Christian Belpaire : « Simplement éviter que la statistique de l’accidentologie ne monte en flèche »
Publié le 17 septembre 2019|
Le nouveau responsable de la police municipale insiste sur le côté pédagogique de la campagne de sensibilisation sur le stationnement gênant en centre-ville initiée par la municipalité.
Pourquoi la Ville a-t-elle lancé cette campagne ?
« Il s’agit de sensibiliser les citoyens aux bonnes pratiques et au code de la route. Il ne s’agit pas seulement de rappeler qu’il y a verbalisation, mais aussi de souligner le danger et la gêne pour les parents avec leurs enfants, les personnes à mobilité réduite… L’idée de cette campagne est d’intervenir hors des schémas de répression habituelle, et faire réfléchir les citoyens sur leurs attitudes. Dans les années 1960, on estimait qu’il y avait une voiture pour trois habitants, aujourd’hui on est à trois voitures par habitation. La voiture est intégrée à notre quotidien, à nous d’être vigilant pour que ça ne devienne pas une source de nuisance. »
« En masquant la visibilité, on génère un danger pour les autres automobilistes qui sont en circulation, avec des risques pour les piétons »
Quels dangers représentent ces voitures mal garées ?
« D’abord, bon nombre de véhicules mal garés masquent un certain nombre d’intersections. Quand on voit les stationnements anarchiques sur les angles de rue, sur les passages pour piétons, l’effet immédiat, c’est le manque de visibilité. En masquant la visibilité, on génère un danger pour les autres automobilistes qui sont en circulation, avec des risques pour les piétons. On est garé sur un trottoir, à proximité d’un feu rouge, donc on vient masquer une signalisation qui est déjà une signalisation dans un paysage urbain souvent surchargé. Le deuxième point, c’est le risque pour les piétons à mobilité réduite, notamment les personnes âgées qui ont besoin d’un peu plus d’espace que les personnes valides. C’est le cas aussi pour les personnes handicapées avec leur fauteuil, les mères de famille avec la poussette et un enfant à la main. Si en plus on rajoute une difficulté avec un véhicule sur le trottoir, ce n’est plus possible. Souvent le piéton a tendance à vouloir contourner, et le contournement se fait par la chaussée. Avec les jours qui vont raccourcir et l’obscurité qui va arriver un peu plus vite, les risques augmentent. Enfin, le stationnement gênant est une source de contrainte pour les services de secours, que ce soit les pompiers ou le SMUR. »
Que risquent les contrevenants ?
« Ça va de la simple amende pour stationnement gênant jusqu’à l’enlèvement du véhicule et sa mise en fourrière, ce qui est quand même à mon sens une contrainte énorme quand on va jusqu’à 135 euros d’amende, plus les frais d’enlèvement de véhicule et le paiement de jour de garde. Pour avoir voulu parfois un peu de confort, c’est chèrement payé. Finalement, se garer correctement, c’est simplement une question de civisme et de respect. On est tous automobiliste plus ou moins, et on est tous piéton à un moment ou à un autre. Chacun d’entre nous doit se souvenir de ça au moment de garer son véhicule. Je pense que la Ville fait d’énormes efforts en termes d’aménagement de parkings, et est relativement bien pourvue en zones de stationnement. Le paiement du stationnement n’est pas fait pour gagner de l’argent, mais pour permettre une rotation et éviter aux véhicules de rester stationnés trop longtemps. »
« Nous allons aller à la rencontre de ces usagers, et leur expliquer ce qu’ils encourent comme amendes »
Comment va se dérouler cette campagne de prévention ?
« L’action que nous allons mettre en place va faire suite une campagne de diagnostic. Nous sommes allés sur le terrain avec les différents services de la Ville pour repérer tous les endroits où le stationnement était anarchique et où nous avions une vraie difficulté. Je pense à la gare par exemple, et en périphérie de la zone payante, où les gens ont pris l’habitude de se garer sur les trottoirs. Nous allons aller à la rencontre de ces usagers, et leur expliquer ce qu’ils encourent comme amendes. Cette même action sera portée aux abords des établissements scolaires, car là aussi on constate des dérives qui ne sont pas liées à Roubaix, mais à toutes les villes de France, quand les parents, le matin, veulent déposer leurs enfants au plus près, et restent parfois stationnés en pleine voie, voire aux abords des passages piétons face aux établissements scolaires, ce qui ne peut pas être acceptable compte tenu du risque très important d’accident que l’on crée par ce genre d’attitude. Nous voulons avoir à l’égard des automobilistes cette démarche pédagogique qui vise à les mettre en garde et leur exprimer effectivement notre volonté ferme, dans un temps très, très court qui suivra, de procéder à des verbalisations. Dans le même temps, nous aurons une campagne à l’égard des piétons pour les inciter et les encourager fortement à respecter les passages protégés et les feux. Cette campagne de prévention n’est pas une action qui vise à stigmatiser uniquement les automobilistes. On veut également mettre en garde les piétons sur les bonnes pratiques, car là aussi on peut constater des dérives, notamment sur le secteur centre-ville et Eurotéléport le midi et à la sortie des scolaires. C’est un ensemble. Si le phénomène persiste, nous rentrerons là aussi dans une campagne de verbalisation à l’égard des piétons. »
Et comment va-t-elle se caractériser ?
« Nous allons apposer sur le pare-brise des véhicules des papillons qui rappelleront aux automobilistes qu’ils sont en infraction au code de la route. Seront papillonnés les véhicules en stationnement gênant, et à cet effet, le papillon sera rempli avec le numéro du véhicule, de manière à ce que l’usager se sente bien concerné, et qu’on se rappelle aussi que ce véhicule a déjà fait l’objet d’une prévention. Cette campagne va durer une quinzaine de jours. Sur ces quinze jours, j’espère que l’usager sera raisonnable et prendra le temps de réfléchir à la problématique qu’il génère. Le but n’est pas de verbaliser à tout prix, mais de prévenir les incivilités et anticiper les accidents. C’est notre priorité. Il ne s’agit pas de traquer l’automobiliste, simplement éviter que la statistique de l’accidentologie ne monte en flèche. Derrière, il y a des drames humains, et c’est totalement inadmissible. »
Bons plans : le saviez-vous ?
- Chaque jour, sur l’ensemble du périmètre payant, vous bénéficiez de 30 minutes gratuites de stationnement à valider sur l’horodateur.
- Parking Grand-Rue : le stationnement est gratuit le samedi. Sinon, les autres jours, 3 heures de stationnement sont offertes dès 15 euros d’achat dans l’hypermarché E.Leclerc et dans la galerie marchande de l’Espace Grand-Rue. Idem avec le cinéma le Duplexe qui offre 4 heures. Tickets à faire valider en caisse.
- Pour les parkings du Centre, Liberté et de la Poste, certains de vos commerçants vous remboursent le stationnement à hauteur de 1, 2 ou 3 heures. Se renseigner auprès d’eux.
- Parking McArthurGlen : 3 heures de stationnement offertes dès 15 euros d’achat dans les magasins de cette zone commerciale. Tickets à faire valider en caisse.
- Le samedi, le stationnement est gratuit en zone orange.
- Si vous êtes résident roubaisien et que vous habitez dans une rue soumise au stationnement payant, vous pouvez souscrire à un abonnement annuel. Vous bénéficierez alors du tarif résident (15 euros pour un premier véhicule) qui vous permettra de vous stationner sans contrainte de temps dans toutes les zones orange de la ville.
Zoubida Hamou : « Je suis sans cesse dans l’improvisation »
Pour Zoubida Hamou, maman d’une petite fille de 9 ans, se déplacer en fauteuil dans Roubaix peut se transformer en parcours du combattant. Pourquoi ? Parce que certains automobilistes ont tendance à confondre trottoirs et place de stationnement.
Notamment dans l’hyper-centre, où cette jeune mère de famille réside. « Il n’y a pas une journée, où je ne suis pas obligée de réfléchir comment aller d’un endroit à un autre, explique-t-elle. Je suis sans cesse dans l’improvisation. Parfois, je suis obligée de descendre du trottoir, contourner les voitures en roulant sur la chaussée, avant de pouvoir remonter sur ce même trottoir. Quand je rentre chez moi, il m’arrive de devoir dépasser mon domicile avant de revenir sur mes pas, juste pour trouver un endroit moins haut pour le fauteuil. »
Si Zoubida Hamou concède que certains efforts ont été faits en ville pour favoriser le déplacement des personnes à mobilité réduite, elle regrette cependant que trop de trottoirs restent bloqués par des voitures. « Notamment les week-ends et les jours fériés, car la police n’intervient pas ou trop peu », fait-elle remarquer. « Parfois je tombe nez à nez avec une maman avec une poussette, et il est compliqué de passer à deux de face », souligne-t-elle. « Quand je dois aller faire mes courses, voir des amis ou emmener ma fille à un anniversaire, c’est souvent très, très compliqué ! »