Groupe : Roubaix en commun – Décembre 2022
Publié le 2 décembre 2022|
Souffrance au travail
Alors que nous sommes censés nous réaliser et nous épanouir au travail, comment se fait-il qu’il y ait aujourd’hui tant de souffrance liée au travail ? Ces dernières semaines, en France et plus particulièrement à Roubaix, nous lisons dans la presse
le mal-être de beaucoup de salariés dans le travail. Des manifestations ont lieu pour dire sa souffrance au travail.
Nombreux sont les retraités qui gardent de bons souvenirs de leur carrière professionnelle : du public ou du privé, ayant commencé « en bas de l’échelle ». Nombreux ont acquis des qualifications grâce à la formation continue, avec le souvenir du travail bien fait et la fierté de la « belle ouvrage » à laquelle on avait participé au sein d’une équipe où chacun était reconnu et pouvait se valoriser dans sa singularité.
Au fil des années, la rentabilité financière a pris une place prépondérante dans la gestion des entreprises et dans l’économie. Là s’origine la souffrance au travail puisque le sens du travail n’existait plus. Le modèle de l’entreprise privée du secteur marchand s’est imposé à tous les secteurs d’activités : les services, la santé, l’éducation… Avec ce modèle, les dirigeants devenus « managers » bouleversent l’organisation du travail : casse des collectifs de travail, individualisation, mise en concurrence des salariés entre eux. Les nouvelles formes d’organisation ont des effets dévastateurs sur celles et ceux qui travaillent.
Quand il n’y a plus que le résultat financier qui compte, la pression est telle que le salarié peut être contraint au « mal travail », contraint à tricher, ou à se mettre en porte à faux avec son éthique professionnelle pour atteindre « l’objectif ».
Avec cette culture du résultat, de l’objectif, le salarié se voit interdit d’exprimer ses difficultés. Ce qui l’amène à s’isoler et à traiter la souffrance de ses collègues avec indifférence.
Avec le nouveau management, il est interdit de dénoncer, de critiquer ce qui se passe ! Ce serait nuire à l’image de l’entreprise.
À défaut de se conformer aux nouvelles normes, les salariés avec de l’ancienneté, riches de leur expérience professionnelle deviennent indésirables.
Point de fatalité à la souffrance au travail. En se rassemblant avec leur syndicat, en contribuant au fonctionnement de l’entreprise, les salariés doivent parfois, en l’imposant, revenir aux fondamentaux des missions, à la finalité du travail qui n’est
autre que l’utilité que l’on donne au temps consacré aux autres ou à produire des biens ou des services.
Rappelons que de nombreuses entreprises, conscientes de cette sombre réalité, tentent d’innover en remettant l’humain dans le management et en donnant du sens au travail. Ces initiatives sont à valoriser et à encourager.
Présidente : Sadia Pamart,
Karim Amrouni, Nadia Belgacem,
Christiane Fonfroide, Dogan Kacmaz.