Qui est ce personnage étrange sur le toit de la Condition Publique ?
Publié le 12 avril 2022|
Quelques jours après son installation, l'œuvre de Sandra Fernandez et Mark Jenkins, réalisée pour l'exposition "Urbain.es" à la Condition Publique, a déjà fait parler d'elle. Intitulée "Step up" et positionnée en haut d’un entrepôt, rue Monge, elle représente une femme, un pied dans le vide... ce qui n'a pas manqué d' inquiéter certains riverains ! Nous sommes allés à la rencontre des artistes pour comprendre leur démarche.
La Condition Publique a lancé sa nouvelle saison d’exposition intitulée « Urbain.es » (voir les interviews de Magda Danysz , la commissaire d’exposition, et de YZ , artiste en résidence). C’est dans ce cadre qu’elle a accueilli les artistes américains Mark Jenkins et Sandra Fernandez , créateurs de cette œuvre très originale qui a trouvé sa place sur le toit de la Condition Publique.
Le travail de ces deux artistes, qui relève tout à la fois de la sculpture, de l’installation, de la performance et de l’expérimentation sociale, a été présentée dans le monde entier. Ils réalisent des sculptures humaines très réalistes, placées ensuite dans le décor urbain, dans des situations inattendus ou absurdes. Les artistes photographient alors les réactions des gens qui découvrent ces installations. Les témoins deviennent des acteurs : passants, pigeons, pompiers… tous font désormais partie intégrante des installations.
RBXXL : Vos sculptures/installations investissent l’espace public avec des personnages banals qui ne laissent pas indifférents. Quels sont vos inspirations ?
Nous sommes surtout marqués par les totems publicitaires qui envahissent l’espace aux Etats-Unis. Ces messages omniprésents qui nous interpellent, changent tout le temps et nous suivent partout, sans nous laisser de trêve. Une statue reste un objet simple, figé, inerte, fixé à un endroit déterminé… on finit presque par l’oublier. Notre travail vise avant tout l’interaction avec les passants. En créant un événement anormal au sein de leur vie quotidienne, nous voulons susciter des réactions.
RBXXL : Souhaitez-vous orienter ces réactions à travers un message ou préférez-vous laisser libre cours à l’imagination des spectateurs ?
Chacun projette ce qu’il a envie de voir dans la scène que nous créons ! Ma première installation consistait en un simple personnage assis qui portait mes vêtements dans la rue, et tout le monde l’a pris pour un sans-abri (rires) ! Même chose dans un musée : nous avions simplement créé un personnage assoupi et tout le monde l’a pris pour un pauvre homme, entré par effraction. Ces réactions , toujours surprenantes et inattendues, c’est ce que nous aimons.
RBBXL : Vous avez créé des œuvres dans de nombreuses villes du monde. Est-ce que votre travail est reçu partout de la même manière ?
C’est différent partout où va, mais certains lieux sont plus sensibles à la dimension artistique que d’autres. La culture artistique n’est pas la même partout… A Brooklyn, nous avions installé deux jambes sortant d’une poubelle, et ça faisait rire les policiers ! La même installation en Palestine a été catastrophique, les gens étaient complétement choqués, nous en ont réellement voulu…
Au Japon, la société est très structurée. Le moindre écart dans l’espace public les dérange et il essaie de le réparer au plus vite. A Berlin nous avons également vécu un moment amusant : des policiers ont retiré notre installation et en découvrant que nous exposions dans une galerie du quartier, ils nous ont ramené les personnages en nous demandant de payer une amende pour les récupérer !
Une grande partie de notre travail réside dans la gestion des réactions des gens qui le découvrent dans l’espace public. Quand, pour une collaboration avec Greenpeace, nous avons installé un ours polaire dans la rue : il a fallu gérer l’arrivée de la brigade anti-déminage ! C’est cette dimension parfois absurde des réactions à notre travail qui continue à le rendre intéressant !
Retrouvez le travail de Mark Jenkins et de Sandra Fernandez parmi les œuvres présentées à la Condition Publique pour l’exposition « Urbain.es »
(Crédit Photos : Anaïs Gadeau , service Communication, ville de Roubaix)
Urbain.es
Du 31 mars au 24 juillet 2022
Horaires :
Mer + Sam : 13:30 > 19:00
Jeu + Dim : 13:30 > 18:00
Ven : 13:30 > 23:00 (Nocturne des expositions jusque 20:30)
La Condition Publique
14 place Faidherbe
59100 ROUBAIX
03 28 33 48 33
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— Ville de Roubaix (@roubaix) March 31, 2022