Groupe : Roubaix en commun – Février 2021
Publié le 28 janvier 2021|
Roubaix... la ville où le droit est à géométrie variable ?!
Selon Max-André Pick, « 95 000 ou 98 000 habitants à Roubaix, ça n’a pas d’importance » (sic). Déclaration sidérante alors que la municipalité agit, de fait, au nom d’un dogme : celui de la décroissance, de la diminution de la population roubaisienne – la plus pauvre – et à coup de démolitions de bâtiments, de maison… pour plus, dit-on, de « mixité sociale ».
Le Conseil de la Métropole Européenne de Lille a adopté la convention métropolitaine de ce programme qui concerne, à Roubaix, les quartiers roubaisiens de l’Alma, de l’Epeule, du Pile et des Trois Ponts. Les élu(e)s de Roubaix en Commun ont voté cette délibération qui mobilise 2 milliards de crédits.
Voici un extrait de l’intervention de Karim Amrouni, également élu métropolitain et Président de la Fabrique des Quartiers qui est un outil métropolitain pour les quartiers anciens.
« Il est une spécificité de nos territoires, que nous partageons avec Saint-Etienne et Mulhouse, celle du leg massif des logements privés produits par la ville industrielle. La MEL y intervient désormais massivement. Les expériences précédentes ont montré que tout est dans la cadence. Une intervention trop lente ne permet pas une véritable rupture, visible par les habitants, car pendant qu’on rénove un immeuble, un autre tombe dans l’indignité. En effet, on achète et on laisse le bien pendant trop longtemps en attente d’un projet durable. Il nous faudra donc inventer le circuit court dans la conduite des opérations. Il faut d’ailleurs rappeler une évidence : les habitants de ces quartiers ont un droit inconditionnel au respect et à la dignité. On ne peut intervenir sur un territoire sans les informer, les associer. L’absence de consentement conduit à la résistance qui bloque et retarde les opérations. La cadence est aussi affaire de démocratie !«
Le quartier Pile a été rattaché in extremis fin 2919 au programme de rénovation urbaine et les habitants ont été privés de réunions de concertation du fait des élections municipales et de la pandémie.
Comme l’indique très bien notre collègue Christian Carlier, « le dossier roubaisien avait pris du retard au point d’être séparé du dossier métropolitain et donc de ne pas pouvoir être validé le 12 décembre 2019 et que la phase dite de concertation pour les autres quartiers roubaisiens a été en fait une opération de « communication information » ne respectant même pas les obligations légales et en particulier l’article 7 de la loi du 21 février 2014 qui oblige la consultation des citoyens. Bref, la pandémie a bon dos pour cacher les défaillances et l’absence d’une réelle volonté de concertation« .
Mépris et arguments fallacieux sont au rendez-vous une fois de plus !
Mépris : la concertation semble être un exercice de pure forme sans intérêt, qui fait perdre du temps. Par exemple, on découvre par la presse locale la démolition d’une chapelle sur le chantier de l’investisseur SOGIM, au 25 rue de Lille, témoignage de la présence historique très forte des congrégations religieuses. Aucune instance pour étudier objectivement l’intérêt patrimonial de cet édifice. Aucune vision cohérente de l’avenue du Général-de-Gaulle. Rien ne doit déranger l’œuvre des investisseurs privés au mépris même du patrimoine !
Arguments fallacieux : alors qu’on évoque la pandémie pour justifier l’absence totale de concertation sur le Pile, alors que 300 maisons sont concernées, voilà que la Ville lance une concertation sur des aménagements de l’avenue Delory, consultation dont les riverains des rues adjacentes sont – pour partie – exclus. Une évidente rupture de l’état de droit qui devrait garantir partout l’égalité de traitement qui manquent tant, en ces moments difficiles de notre histoire commune… Sans concertation, point de reconnaissance de l’existence d’un vécu, d’une histoire de quartier… Deux poids, deux mesures selon qu’on soit habitué à la procédure judiciaire de contestation ou que l’on en soit éloigné…
Sur ce modèle de pensée, tout le monde est perdant. Comme on abandonne les quartiers populaires, les projets de construction se concentrent sur le secteur résidentiel, avec un risque évident d’une saturation de ces axes routiers.
Roubaix en Commun exige qu’une démarche de concertation soit lancée, sans plus de retard, sur le Pile, et que les habitant(e)s de l’avenue Gustave Delory soient réellement écouté(e)s.
Roubaix… la ville où le droit est à géométrie variable !
Pour le Groupe « Roubaix en Commun »
Karim AMROUNI ; Nadia BELGACEM ; Christian CARLIER ; Nadia CATTIAUX ; Mehdi CHALAH (Président) ; Michel DAVID ; Christiane FONFROIDE ; Dogan KACMAZ ; Tonino MACQUET ; Marie-Thérèse MANTONI et Sadia PAMART.