Depuis plusieurs semaines, l’image de notre Ville, mais aussi celle de la politique, sont abîmées par une sombre affaire financière ayant eu pour conséquence le renvoi devant le Tribunal correctionnel de Lille du Maire de Roubaix, M. Delbar, de son 1er Adjoint, M. Pick, de son adjointe Mme Zouggagh, ainsi que plusieurs de leurs proches dont au moins un autre conseiller municipal.

La présomption d’innocence prévaut bien sûr dans l’attente du jugement, mais le déroulé des audiences, la qualification des mises en cause (corruption en bande organisée, fraude fiscale), la reconnaissance des faits par le 1er adjoint de la ville, et les peines requises, ont déjà largement marqué les esprits et affaibli la capacité d’action de la majorité municipale.

Les sommes évoquées, dans la Ville la plus pauvre de France, le caractère systémique et organisé des faits reprochés, sont autant de coups de canif dans le contrat moral et démocratique qui doit unir les citoyens à leurs élus.

Élus de l’opposition nous avons été sidérés par cette affaire et surtout par le « circulez il y a rien à voir » qui nous a été opposé par les élus mis en cause et plus largement par la majorité municipale.

Sans aucune explication, sans aucune communication, M. Pick et Mme Zouggagh ont par exemple animé des réunions de commissions municipales le lendemain du procès… comme si de rien n’était. Il aura fallu attendre plusieurs jours pour que M. Pick, seul, décide de se mettre en retrait de sa délégation municipale.

Tous les échanges que nous pouvons avoir avec vous, habitants de Roubaix, témoignent de la crise de confiance et d’autorité légitimement ressentie vis à vis de la Municipalité. Cette double crise est d’autant plus profonde que la seule communication du Maire de Roubaix a été en l’état de remercier ses amis pour leur soutien, de plaider l’irresponsabilité et d’attaquer la presse. Sans donner aucune explication ni sans s’exprimer sur le fond ou sur les suites de cette affaire qui entache gravement notre Ville.

Nous, élus de l’opposition, considérons aujourd’hui que le principe même d’autorité est aujourd’hui affaibli. Nous considérons que la confiance minimale est détruite : toute décision de la mairie aujourd’hui sera suspectée. Nous considérons que la réputation de la ville est abîmée : vous nous dites « nous n’avions pas besoin de ça en plus ! ». Nous considérons qu’une majorité moralement défaite sera aussi en perte d’influence auprès des institutions et des investisseurs. Enfin, cette affaire est une aubaine pour démagogues du «tous pourris» comme une raison supplémentaire d’abstention.

Ce mauvais coup porté aux Roubaisiens heurte leur sens moral et leur patriotisme local. Les élus mis en cause doivent se mettre en retrait jusqu’au jugement du 2 décembre.

ET PENDANT CE TEMPS…

Une question doit retenir toute notre attention : le projet de nouvelle ligne de tramway porté par la Métropole Européenne de Lille.

En 2019, la MEL a adopté un schéma directeur des transport publics très ambitieux, et non financé. Il propose une ligne de tramway moderne, de Hem à Tourcoing en passant par les quartiers Est, le canal et l’Union. Le tracé n’est pas à ce jour détaillé ; à suivre de près car ce chantier va bouleverser la vie des riverains pendant plusieurs années.

Récemment, nous avons eu la surprise de voir Monsieur Darmanin, ministre de l’Intérieur, annoncer, à Tourcoing, l’apport de 130 M€ par l’Etat à ce grand projet, en insistant sur la future station Gare de Tourcoing !! : l’annonce aurait dû être faite dans les locaux de la Mel, maître d’ouvrage du projet, mais un ministre prend la main pour privilégier son pré carré électoral.

Des questions se posent :
– Alors que la Gare de Tourcoing se développe, une ville de 100000 habitants voit sa gare transformée en désert. Que fait la majorité pour faire valoir nos droits ? Comment peut-on développer un campus gare dans ces conditions ?

Ce sujet ne fait pas la Une, il est pour autant majeur et structurant pour l’avenir de notre Ville. Espérons que les prochaines nous permettront d’évoquer ces sujets sérieux pour l’avenir de notre ville avec détermination et sincérité.

Mehdi CHALAH
Président de Groupe Roubaix en Commun

Karim Amrouni, Nadia Belgacem, Christian Carlier, Nadia Cattiaux,
Mehdi Chalah (président), Michel David, Christiane Fonfroide,
Dogan Kacmaz, Tonino Macquet Marie-Thérèse Mantoni & Sadia Pamart