Anne Istria, sapeur-pompier et chef de centre respire Roubaix à plein nez
Publié le 2 avril 2020|
En août 2018, Anne Istria a pris ses fonctions de chef de centre au centre d’incendie et de secours de Roubaix. 25 ans après ses débuts dans cette même caserne, c’est un retour au bercail pour cette Roubaisienne pure souche qui a pris cette nomination avec beaucoup de plaisir et de fierté.
Déterminée, motivée, passionnée ou encore opiniâtre, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Anne Istria qui dirige aujourd’hui, à 47 ans, une des plus grosses casernes de la métropole lilloise. 94 soldats du feu professionnels et 31 volontaires sous ses ordres, ce n’est pas pour effrayer cette maman de deux enfants qui a été promue au grade de commandant en juillet 2012. Elle était alors chef de centre au CODIS à Lille et cumulait la fonction d’adjoint au chef de groupement. Pour cet officier, c’est d’une certaine manière la suite logique d’une carrière qu’elle a démarrée officiellement en décembre 1993 après trois mois d’instruction. « Je me souviens de mon premier départ, un accouchement dans une courée, un véritable sketch », se remémore-t-elle.
‘‘Une fille ne peut pas faire pompier’’, j’ai entendu ça pendant des années quand j’étais jeune !
Il n’empêche, pour pouvoir vivre ce moment « où je me suis tout de suite sentie comme un poisson dans l’eau », affirme-t-elle, cette titulaire d’un DUT Hygiène et Sécurité, porte d’entrée pour le concours de lieutenant chez les sapeurs-pompiers, passé à Bordeaux au début des années 1990, a dû lutter contre les préjugés inhérents à sa profession. « ‘‘Une fille ne peut pas faire pompier’’, j’ai entendu ça pendant des années quand j’étais jeune », raconte Anne Istria qui ne se laissera pas pour autant déconcerter. Que ce soit dans les centres de documentation de ses établissements, au collège Saint-Exupéry puis au lycée Jean XXIII (aujourd’hui Saint-Rémi), à Roubaix, l’adolescente se renseigne sur le métier et les portes d’entrée. « Sur aucun papier, je n’ai lu qu’une femme n’avait pas le droit de passer le concours d’entrée », ajoute-t-elle.
Adolescente, elle cherche à devenir pompier volontaire
Ce qui la renforcera dans ses convictions, malgré des sourires narquois dans certaines casernes de la métropole quand, adolescente, elle cherche à devenir pompier volontaire. « Pourquoi je voulais faire ça ? Je me souviens d’une de mes copines de classe décédée dans un incendie rue de l’Industrie, ou encore d’un accident auquel j’ai assisté avec mon papa. Ce jour-là, je l’avais senti impuissant, alors que je le voyais comme un super-héros. Puis on a vu arriver pompiers et Smur. Je ne sais pas si ça a été des éléments déclencheurs, mais ça me revient régulièrement à l’esprit », développe-t-elle. Lors d’une rare réponse aux nombreux courriers de candidature envoyés dans les régions montagneuses, puisqu’Anne Istria rêvait d’embrasser la profession dans les Alpes, le Massif Central ou encore les Pyrénées, un colonel lui rétorquera que lui vivant, jamais une femme n’entrera dans le corps de sapeurs-pompiers qu’il dirige. « C’est vous dire, mais lui au moins, aura eu le courage de me répondre », réagit non sans humour notre interlocutrice. Finalement, elle sera recrutée début septembre de cette même année dans la métropole lilloise, « là où je n’avais pas postulé justement », poursuit-elle.
Aujourd’hui, je peux m’appuyer sur mon cursus et l’expérience acquise au cours de mes 27 années pour faire fonctionner ce centre au mieux.
Terrain, bureau, astreintes, Anne Istria découvre avec joie toutes les coutures de son sacerdoce et gravit les échelons sans trop se poser de questions. Lieutenant, capitaine puis commandant, celle-ci multiplie les expériences et les postes à responsabilité à Roubaix, à Marcq-en-Barœul, mais aussi à Lille, au CODIS, avant d’intégrer le Groupement territorial n°2 qui couvre le nord de la métropole lilloise. « Aujourd’hui, je peux m’appuyer sur mon cursus et l’expérience acquise au cours de mes 27 années pour faire fonctionner ce centre au mieux, mais un chef n’est rien, s’il n’y a pas le personnel derrière », insiste la responsable de la caserne roubaisienne qui mise sur la valeur travail et « l’intelligence collective », comme elle dit, pour prendre les meilleures décisions. « Quand j’étais jeune officier de centre à Roubaix, mon rêve, en fin de carrière, c’était de me dire qu’un jour je serai à la place du chef », avoue-t-elle. Aujourd’hui, Anne Istria ne fait plus de plan sur la comète. « Tout ce que je veux, c’est continuer à être sur des fonctions et des postes qui me plaisent et me permettent de m’épanouir », conclut-elle.
BIO EXPRESS :
- Septembre 1972 Naissance à Roubaix
- 1993 Fait ses débuts comme sapeur-pompier au centre d’incendie et de secours de Roubaix
- 1998 Arrive au centre d’incendie et secours de Marcq-en-Barœul comme adjoint au chef de centre
- 2002 Est nommée chef de centre au CODIS, à Lille, avant de cumuler la fonction d’adjoint au chef de groupement quelques années plus tard
- 2018 Devient chef de centre au centre de secours de Roubaix
COUPS DE CŒUR
- La Piscine
Outre ce musée magnifique qu’elle est devenue, j’y ai également des souvenirs d’enfance mémorables. - L’hôtel de ville
C’est un bâtiment absolument extraordinaire, beau, cossu, qui représente parfaitement la ville. - Les Archives du monde du travail
Ça montre à quel point avec les richesses de notre histoire, on peut faire perdurer un bâtiment restauré de manière extraordinaire.
Crédit photo : © S.Candelier