Hubert Motte : l’éthique au cœur du business
Publié le 24 mars 2023|
Il est à l’origine d’une véritable success story. Avec La Vie est Belt, entreprise qui revalorise (entre autres) des pneus de vélos en ceintures, Hubert Motte réussit le pari du recyclage, du made in France et de l’inclusion. Nous l’avons rencontré à Tissel où il emménagera en juin.
BIO EXPRESS
1993 : Naissance à Lille. Le petit dernier d’une fratrie de cinq garçons !
2011 : Entrée à l’ICAM, école d’ingénieur à Lille.
2014 : Trois mois à Shanghai pour Décathlon. Premiers questionnements sur le métier.
2017 : Lancement de La Vie est Belt.
2023 : Implantation de l’entreprise sur le site Tissel.
Il a la réussite des rêveurs. De ceux qui osent. De ceux qui préfèrent les remords aux regrets. Son rêve à lui ? Imaginer un produit qui puisse rendre la vie plus belle à ceux qui l’achètent, à ceux qui le fabriquent, tout en respectant la planète… Car Hubert Motte est ingénieur produit de formation. Élaborer des produits, c’est son métier, sa passion même. Mais Hubert est aussi un humaniste qui s’interroge sur les urgences climatiques, sur le sort des plus fragiles et sur son rôle à jouer dans tout ça. À peine sorti des bancs de l’ICAM, le jeune ingénieur a senti qu’il donnerait une direction particulière à sa carrière. Qu’il avait une carte à jouer pour agir. « J’ai passé trois mois à Shangaï, lorsque j’étais en alternance chez Décathlon. J’ai rencontré des intermédiaires, découvert des usines. J’adorais mon métier mais je n’étais pas à ma place. Inventer des produits oui, mais avec une valeur positive pour la société et pour la planète. »
Une ceinture en pneu de vélo
Hubert choisit alors, après son alternance, de repartir de zéro. De se fermer les portes d’emplois confortables financièrement pour se donner la chance de mener un projet qui lui tient à cœur, fidèle à ses valeurs. « Au départ, je n’avais pas d’idée précise du produit que j’allais inventer. Je savais juste que je voulais travailler autour de la dépollution, en recyclant un matériau « inrecyclable » jusqu’alors. J’ai cherché les matières et, cela peut paraître incongru, mais j’en suis assez vite venu au pneu de vélo ! Je suis cycliste et j’en usais un certain nombre tous les ans », s’amuse-t-il. « Plus de 10 millions de pneus de vélos sont brûlés chaque année en Europe. » Hubert étudie de près les caractéristiques du matériau, et choisit de l’utiliser pour confectionner des… ceintures ! « Un accessoire universel, rapide à fabriquer et facile à envoyer. » Il récupère des pneus dans un atelier de vélos lillois, puis commence la confection de ses ceintures dans la cave de sa collocation. Il se fait aider par des cordonniers et des artisans du cuir et ne tarde pas à faire parler de lui.
« Mon défi était de construire un schéma vertueux et de redonner une place entière à l’humain. »
Redonner une place à l’humain
De son idée jaillie en 2016 aux premières ventes aux copains, il ne se passe que quatre mois. « J’ai senti assez vite que ma démarche suscitait de la curiosité, voire de l’intérêt ! J’ai été contacté par les journalistes, leurs articles m’ont permis de me faire connaître. » À l’été 2017, Hubert n’arrive déjà plus à assurer toutes les commandes. Il transmet la fabrication de ses ceintures à l’atelier AlterEos à Tourcoing, une entreprise adaptée qui emploie des personnes en situation de handicap. « Au-delà de l’upcycling, mon défi était aussi de construire un schéma vertueux et de redonner une place entière à l’humain. »
Un développement rapide
Depuis, La Vie est Belt (« belt » signifie ceinture en anglais) ne cesse de se développer. Le site internet reçoit entre 10 et 150 commandes par jour. Les ceintures sont aussi distribuées dans une vingtaine de points de vente en métropole. Aux pneus s’ajoutent maintenant les tuyaux de lance-incendie ou encore les cordes d’escalade. La Vie est Belt transforme aussi les caleçons en linge de maison avec plusieurs ateliers d’insertion (EPICC, Fashion green hub, Arc-en-Ciel, etc) cette fois à Roubaix. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 12 000 kilogrammes de caoutchouc revalorisé depuis 2017 !
Économie circulaire
Alors qu’il s’apprête à fêter les six ans de La Vie est Belt, Hubert a choisi de regrouper le siège de l’entreprise ainsi que la fabrication des ceintures à Tissel, nouveau haut-lieu de l’économie circulaire dans la métropole lilloise. Pourquoi Roubaix ? « Pour son histoire et surtout sa renaissance que je trouve incroyable. En intégrant cette ancienne usine textile qui accueille des entreprises de l’économie circulaire, j’ai l’impression de faire grandir encore un peu plus ce merveilleux projet et de donner du sens. » La boucle est bouclée… Attachez vos ceintures, La Vie est Belt n’a pas encore fini de faire parler d’elle !
COUPS DE CŒUR
La Condition Publique : « Pour son âme et son esprit tiers-lieu. On y va aussi bien pour sa programmation que pour un concert ou boire un verre. J’y ai même campé sur le toit ! »
Le Collectif Baraka avec la ferme du Trichon : « Voilà le type de lieu dont nos villes ont grand besoin. Quelle chance d’avoir ce collectif à Roubaix ! »
Le vélodrome : « Pour son côté mythique. Tellement impressionnant. »
Crédit Photo : Anais Gadeau, service Communication, ville de Roubaix