Ginette Kolinka, « passeuse de mémoire » auprès des lycéens
Publié le 19 mai 2022|
Ginette Kolinka est une rescapée du camp de concentration de Birkenau. A 97 ans, elle parcourt la France à la rencontre des lycéens pour raconter son histoire et témoigner de la Shoah pendant la seconde guerre mondiale. Elle est venue à la rencontre des élèves de terminale du lycée Van der Meersch pour trois conférences exceptionnelles.
« Je n’ai eu qu’un coup de téléphone à passer » explique Laurent Bocquet, le professeur d’histoire-géographie à l’initiative de la venue de Ginette Kolinka au lycée. Nathalie Bourgade, la proviseure adjointe invite les élèves à prendre conscience de ce « témoignage exceptionnel d’une passeuse de mémoire d’un pan historique de l’humanité ».
Une « passeuse de mémoire », c’est ainsi que se définit Ginette Kolinka et s’adressant aux lycéens : « Je vais vous passer le relais. J’ai la chance d’être revenue des camps et d’être toujours en vie. Tout ce qui est arrivé, c’est à cause de la haine. On ne doit pas haïr son voisin car il n’a pas la même couleur de peau ou la même religion que vous. Pour Hitler, je n’étais pas normale car j’étais juive. » entame-t-elle. Et de raconter son enfance heureuse à Paris avec ses parents, ses sœurs et son petit frère. Puis la visite de la préfecture de police en 1942, qui conseille à la famille de quitter la zone occupée. Elle se déplace alors à Avignon. Ginette se souvient précisément du 13 mars 1944 où elle rentre déjeuner à la maison. « Il y avait des hommes avec un chapeau et un manteau de cuir. » C’est la Gestapo. Elle se fait arrêter avec son père, son petit frère et son neveu. Sa mère et ses sœurs, absentes de la maison échappent à l’arrestation. Elle raconte ensuite le long voyage de trois jours dans un train de marchandises « debout, fenêtres fermées. Il n’y a pas de toilettes mais un seau. Et on ne sait pas où l’on va. »
A l’arrivée du train, elle est séparée de son père, son neveu et son petit frère. Elle ne les reverra jamais, probablement exterminés immédiatement dans les chambres à gaz du camp d’Auschwitz. Ginette sera parquée au camp de concentration de Birkenau. « Là, ce sont les conditions de vie qui nous tuaient. » Elle raconte pudiquement les cheveux rasés et le tatouage sur le poignet du numéro 78599. La jeune femme résiste, est transférée au camp de Bergen Belsen en novembre 1944, puis est choisie pour aller travailler à l’usine du côté de Leipzig. A la fin de la guerre, elle se retrouve à Lyon dans un centre d’accueil pour déportés. Puis hospitalisée pendant un mois, elle ne pèse plus que 26 kilos. A sa sortie, elle retrouvera ses sœurs et sa mère à qui elle ne racontera jamais ce qu’elle a vécu dans les camps.
Pendant tout son récit, un silence solennel règne dans la salle. Les élèves très attentifs poseront ensuite leurs questions à Ginette avant de lui promettre de devenir à leur tour des passeurs de mémoire. « Je compte sur vous ! » conclut-elle.
Crédit Photos : Anaïs Gadeau, service Communication , ville de Roubaix