Groupe : Roubaix en commun – Mai 2021
Publié le 29 avril 2021|
Budget 2021 : pas de relance, pas d’investissement humain !
On attendait un budget de relance. On a un budget en baisse. Légère, mais en baisse.
La majorité se réjouit des bons indicateurs financiers et notamment de la diminution de la pression de la dette.
Nous ne sommes pas pour la dépense irresponsable. Nous ne sommes pas pour la dette facile. Mais dans la période, il était possible de renforcer le programme d’investissement, et les programmes sociaux, tout en conservant un niveau raisonnable de dette.
1) Après une année blanche à cause du COVID, voici l’année du surplace. On nous annonçait la ville start ’up, on a le bas de laine.
C’est donc logiquement que le groupe Roubaix en Commun a voté contre ce budget sans élan.
Plus de détails !
On peut utiliser tous les artifices de présentation mais les chiffres parlent : 195,81 m€ au budget 2020, 195,06 M€ au budget 2021, c’est une stagnation à la baisse.
Dans la section de fonctionnement, les dépenses augmentent de 1,1 % une fois déduites les dépenses exceptionnelles de la crise. Cette augmentation est permise par une augmentation relative des recettes de l’Etat, notamment la DSU qui croît de 2,2 M€, alors que les subventions de l’Etat baissent, elles , de 500 K€ du fait de la disparition de certains contrats aidés.
Cette nouvelle recette, apportée par l’Etat, ne profite pas à la lutte contre la pauvreté puisque la subvention au CCAS baisse encore cette année, de près de 4%.
Certes cette baisse ne se traduit pas par une perte de moyens pour le CCAS du fait d’excédents qu’il convient de réduire.
Mais enfin ! Dans une ville où la pauvreté bat des records historiques et va encore se durcir avec la crise, comment un CCAS peut-il faire des excédents ?
Les subventions aux associations progressent, elles, de 4% mais les hausses concernent l’action éducative et le développement durable.
Ce qui veut dire que, à part ces 2 thématiques dont la priorisation est justifiée, la hausse de la DSU ne sera pas répercutée sur les associations des quartiers alors qu’elles subissent la diminution des emplois aidés et la montée exponentielle des besoins sociaux.
La section investissement révèle aussi de nombreuses déceptions. En dehors de fins d’opération et des travaux de maintenance, et hors la rénovation bienvenue du terrain Barbe d’Or, les projets d’investissement de cette année sont situés au Centre-Ville: piétonnisation et végétalisation, évènement lumière et toiture de l’Hôtel de ville (bâtiment A).
Une autre gestion de la dette aurait permis d’agir autant dans le Centre et plus dans les quartiers.
Nous n’opposons pas le centre et les quartiers, et il est faux de dire que la rénovation urbaine répondra aux besoins des quartiers : le PNRU ne couvre pas tous les besoins des quartiers et tous les quartiers ne sont pas concernés.
Tout cela avec évidemment une augmentation des impôts de la taxe foncière : coup dur pour les classes moyennes de notre ville, une fois de plus !
2) Développement durable peut mieux faire !
Faut-il le rappeler, le « développement durable » concerne autant la lutte contre le changement climatique, le cadre de vie et l’emploi.
Cet enjeu majeur doit donc mobiliser toutes les politiques publiques et on en peut se contenter du rapport d’activités du seul élu dédié à ce « thème ».
Ce que nous attendons du rapport obligatoire sur le développement durable, c’est qu’il soit un outil prospectif, un guide pour toutes les politiques municipales, qu’il soit à la disposition des citoyens pour nourrir leurs réflexions et leurs actions.
Ce que ne permet manifestement pas une énumération pointilliste de quelques actions, faits et chiffres, qui ne permettent même pas de mesurer impact et évolution dans la durée.
3) Soutenir, évaluer et accompagner les associations !
L’attribution de subventions aux associations est opaque. Tantôt des associations sont très fortement soutenues, quand d’autres voient leurs moyens, parfois très faibles, amputés au nom des « contraintes financières ».
Du coup , quand le dossier de l’AAIR est évoqué par la presse, on peut avoir le sentiment de l’existence d’un clientélisme.
Alors, la sortie de crise doit s’accompagner d’un appui logistique, d’audits car beaucoup de nos structures sont fragilisées.
En conclusion, face à la crise, si les pouvoirs publics doivent activer tous les leviers en leur possession, c’est autant une question de devoir moral qu’une question d’efficacité économique. Nous sommes évidemment convaincus sur l’utilité sociale pour nos concitoyens d’un budget ambitieux de relance qui protège du déclin et de la précarité, nous refusons d’être enfermés dans le sempiternel reproche de mauvaise gestion. Un budget ambitieux c’est certes un budget socialement protecteurs pour les liens sociaux, mais c’est avant tout un budget économiquement efficace. John Mayard Keynes en a fait la démonstration, il y a près de 80 ans, en nous disant « il n’y a rien de plus désastreux qu’une politique d’investissement rationnelle dans un univers irrationnel ».
Karim Amrouni, Nadia Belgacem, Christian Carlier, Nadia Cattiaux, Mehdi Chalah (président), Michel David, Christiane Fonfroide, Dogan Kacmaz, Tonino Macquet, Marie-Thérèse Mantoni & Sadia Pamart pour le groupe Roubaix en commun.