Roubaix méconnue #6 : maisons méconnues
Publié le 6 mars 2019|
On peut admirer lors d’une balade en vélo ces très beaux exemples de maisons particulières, inscrites à l’inventaire des Monuments historiques. Même si elles ne sont pas visitables - sauf la « Maison verte » -, elles témoignent du prestige industriel de la ville, et forment un panorama des styles architecturaux en vogue entre 1890 et 1930… avec quelques réalisations atypiques !
La villa Parmentier : une exceptionnelle « vitrine » de l’architecture métallique
Les structures métalliques s’imposent de plus en plus dans l’architecture des années 1880 et 1890, exemples : la Tour Eiffel, les gares, l’Ensait, etc. La manufacture de tissus Leclercq-Dupire, de la rue de l’Hospice (aujourd’hui le Quai de l’Image, 42 rue du Général Sarrail) présente quelques structures métalliques mais souvent on préfère les « cacher » comme à l’hôtel de ville. La villa Parmentier, édifiée en 1893 par un marchand de fer qui voulait en faire sa vitrine commerciale, à l’instar du céramiste Coilliot à la même époque avec sa maison lilloise, est donc un exemple rarissime appliqué à une habitation.
Seule la façade a gardé son originalité avec ses piliers de fonte moulée apparente, de la terre cuite et de la brique en remplissage et en décoration.
La façade et la toiture sur rue ont été inscrites en 1998.
Chez Rémy Cogghe : une allégorie sculptée de la peinture en façade
Construite de 1893 à 1897 par l’architecte roubaisien Paul Destombes, cette maison a été habitée et décorée par le célèbre peintre roubaisien, Rémy Cogghe. Le peintre y a travaillé et vécu jusqu’à sa mort en 1935. Au rez-de-chaussée, le salon sur la rue conserve un plafond, un dessus de cheminée et de porte peints, oeuvres du peintre. Le plafond, une huile sur toile marouflée et délimitée par une mouluration, représente des angelots parmi des nuages sur un fond de ciel bleu. Cet ensemble est atypique dans l’oeuvre de l’artiste, tourné vers des scènes réalistes et locales. La façade de briques rouges, bien rythmée, comporte des angelots en haut-relief et bas-relief d’une fenêtre. |
La façade et la toiture sur la rue, le salon au rez-de-chaussée sur rue avec son plafond peint et les toiles situées en dessus-de-porte et en dessus de cheminée, l’atelier du peintre situé sous les combles ont été inscrits en 1998. |
250 rue de Lille : motifs chromatiques et alliance de matériaux
Vers 1907-1908, Arthur Balcaen, industriel biscuitier roubaisien, se fait construire une maison par l’architecte Paul Destombes-Pennel, qui travaille en collaboration avec son fils Paul Destombes-Prévost. L’intérêt de cette maison réside essentiellement dans la conception de la façade en brique de parement jaune composée de trois niveaux (dont un dans la toiture), utilisant les jeux chromatiques des divers matériaux (brique, pierre, béton, céramique et lave émaillée). Elle possède également une composition originale dans le jeu des travées et la répartition des ouvertures ; l’importance du bow-window contribue à l’originalité de la façade. A l’intérieur, le rez-de-chaussée se compose d’un vaste hall d’entrée desservant trois grandes pièces en enfilade, ornées d’une cheminée. | |
La façade et la toiture sur rue ainsi que les dépendances sur le jardin ont été inscrites en 1998. |
La maison verte : un splendide manifeste de l’éclectisme
Construite en 1893 par l’architecte roubaisien Auguste-Georges Dubois qui signe ici sa première construction, cette maison est contemporaine de l’architecture Art Nouveau d’Horta à Bruxelles. Sa façade principale, composée d’une élévation à trois niveaux est recouverte d’un parement de briques vertes émaillées, ce qui est exceptionnel à Roubaix et dans la métropole. Les fenêtres situées au premier étage sont surmontées d’une frise, ornée de trois cartouches, portant la date de construction, alternant avec des figures de femmes engainées en terre cuite. La décoration intérieure confirme les choix éclectiques de la façade. La maison est visible lors de l’ouverture de l’atelier de l’artiste-peintre qui y séjourne depuis 2017. | ||
La façade et la toiture sur rue ont été inscrits en 1998. |
Une contemporaine de la villa Cavrois signée Pierre Neveux
Construite en 1935 par l’architecte roubaisien Pierre Neveux pour son usage professionnel et privé, cette maison de forme quadrangulaire, dont les volumes sont savamment calculés, développe une surface de 600 m² répartis sur un sous-sol et deux niveaux. Contemporaine de la Villa Cavrois de l’architecte Mallet-Stevens, elle s’inscrit dans le courant de la modernité. Le travail de l’architecte Pierre Neveux s’articule ici à partir de trois fonctions distinctes : agence, habitation et service autour desquels s’organisent les espaces. Cette maison est un mélange intéressant de modernité et d’Art déco qui unit à la fois fonctionnalité et esthétisme, répartition des espaces et purisme décoratif. | ||
La maison avec le jardinet en façade et le jardin ont été inscrits en 1998. Dans la même rue, Pierre Neveux réalise quatre autres maisons : le n° 46 en 1933, les n° 22 et 48 en 1934, le n° 42 à côté en 1936. Toutes se distinguent par leur sobriété, leur élégance et leur rationalité. La maison a reçu le label Patrimoine XXe siècle et le n° 42 est également protégé en tant que monument historique depuis 2015. |
Une maison typique de l’Art Nouveau
Construite pour un négociant textile de la ville en 1904 par l’architecte Elie Dervaux dans un style Art Nouveau, la villa située au 22 du boulevard Leclercq est représentative de cette esthétique des lignes courbes. Né en réaction contre l’industrialisation et le classicisme, ce mouvement connaît un rapide développement international entre 1890 et 1905. S’il comporte des nuances selon les pays, on retrouve des critères communs : l’inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations, inspirés de la nature et des animaux. C’est aussi un art total qui occupe tout l’espace disponible, conçu pour favoriser l’épanouissement de l’homme moderne. En France, ses détracteurs l’ont rebaptisé « style nouille » ou encore « style Guimard », à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard. |
La façade et la toiture sur rue du 22 boulevard Leclercq ont été inscrites en 1975. |