensemble toujours symétrique.
* (Immeubles HBM rue Jean Honore Fragonard © Vah)
Le progrès et le beau en perspective
Les qualités architecturales et esthétiques du Nouveau Roubaix font référence. Elles sont citées en exemple, notamment au cours du l’exposition du Progrès Social de 1939.
Ce quartier devient ainsi l’incarnation des exigences de modernité et de salubrité, propres aux objectifs hygiénistes de la municipalité socialiste de l’époque et un symbole de la lutte contre la misère ouvrière.
Restructuré entre 1982 et 1990, le Nouveau Roubaix a conservé ses qualités urbaines d’ensemble, avec des rues au style pimpant où il fait bon flâner pour mieux en apprécier les subtilités.
*(immeubles HBM boulevard de Fourmies © Vah)
Sources :
Roubaix, le guide : musées, monuments, promenades, Editions du patrimoine, 2008 ;
Guide d’architecture de la métropole lilloise, éditions Le Passage, 2004 ;
Thibaut Thellier, « Le développement urbain de Roubaix dans la première moitié du XX 20e siècle » dans Roubaix : 50 ans de transformations urbaines et de mutations sociales, Presses Universitaires du Septentrion, 2006.
Lien : Roubaix tourisme