A la Condition Publique, Magda Danysz met en scène la saison « Urbain.es »
Publié le 5 avril 2022|
Du 31.03 au 24.07.2022 , la Condition Publique accueille l’exposition « Urbain.es ». A travers le travail de 27 artistes, cette exposition questionne la façon dont des femmes artistes s’emparent des espaces communs pour y intervenir artistiquement, mais aussi la façon dont les artistes, quel que soit leur genre, introduisent la figure de la femme dans leur travail de rue. Rencontre avec la commissaire d'exposition , Magda Danysz.
30 ans après avoir créé sa première galerie d’art contemporain, Magda Danysz reste épatée par les artistes. Tous les artistes. « Ceux qui hurlent et les plus discrets« . Si elle emploie souvent le mot « magie » pour parler de son travail de commissaire d’exposition, elle se définit comme une metteur en scène. Nous l’avons rencontré quelques jours avant l’ouverture de la saison « Urbain.es » à la Condition Publique, heureuse de voir se concrétiser en 3 dimensions les décors de la scénographie qu’elle a depuis plusieurs mois imaginée.
Quelques images de l’exposition « Urbain.es »:
RBXXL : C’est la deuxième fois que vous présentez une exposition à Roubaix. Quel est votre rapport à cette ville ?
Magda Danysz : J’étais déjà venue au musée La Piscine mais j’ai eu une introduction à la matière roubaisienne plus approfondie lors de l’exposition précédente : « Street Generations ». On avait mis beaucoup de temps à la préparer, notamment avec le parcours extérieur. J’avais donc eu droit à toutes les initiations possibles : les réunions avec les acteurs du Pile, les rencontres avec les habitants pour essayer de réfléchir à tout ce qu’il faudrait amorcer et désamorcer potentiellement… C’était un voyage exceptionnel pour découvrir la ville !
J’ai finalement plus connu Roubaix par le Pile que par l’Hôtel de ville… alors qu’il est magnifique ! Il se passe beaucoup de choses à Roubaix, et qui vont bien souvent à l’encontre des clichés… J’aime cette confrontation avec le réel. Au-delà de l’architecture complétement dingue de la ville, la mosaïque, la brique, un héritage historique et industriel génial, il y a les gens. Plus d’une soixantaine de communautés différentes, ça fait une grande communauté, riche de ses origines.
Dans les grandes métropoles urbaines, si on occupe le même espace urbain, il n’est pas forcément sûr qu’on s’y rencontre, qu’on y vive pleinement ensemble. Pensez-vous que l’art peut créer du lien ?
Cela ne va pas de soi. L’ Art n’est pas plus une réponse aux questions de société que d’autres domaines. Cela dépend comment on le partage.
C’est la raison pour laquelle j’ai un attachement particulier pour La Condition Publique : c’est le lieu de tous les possibles. Jean-Christophe Levassor, son directeur, nous permet de nous y installer et d’y laisser libre cours à nos idées. C’est super parce que, quand on travaille avec des artistes vivants et hyperactifs, leur proposer simplement de mettre une toile au milieu du mur blanc bien alignés, ça n’est pas très satisfaisant.
Je trouve également que la Condition Publique incarne bien toutes les facettes de cette ville : la richesse passée, le patrimoine architecturale, historique, le travail mais aussi le problème des inégalités sociales. La Condition Publique aurait pu faire le choix de rester un très beau lieu d’art contemporain, refermé sur lui-même. Ici on va plus loin que le simple accueil des scolaires. L’idée, par exemple, de permettre à des jeunes d’aller sélectionner des œuvres au sein du FRAC pour les exposer. Des liens se nouent.
Même si l’art contemporain n’est pas la priorité dans l’ordre des pratiques culturelles dans notre pays, on sait qu’ici, si on ouvre à la population, on peut exploser les records de fréquentation. C’est ce qui s’est passé sur « Street Generations » : en mettant les œuvres à l’extérieur, les artistes ont rencontré les gens du quartier, qui en ont parlé autour d’eux. Ce public est très très curieux, c’est fascinant. On a pu constater une véritable ouverture, même dans des composantes de la population qu’on pourrait imaginer plus complexe. Il y a des formes de dialogue qui se créent, on voit bien que l’art contemporain questionne…
Est-ce que cet échange enrichit le travail des artistes ?
Oui. Pour les artistes qu’on invite en résidence à la Condition Publique ça compte beaucoup. Pour ceux qui aiment échanger, entre pairs ou avec le public, c’est super.
Yse, dont le travail est très ancrée dans le témoignage des gens, nous le confiait : ça l’alimente, ça la nourrit, ça l’inspire. C’est sa matière, puisqu’elle travaille sur les origines. D’autres artistes, moins disposés à cela ont quand même trouvé des zones de dialogue qui les intéressent. Parfois de manière très prosaïque : une rencontre à la pizzeria en face ou avec la petite dame de l’épicerie d’à côté.
L’exposition « Urbain.es » a aussi pour fil rouge la question de la place de la Femme dans la ville, de sa visibilité et de sa représentation. A Roubaix, c’est une question qui peut paraitre complexe…
Quand on m’a proposé le commissariat de cette exposition, je me suis dit qu’elle avait du sens à Roubaix et qu’elle serait sans doute différente ailleurs. Nous avons choisi l’angle de l’art urbain comme pratique, par et avec la cité.
Certains artistes vont représenter la Femme, d’autres seront des femmes, d’autres vont parler de la représentation d’une manière plus métaphorique… on a essayé d’avoir une variété de points de vue et d’approches : historique ou abstraite, poétique ou performatrice.
J’aimerai que les gens, y compris les connaisseurs, sortent de l’exposition en se disant que l’art urbain est beaucoup plus vaste et riche que ce qu’il pensait.
Urbain.es
Du 31 mars au 24 juillet 2022
Horaires :
Mer + Sam : 13:30 > 19:00
Jeu + Dim : 13:30 > 18:00
Ven : 13:30 > 23:00 (Nocturne des expositions jusque 20:30)
La Condition Publique
14 place Faidherbe
59100 ROUBAIX
03 28 33 48 33
Crédit Photos : Anaïs Gadeau , service Communication, ville de Roubaix
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— Ville de Roubaix (@roubaix) March 31, 2022