[Portrait] Eesah Yasuke, la petite samouraï du rap
Publié le 2 novembre 2021|
Eesah (prononcer « Issa ») Yasuke est en train de faire sa place dans le monde du rap. Née à Roubaix, elle écrit tous ses textes et apporte un brin de fraîcheur dans cet univers très codifié.
Malgré son jeune âge, Eesah affiche une certaine maturité forgée par une enfance un peu difficile. Placée à l’âge de 7 ans, la jeune femme au regard franc et profond a intégré un foyer sept ans plus tard. A l’époque elle est très sportive et montre des qualités indéniables en athlétisme : « Je voulais devenir une sprinteuse professionnelle. » Sa carrière a été tuée dans l’oeuf faute d’adultes pour pouvoir la suivre et la conduire à ses séances d’entraînement. Qu’à cela ne tienne, la jeune fille passe son bac littéraire avant d’intégrer la fac de sociologie et de se lancer dans des études pour devenir éducatrice spécialisée. Elle n’a pas vraiment eu le temps d’exercer ce métier car elle a été rattrapée par la musique. « J’ai toujours chanté. Et j’écrivais des poèmes depuis mes 14 ans », explique Eesah.
« Je pense que je suis réellement faite pour ça. Mon parcours de vie me sert et m’inspire. Je parle beaucoup de racisme dans mes chansons. »
Educatrice spécialisée en rap
Les choses vont assez vite, dès lors qu’elle signe chez un label bordelais « Banzaï Lab » et qu’elle rencontre son manager, Gauthier, et son attachée de presse, Nolwenn, par la même occasion. Une nouvelle vie commence pour la jeune femme. « Je pense que je suis réellement faite pour ça. Mon parcours de vie me sert et m’inspire. Je parle beaucoup de racisme dans mes chansons. » Elle défend les valeurs qui lui sont chères : la bienveillance, le respect, l’intégrité. Elle fait passer des messages dans un style très imagé. « Mes chansons sont très cinématographiques » explique-t-elle. Elle avait choisi l’option cinéma au lycée. Elle y a découvert notamment Hitchcock : « ça a éduqué mon oeil. » Même si le process de création est différent d’une chanson à une autre, Eesah se promène avec un carnet toujours prêt à être griffonné d’une idée, mais « J’ai aussi mon carnet dans la tête, j’ai toujours eu une excellente mémoire. » Ses influences musicales sont multiples. « J’ai eu ma période rock métal » s’amuse-telle. Elle a grandi avec les musiques traditionnelles congolaises, mais écoutait du rap aussi, forcément. « Quand on aime la musique, on aime toutes les musiques » se plait-elle à répéter. D’où les influences multiples qui l’ont bercée depuis son enfance. Ses éducateurs ont aussi participé à son éducation musicale. De Muse à l’afrobeat nigérienne, Eesah fait le grand écart et ça enrichit son inspiration. Et rend son univers singulier. « Le plus important à mes yeux est d’être en accord avec moi-même. »
La Fraternité du quartier
De son enfance passée à Roubaix, Eesah garde de merveilleux souvenirs. Elle a grandi à la Fraternité et se souvient de cette entraide qui caractérise Roubaix. « On était pauvres mais tous dans le même bateau. On était là les uns pour les autres. » Même si Eesah vit à Lille depuis dix ans, elle se considère « roubaisienne » et est très fière de ses origines. L’avenue Jules Brame restera attachée à ses souvenirs d’enfance. Aujourd’hui, la jeune rappeuse passe pas mal de temps dans le TGV sur la ligne Lille-Paris. Elle n’a plus beaucoup de temps pour le sport – elle s’était remise à l’athlétisme à 23 ans mais a aussi pratiqué le handball et le jujitsu – et pratique désormais la méditation. Elle retient de sa pratique des arts martiaux que « le meilleur combat est celui qui n’a pas lieu ». Eesah rappelle qu’elle n’a pas choisi « Yasuke » comme nom de scène par hasard. C’est le nom d’un samouraï noir. Un combattant, comme elle, et de couleur noire, comme elle. Retenez bien on nom : Eesah Yasuke, on reparlera d’elle…
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#MercrediMusique On vous conseille l'écoute du morceau "Cadavre 3xquis" par la Roubaisienne Eesah Yasuke, dont le clip a été tourné au Couvent de #Roubaix 🎤 https://t.co/nsJkOUErw9
— Ville de Roubaix (@roubaix) October 27, 2021