16 ans qu’il dirige le Colisée, « avec un « i » s’il vous plaît et pas un « y ». Il n’en revient pas et ne voit pas le temps passer. « J’ai emménagé à Roubaix en 2003, lorsque j’ai pris la direction du Zenith. »

Bertrand Millet n’est jamais resté aussi longtemps en poste et ne boude pas son plaisir : « Je ne ressens aucune lassitude. Je suis à la fois chef d’entreprise avec l’aspect recrutement et organisation d’une équipe de vingt personnes et je mène le projet artistique avec tout le volet programmation, prospection et relation avec les artistes. » annonce-t-il. Il plaisante à peine quand il se qualifie de « taulier » du Colisée. Les soirs de spectacle, il n’est pas rare de le voir discuter dans le hall avec des spectateurs, qui sont parfois ses amis ! « Je passe quand même 240 soirs par an assis dans un fauteuil, que ce soit au Colisée ou ailleurs. J’en profite donc parfois pour voir mes amis au spectacle et diner avec eux ensuite au restaurant du Colisée. »

L’ADN du Colisée

Lorsqu’on le rencontre, la plaquette de la nouvelle saison vient de partir chez l’imprimeur et il apprécie cette période « sympa » de fin de saison qui en annonce une nouvelle, toujours prometteuse. Il a d’ailleurs hâte de présenter la programmation à son public fidèle qui apprécie son éclectisme : un savant dosage entre les spectacles visuels, théâtre, la danse, les concerts et les humoristes. On ne résiste pas à l’envie de lui demander s’il a un coup de cœur à révéler ; il ne se fait pas prier : « On reprogramme West Side Story dans une nouvelle production avec huit représentations et je suis très fier de proposer ce spectacle très grand public. »

Bertrand Millet savoure d’autant ce moment qu’il succède à une période plus compliquée à gérer et encore plus pour une salle de spectacle… Deux années hachées avec déprogrammations en pagaille à cause de la pandémie liée au COVID-19. « Cela a été un boulot fou, les annulations puis les renégociations, l’information du public et toute la logistique qui en découle. » Le directeur du Colisée en a profité pour faire des travaux d’embellissement et en bon manager il a conservé le lien avec son équipe. Toute l’équipe se souvient notamment d’un atelier « galette des rois » pour apprendre les secrets de sa confection.

Une casquette cultures urbaines

Maintenant que le Colisée a repris son rythme de croisière, Bertrand Millet vient d’ajouter une corde à son arc. Il est le président de l’association qui organise URBX, le festival des cultures urbaines. Toujours partant pour un nouveau challenge, il n’hésite pas à sortir de sa zone de confort pour plonger dans l’univers des cultures urbaines. « Toute cette énergie qui en ressort c’est passionnant ! A 55 ans, cela me pousse à rester à la page ! » s’amuse-t-il. Ses enfants – 4 garçons et une fille entre 29 et 18 ans – « très branchés rap » lui permettent de rester en phase avec l’actualité musicale et ont porté un œil attentif sur la programmation du festival. Ils l’ont toujours accompagné dans les loges : « De Franz Ferdinand à Jean-Louis Aubert en passant par Morcheeba, ils ont une solide culture musicale ».

Et que fait le directeur du Colisée lorsque son emploi du temps surchargé lui laisse du temps libre ? « Je pédale pas mal avec un groupe d’amis. Je me prépare d’ailleurs à courir Lille-Hardelot, 155 kilomètres quand même ! » Il chante également dans un chœur chorale, sous la houlette d’Alice Dalle, qui reprend des grands titres issus de la pop française et internationale. Et sinon, déformation professionnelle oblige, quand il se balade en France ou ailleurs il ne peut s’empêcher d’entrer dans les théâtres pour retirer leur plaquette. Il les collectionne, les range soigneusement dans son bureau non loin de celles du Colisée, classées par saison et qu’il connaît quasi par cœur. On ne se refait pas, Bertrand Millet est vraiment un passionné.

Crédit Photos : Eric Flogny