L’art dans l’espace public roubaisien
Publié le 2 février 2017|
L’aménagement urbain a amené petit à petit la présence d’œuvres d’art dans l’espace public. Roubaix n’a pas failli à ce principe et voit les monuments commémoratifs, sculptures, bas-reliefs et fresques murales orner ses places, parcs, rues et pignons depuis son urbanisation galopante au dix-neuvième siècle. Petit tour d’horizon -non exhaustif- au fil du temps…
Au 19ème : honneur et reconnaissance
Gloire au poète aux 300 chansons !
L’art dans l’espace public rejoint les grands aménagements tels que celui du Parc de Barbieux. C’est tout naturellement que le monument en hommage au grand chansonnier Gustave Nadaud (1820-1893) trouve une place de choix en 1896 aux abords du parc puis après son déplacement en 1998, tout près de l’actuelle place des Maronniers.
C’est l’architecte roubaisien Lefebvre qui réalise ce monument classique et élégant. Le sculpteur est Alphonse-Amédée Cordonnier, auteur également de trois scènes de la frise de l’hôtel de ville. Deux allégories en bronze figurant la musique et la chanson encadrent la stèle centrale coiffée du buste en marbre blanc du poète. Une Renommée aux ailes déployées lui tend du bras droit une rose.
Hommage méconnu à deux grandes figures de l’histoire
Le chapiteau des baisers d’Emile Derré a été exposé au salon de la Société des Artistes Français
en 1906 sous le titre : « Rêve pour une maison du peuple ». Les quatre faces du chapiteau représentent la maternité, l’amour, la consolation et la mort. Ce que l’on sait moins concernant cette dernière face, est le fait que le baiser d’adieu illustré, représente Auguste Blanqui et Louise Michel, figures de la Commune de Paris en 1871. Une inscription a été gravée en haut du fût de la colonne : « Parlez mes douces images, portez l’amour et la tendresse du cœur ».
Installée au Jardin du Luxembourg à Paris, elle est déplacée en 1997 à Roubaix suite à la demande de la Ville.
AU 20ème : démocratisation et cohésion
En marche vers la connaissance…
Les remarque-t-on encore aujourd’hui ? Deux très beaux bas-reliefs signés Pierre Lemaire ornent pourtant la façade de l’ancienne bibliothèque municipale, aujourd’hui trésorerie publique, et située grand place.
Un homme et une femme en vis-à-vis de part et d’autre du bâtiment, y symbolisent les activités de l’esprit. Une vision moderne du temple de la lecture en quelque sorte.
Un symbole de valeurs partagées
Voulue par les habitants de l’Hommelet pour signaler et mettre en valeur le nouveau square du quartier par une œuvre forte, la sculpture de Wim Delvoye réinterprète l’antique Discobole de Myron, symbole du sport et de ses valeurs fédératrices.
Réalisée par Wim Delvoye, artiste belge de renommée mondiale, en médiation avec le Comité de quartier et dans le cadre du dispositif des Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France, l’œuvre en bronze donne une impression de mouvement et d’élévation. Elle symbolise le dialogue et le partage, dans un lieu où tous les habitants se retrouvent.
« Du nord au sud et d’est en ouest »
Implantée au cœur de la ville de Roubaix, la Maison des Associations a souhaité en 2004 dynamiser et moderniser son hall d’entrée. Elle a fait appel à cet effet à une grand signature contemporaine : celle de Mauricio Nannucci.
Nannucci conçoit dès la fin des années soixante ses premières œuvres en néon écriture qui caractérisent encore aujourd’hui son art. Un attachement à la couleur permet de remplir pleinement l’espace. Il choisit des emplacements pour ses néons à même de rendre visible une architecture.
Un carré de 250 cm de côté composé des lettres MDA en néon coloré est installé dans l’entrée, complété par une phrase en néon bleu évocatrice de la diversité ethnique des habitants de la ville de Roubaix. Partiellement remontée lors de la refonte complète du hall, la présence de l’œuvre contribue toujours à la dynamisation et à la visibilité de la Maison des Associations.
AU 21ème : un musée à ciel ouvert
Cheminer avec Rimbaud
Ces grilles « qui parlent », courent entre la rue de l’Espérance, les rues du Grand Chemin et Mimerel. Elles déroulent à hauteur d’œil, les poèmes de Rimbaud, de Borgès… et accompagnent le marcheur dans sa déambulation, mêlant poésie et réalité au fil des rues de la ville.
Murs, murs…
La Ville et la Cave aux Poètes, lieu de concert implanté depuis 20 ans à Roubaix, ont lancé la tendance des grandes fresques murales en 2003 avec ce pignon signé Pat le Sza.
Le nouveau festival des cultures urbaines XU initie dès 2015 une nouvelle période dans la présence artistique à fleur de murs. Chaque année, de grands noms du street art, réalisent de gigantesques fresques colorées. Parfois abstraites, poétiques ou surréalistes comme celle qui orne également le parking menant à la Cave aux Poètes, ces fresques vont constituer année après année, un nouveau musée à ciel ouvert. Destinées aux habitants, aux visiteurs, aux amateurs d’art, elles traduisent la vitalité de la Ville de Roubaix.
Enjeu historique hier, artistique et citoyen aujourd’hui, l’art dans l’espace public traduit le regard que les villes portent sur un patrimoine partagé avec le plus grand nombre, pour le plus grand nombre…