« ZKR, faudra s’y faire ». Eh oui, le jeune rappeur roubaisien de 24 ans fait une entrée fracassante dans le milieu du rap. Premier album sorti le 8 janvier et déjà des chiffres vertigineux. 14 718 albums vendus en sept jours, jusqu’à 18 millions de vues de ses clips sur Youtube. Le jeune homme accueille ces chiffres avec le sourire. Fier mais pas vantard, pas revanchard mais reconnaissant, ZKR, de son prénom Zacharya savoure ce succès récent mais reste concentré sur le travail. Un mot qui revient souvent dans sa bouche.

Une écriture facile 

« J’étais un enfant qui avais beaucoup de facilités à l’école. » concède-t-il. Même s’il a quitté très tôt ses bancs, à la fin de la troisième. « Je n’aime pas l’autorité et j’aime découvrir par moi-même ». Doué en français, ZKR avoue une facilité d’écriture qui a tout de suite frappé DJ Bellek, producteur et beatmaker renommé parisien qui deviendra son producteur à travers son label « Morning Glory Music ». Les rimes percutantes, le nombre de pieds qui va bien, un jeu d’enfant pour le rappeur. Il se souvient qu’il écrivait déjà à l’âge de 11 ans. A ce moment-là, devenir rappeur n’était qu’un doux rêve. Scolarisé à l’école Léon Marlot, le jeune Zacharya a pratiqué le football au Stade Club Olympique Roubaix. Aujourd’hui, il apprécie de regarder de grands matches avec ses copains de toujours. Dans son quartier le Nouveau Roubaix évidemment. Quartier où il vit toujours, non loin de ses parents qu’il remercie pudiquement. « Merci papa maman pour les valeurs que vous m’avez inculquées. » Reconnaissant car « la famille c’est la base ». Le Nouveau Roubaix, son quartier est très présent dans son album. Il le scande sur certains titres comme « Travail d’arabe » : « Nouveau Roubaix, Nouveau Roubaix ». Rien n’a changé dans son quartier quand il s’y promène. Pas d’attroupement, ZKR assure être resté le même. Ses deux petits frères de 18 et 20 ans ainsi que ses parents représentent un ancrage très important pour lui. « ZKR, faudra s’y faire ». Il s’amuse de ce leitmotiv : « De force, on va le mettre dans la tête des gens. » Pas revanchard, ZKR se souvient néanmoins de « ceux qui m’ont négligé » et qui réapparaissent une fois le succès naissant. «  Ca va leur faire tout drôle quand ils m’verront à la télé. » Son regard est profond et déterminé : « C’est important le regard. On y fait passer beaucoup de choses. »

Roubaix et le rap 

Le nouveau phénomène du rap entend bien faire de Roubaix une autre place forte du genre, à l’instar de Paris et Marseille. Ses modèles ? Booba, Rohff, Lacrim, Niro, Tupac…

En pleine promotion de son premier opus, ZKR travaille déjà sur le deuxième. La scène le démange forcément et il a hâte de partager cette émotion avec son public, conscient de la dimension « performance » inhérente au milieu du rap. « Le travail paie », il en est certain. Il parle sans gêne de son séjour en prison qui lui a permis de reconnaitre une erreur de jeunesse et de réaliser qu’il voulait faire autre chose de sa vie. « Les places sont chères » il le sait et n’a pas l’intention de se faire souffler la sienne. Il garde son regard de gosse, espiègle et frondeur et n’en revient toujours pas d’attirer « 36 millions d’yeux » sur youtube. ZKR trace sa route entre le Nouveau Roubaix et Paris mais n’oublie pas d’où il vient. Aujourd’hui il n’a plus le temps de jouer à la Playstation, mais il s’amuse en faisant ce qu’il aime et touche du doigt son rêve de gosse. Pourvu que son rêve dure longtemps…

Photos : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix

crédits photos : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix