Groupe Gauche Républicaine et Sociale – Mars 2025
Publié le 20 février 2025|

Et si la ville de Roubaix faisait de la lutte contre la pauvreté sa priorité ?
Le CCAS, établissement public à la manœuvre des politiques de solidarités a vu sa dotation municipale diminuer de 7% pendant plusieurs années, du fait de ses réserves financières… Cette situation pourrait faire sourire s’il ne s’agissait pas de la lutte contre la pauvreté dans la ville… la plus pauvre de France. Les réserves financières st CCAS étant épuisées, la subvention a été de nouveau augmentée en fin de mandat pour revenir à son niveau normal. Et on apprend que le CCAS fait de nouveau 586 000 euros d’excédent. Que personne ne se trompe, il ne s’agit pas d’un excès de gestion, il ne s’agit même pas d’une bonne gestion. Il s’agit d’un cruel manque d’ambition dans la politique de lutte contre la pauvreté que devrait mettre en place une collectivité comme Roubaix.
Un taux de pauvreté de 46%, pourquoi ? Dans une ville où il y a beaucoup de mouvements (nouveaux arrivants, déménagements hors de Roubaix) il faut raisonner en flux : les pauvres de 2025 ne sont pas tous les pauvres de 2014.
Beaucoup sortent de la pauvreté, et sortir de la pauvreté rime aussi souvent avec sortie de Roubaix. Et ils sont « remplacés » par des arrivants en grande précarité. Pourquoi ? D’abord parce que l’offre de logements en privé dégradé qui et une « trappe à pauvreté », le fait que l’action sociale à Roubaix est plus forte qu’ailleurs, comme les solidarités de voisinage ou d’affinités. La première cause de ce chiffre est donc la spécialisation de Roubaix au sein de la MEL dans l’accueil et l’insertion des pauvres dont les autres ne veulent pas. Par ailleurs, les chiffres publics ne prennent pas en compte les revenus de l’économie de subsistance, (réparation automobile, services à la personne, autoréhabilitation…) ni des trafic ou l’économie souterraine. Enfin, il y a le poids écrasant de la reproduction sociale de la pauvreté, via le logement qui enferme, la santé qui empêche et la misère culturelle. On ne réduira pas la pauvreté sans une action globale, à l’échelle de la MEL, avec un soutien exceptionnel de l’état. Il faut réduire les trappes à pauvreté, contrôler les attributions de logement social, mais aussi lutter contre le non-accès aux droits, l’isolement, les violences intrafamilales, soutenir l’éducation, ouvrir à la culture et réorienter l’économie au black vers des dispositifs légaux.
Un grand plan contre la pauvreté, voilà qui devrait aider le CCAS à éliminer sa graisse d’excédents. Lutter contre la pauvreté c’est donc possible. Ça nécessite un peu d’ambition, de la volonté et beaucoup de travail. Le débat politique qui arrive en 2026 devra aussi permettre aux roubaisiennes et aux roubaisiens – peu importe leurs situations sociales – de choisir les orientations politiques qui devront être celles des futurs élus pour les six prochaines années, et la lutte contre la pauvreté devra être au centre des débats.
Président : Tonino Macquet, Medhi Chalah,
Nadia Cattiaux et Michel David
