Pour lancer son projet innovant, l’association Zerm a bénéficié du soutien d’une centaine de donateurs. La campagne de financement participatif a permis aux cinq architectes de récolter 6374,30 €, une somme nécessaire pour finir la construction du Parpaing, son comptoir de matériaux de seconde main. Le cycle vertueux du réemploi des matériaux de construction fait sens à Roubaix, ville pionnière Zéro Déchet. Cette activité écoresponsable dans le secteur du bâtiment et des travaux publics est d’ailleurs favorisée par la loi de Transition Energétique.

L’entrepôt, alimenté par des chantiers de démolition ou directement par des particuliers, est ouvert sur rendez-vous ou pendant les permanences. Une plateforme permet de consulter l’inventaire stocké en temps réel et de réserver en ligne son matériau pour un enlèvement ultérieur. La plateforme sert aussi d’interface entre les particuliers et l’association pour la cession de leurs matériaux. En échange du remboursement de ses frais kilométriques domicile – Le Parpaing, le particulier cède son matériau. Celui-ci est alors mis en vente sur la plateforme. S’il ne trouve pas acquéreur dans les six mois, il sera déposé en déchèterie.

Un laboratoire expérimental

Ce lieu est la vitrine du collectif d’architecture Zerm fondé en 2015, qui a pour objet la production et la diffusion de connaissances liées aux techniques de réhabilitation. Par réhabilitation, Zerm désigne le processus visant à redonner une affectation à des objets existants, matériaux ou bâtiments, abandonnés, vides et/ou considérés communément comme déchets. Lola Bazin, Romain Brière, Théophile Flécheux, Simon Givelet et Etienne Lechevallier sont convaincus de la nécessité de « développer aujourd’hui le réemploi et de faire de la ressourcerie un lieu de partage de connaissances, de matériaux et de savoir-faire pour donner à la construction une dimension citoyenne ». Leur crédo : accompagner les acteurs qui ont la compétence de gérer le réemploi dans le cycle construction – déconstruction – ressourcerie – réemploi – construction. « Nous entrons dans une phase expérimentale, précise Lola Bazin, dans la mesure où il nous faut collectivement réfléchir à rendre les matériaux de seconde main crédibles juridiquement et esthétiquement. Si pour les particuliers, le recours à ses matériaux ne pose pas de problème, il est plus complexe au regard des normes dans le BTP. En tant qu’architectes, nous y voyons une nouvelle façon de concevoir l’architecture qui fait appel à encore plus de créativité. Dans cette démarche, le Parpaing a valeur de laboratoire ».

Les modes de production de l’association ont un caractère social et citoyen. La production de la connaissance se fait via les projets d’architectures, d’aménagements, de recherches et d’expérimentations. La diffusion de la connaissance via leur site internet, leurs expositions, leurs interventions publiques et l’édition d’ouvrage de littérature. Par exemple, le collectif participe à l’exposition Habitarium à La Condition Publique pour y présenter un salon thermique. A la braderie de l’art 2017, il avait réalisé une collection de meubles thermiques : Zermos.