L’aventure roubaisienne des commerçants Corbillon a commencé rue de France, dans le quartier Alma. Après avoir créé sa boutique de lustrerie, d’électricité à Wattrelos en 1933, Désiré Corbillon, électricien de profession, déménage son magasin rue de France à Roubaix au début des années 50, avant de s’installer Grand Rue. C’est l’époque du développement de l’électroménager dans les ménages. Désiré, qui fabriquait déjà des postes de radio, diversifie ses activités et vend ses premiers postes de télévision, à l’époque encore en noir et blanc.

Son fils, Jean-Claude, embauché dès l’âge de 14 ans, prendra la direction du magasin en 1976, à la retraite de son papa. Il accompagne les évolutions techniques et technologiques, installe les premières télévisions en couleurs et les antennes sur les toits. Il livre, installe et répare les machines à laver à pulsateur et autres essoreuses, qui commencent à intégrer les foyers roubaisiens.

Jean-Michel, le petit-fils, suit les traces de son père et de son grand-père. Dès l’enfance, il passe ses samedis dans le magasin de ses parents, gère la caisse et apprend à réparer les machines à laver dans l’atelier. Se passionne pour les électrophones et les meubles Grundig. Il prend les commandes de l’entreprise en 2002.

Au fil des années, les Corbillon ont affronté les différentes crises du commerce de proximité : arrivée des grands groupes (Darty et Boulanger) puis concurrence d’Internet. Ils résistent, quand d’autres, nombreux, ont disparu. Jean-Michel garde un souvenir ému des établissements Screpel-Pollet juste en face de son magasin. Aujourd’hui, il est le dernier à vendre et réparer de l’électroménager et des télévisions à Roubaix.

Ce qui le sauve ? Selon lui, c’est le service. Ce service et cette proximité qui ont toujours été au cœur de l’activité familiale : « Aujourd’hui les grandes enseignes suppriment leur SAV, et sous traitent. Leurs frais de déplacement sont énormes, les plateformes téléphoniques fonctionnent mal. De plus en plus de nos clients viennent pour le SAV et reviennent pour acheter leurs produits neufs. ».

Si Jean-Michel admet qu’il a de moins en moins de clients dans le quartier, il a bien élargi son périmètre d’intervention et se déplacent désormais dans toute la métropole. Le travail ne manque pas et il a pu embaucher en alternance son fils de 19 ans. L’avenir des Corbillon ?

« On fera le point dans 2 ans. Si les affaires sont bonnes et s’il le souhaite, comme mon grand-père et mon père, j’accompagnerai mon fils vers une reprise.». Affaire à suivre !