Jeux de briques, jeux de styles dans toute la ville
Publié le 13 décembre 2016|
Les façades des maisons et des usines roubaisiennes nous ont habitué à une virtuosité décorative telle que les jeux de briques sont quasiment un standard de notre architecture locale. En y regardant de plus près, on redécouvre les merveilles qui nous entourent et font de Roubaix, une ville remarquable au plus près de ses murs.
Force est de constater qu’à l’omniprésence de la brique, s’ajoute une recherche décorative des plus éclectiques. Une tradition popularisée au 19ème siècle, et modernisée au 20ème comme nous allons le voir.
Entre usine et école : des motifs de briques en miroir
Ce qui caractérise ce mur bordant la rue de Soubise et la rue de Crouy est le travail en relief de la brique rouge. Motifs en festons sur le haut et grands rectangles au milieu rythment l’enceinte et lui donnent sa personnalité. L’appareillage alterne entre boutisses (le côté court de la brique) et panneresses (le côté long).
Le mur de l’école Legouvé est un écho du 20ème siècle, qui répond avec raffinement au briquetage de l’enceinte 19ème. Ici, on a gardé le motif festonné et on l’a dupliqué sur la hauteur du mur, telle une subtile évocation de la mécanisation et de l’industrie qui fut au cœur de ce quartier.
L’ancienne usine Motte-Bossut: festions sur château fort
De 1845 à 1982, la « filature monstre » est au cœur de la ville. Ses deux tours portent haut l’art de la brique et la fierté de ses fondateurs. Fleuron de l’architecture industrielle du Nord, l’usine est inscrite au titre des Monuments Historiques en 1978 et propriété de l’Etat depuis 1982. Réhabilitée par l’architecte Alain Sarfati de 1989 à 1993, elle accueille depuis les Archives nationales du Monde du Travail.
Briques et céramique : les choix du conditionnement public
Bâtiment exceptionnel édifié au service de l’industrie textile par Alfred Bouvy, la Condition Publique de Roubaix a contrôlé, stocké et conditionné la laine, le coton et la soie de 1902 à 1972. Acquis par Lille Métropole Communauté Urbaine en 2000, puis mis à disposition de la Ville de Roubaix, l’édifice a fait l’objet d’un programme de réhabilitation conduit par l’architecte Patrick Bouchain pour devenir une manufacture culturelle, lieu de vie, de travail et de diffusion artistique. La restauration récente (2015) de ses façades lui restitue un lustre remarquable.
L’art décoratif de la brique
L’Art déco donne dès les années 1920 un nouveau vocabulaire aux appareillages. Les bureaux de l’ancienne teinturerie Scrépel, datant de 1930 et situés rue du Pays de la Tuilerie juste derrière la filature Motte-Bossut, présentent un programme retenu et raffiné à la fois. A partir du soubassement en pierre, le regard remonte le long des murs de briques dentelés. Un jeu de losanges s’orne d’un motif briqueté évoquant les pétales d’une fleur, et sépare les fenêtres entre les étages. Le second est rythmé par un jeu de pilastres partiellement briquetés.
Ville de briques, ville de styles, Roubaix séduit et s’impose comme un manifeste d’architecture à ciel ouvert…
Sources et liens utiles:
La Condition Publique
Les Archives Nationales du Monde du Travail