Silence, on tourne ! Sous les ors de l’hôtel de ville, des agents de police tout en cape et en képi indiquent que nous ne sommes pas en 2021… La machine à remonter le temps semble bloquée à 1965, année où une affaire défraye la chronique. C’est ce fait divers, qui interroge la condition féminine à l’époque mais aussi aujourd’hui, que relate le téléfilm produit par France Télévisions, qui est en train de se tourner sous nos yeux : Deux femmes.

Un décor parfait, des conditions idéales

Frédéric Lefèbvre, adjoint au maire en charge de la culture est passé saluer l’équipe de tournage. Dans la salle de commission transformée en bureau du Procureur pour les besoins du film, l’élu répond aux journalistes de France 3. Pour lui, accueillir le tournage du téléfilm Deux femmes, est l’occasion de faire rayonner la ville : « C’est une grande satisfaction de voir sa ville à l’écran, un vrai motif de fierté. »

En 2019, 7 tournages (18 jours) ont eu pour décor Roubaix. En 2020, on a quasiment doublé avec 32 jours de tournage. Roubaix multiplie les atouts, avec des lieux incroyables, usines, maisons de maîtres, patrimoine industriel, rues avec un habitat ouvrier, un joyau vert avec le parc Barbieux… ainsi que des éléments architecturaux spécifiquement recherchés (toitures, grilles…). Un vaste catalogue dans lequel les équipes de production peuvent allègrement piocher pour trouver le décor parfait.

« La direction de la culture s’est récemment renforcée avec l’arrivée d’Alice Majka, jeune chargée de production, spécialement missionnée pour l’accueil des tournages, ajoute l’élu. Car c’est un vrai métier. Il faut non seulement connaître parfaitement le territoire, mais aussi comprendre les contraintes des productions, qui ont des demandes très spécifiques et souvent urgentes. »

Isabelle Doval, la réalisatrice de Deux femmes confirme : « Tout se passe parfaitement bien, nous sommes autorisés à tourner dans des décors sublimes. Tout le monde est très gentil et se plie en quatre pour nous faciliter les choses. »

Une actrice, des convictions

Entre deux prises de vue, nous nous approchons d’Odile Vuillemin, que nous repérons à sa chevelure flamboyante.

Adorée du public pour son rôle de Chloé Saint-Laurent dans la série Profilage, Odile Vuillemin aime les rôles forts, qu’elle sert avec intensité et conviction. Ancienne actrice X dans la série Xanadu, femme battue dans L’Emprise, épouse qui découvre que son mari a abusé ses filles dans Un homme parfait… sa filmographie en dit long sur ses engagements féministes. L’ancienne étudiante passionnée d’ethnologie a gardé son amour de l’humain avant tout. « Je suis sensible aux causes sociales, confie-t-elle. Je trouve que ça fait partie de la définition de l’acteur d’être un révélateur de la société. Aujourd’hui, les chaînes font beaucoup de films sociaux. C’est important à travers une fiction d’éveiller les consciences. Un film peut faire plus de bruit qu’un discours théorique. Si ça peut sauver une femme, on aura gagné. »

Dans Deux femmes, elle partage l’affiche avec Agathe Bonitzer qui interprète Anne-Marie, une jeune juge d’instruction timide et réservée. Odile Vuillemin campe quant à elle Colette, une femme accusée à tort de meurtre par des policiers misogynes, qui revendique sa liberté de mœurs. Librement inspiré d’un fait divers réel, ce film raconte le combat convergent et inattendu de deux femmes aux tempéraments opposés. « J’ai eu un coup de cœur pour le scénario, j’apprécie le ton original avec lequel l’affaire est traitée, nous confie Odile Vuillemin. On est ici observateur du ridicule. »

Photos : A. Gadeau