[Portrait] Hélène Duret arrive au Musée
Publié le 4 juillet 2024|
A 32 ans, Hélène Duret prend la succession de Bruno Gaudichon à la tête de la Piscine, en tant que Directrice et Conservatrice du Musée. Nous l’avons rencontrée le 21 juin, dernier jour au Musée de son emblématique prédécesseur. Une passation de pouvoir en douceur et dans la bonne humeur.
Bio Express
26 février 1992 : naissance à Paris
2013 : obtention du concours de Normale Sup
2018 : lauréate du concours de Conservatrice du Patrimoine
Juillet 2019 : arrivée dans le Nord
Septembre 2024 : Prise de poste en tant que Directrice et Conservatrice du Musée La Piscine
La douceur, c’est ce qui se dégage du visage d’Hélène Duret, de son sourire et de sa voix. Mais pour en arriver là et à cet âge, la jeune femme est forcément déterminée et brillante. Elle déroule son CV avec modestie. Née à Paris, elle a grandi à Lyon, « Je ne suis pas parisienne » sourit-elle. Elle a suivi un double cursus Histoire et Histoire de l’Art à la Sorbonne et à l’école Normale Sup.
Des stages prestigieux ont jalonné son parcours de formation : la rétrospective Delacroix au Musée du Louvre, en Norvège au Musée d’histoire et d’archéologie de la ville de Bergen, et en Allemagne sur la recherche de la provenance des œuvres. Elle a été nommée Conservatrice en 2020 après l’obtention du concours et la formation de 18 mois.
« Mon œuvre préférée ? C’est sans doute la question la plus difficile. Mais c’est forcément une œuvre de La Piscine ! »
Installation dans le Nord
Son stage de fin d’études l’a amenée dans le Nord, au LAM. Coup de foudre immédiat pour la région dans laquelle elle finit par s’installer avec sa prise de poste au musée de Valenciennes, en tant que Directrice adjointe et directrice du développement culturel.
Une expérience enrichissante de trois ans et demi et particulière puisque le musée était fermé pour travaux. Quand Hélène a entendu parler du poste de Conservateur à la Piscine, elle ne s’est pas autorisé tout de suite à postuler… Après réflexion, « Je ne pouvais pas ne pas tenter ma chance ! »
Elle se lance donc dans une longue procédure de recrutement avec deux entretiens et un projet à présenter devant un jury de neuf personnes présidé par Guillaume Delbar. La bonne nouvelle est arrivée et quel bonheur ! Evidemment, on évoque le challenge de passer après Bruno Gaudichon qui incarne le musée depuis 30 ans. « C’est un défi impressionnant mais tellement alléchant ! C’est un honneur pour moi de prendre sa succession. » Ils ont eu l’occasion d’échanger longuement sur les enjeux et les perspectives d’évolution du musée et la jeune femme a rencontré l’ensemble de l’équipe. Avant sa prise de poste.
« J’adhère complétement à l’ADN du musée construit par Bruno Gaudichon. Ses valeurs sont les miennes, comme celle du musée solidaire et je compte bien remettre au centre de la programmation le volet « art et industrie ». Le dialogue entre art et industrie m’intéresse beaucoup. » s’enthousiasme-t-elle. La perspective de la deuxième extension de la Piscine l’a également motivée à postuler. Après l’agrandissement réalisé en 2018, de nouveaux besoins se font sentir notamment du côté des arts décoratifs. « J’ai envie de travailler avec les entreprises du territoire, notamment en matière de textile. J’aime l’idée de créer un « Fablab ». »
Impatiente d’être en poste
Et dans cette ville si jeune qu’est Roubaix, la prise en compte du jeune public est essentielle. Et pourquoi pas aménager une salle à hauteur d’enfant ? Et leur donner envie de revenir avec leurs parents ?
On la trouve impatiente de commencer sa mission, mais elle va d’abord recharger ses batteries et partir en vacances. Cette mélomane éclectique aime écouter du rock, du métal mais aussi de la fanfare et de la musique classique. Elle pratique le piano et la trompette. Et pour décompresser et reposer son cerveau toujours en ébullition, elle se détend en jardinant et grâce à la pratique du yoga.
Dernière question qu’on lui pose : quelle est votre œuvre préférée à la Piscine ? « C’est sans doute la question la plus difficile ! »
« J’aime beaucoup le tableau Au Café de Léonard Foujita, pour son côté rêveur. J’ai également eu un vrai choc devant Le Christ oublié de Jean Roulland, qui est très fort et qui n’offre aucune concession au regardeur. Il y a aussi des pépites incroyables dans les collections mode et textiles, mais comme elles changent tout le temps, je ne les connais pas encore assez bien ! »
Et si on allait au musée tiens, histoire de rencontrer ces œuvres et de dénicher de nouvelles pépites ?
Ses coups de cœur
La Piscine : « En tant que spectatrice, pour l’émerveillement ! »
La Manufacture : « J’y ai appris plein de choses. Un petit bijou méconnu. »
Les 3 Tricoteurs : « Pour y boire une bière. C’est vraiment l’incarnation selon moi de ce que représente Roubaix aujourd’hui. »
Crédit Photo : Eric FLOGNY