Fabien Alsters, Sapeur et sans reproche
Publié le 24 avril 2018|
Fabien Alsters est soldat du feu. Plus qu'une vocation, une évidence. Presque un héritage de famille. Dans la caserne du boulevard de Mulhouse, il raconte son quotidien avec un naturel déconcertant, compte-tenu de ses missions.
Alarme. Fabien Alsters tend l’oreille. L’entretien se stoppe net. « C’est bon, je n’ai pas besoin d’intervenir, c’est un « secours à personne. » La vie de pompier est rythmée par les tours de garde, le bruit strident des alarmes, les entraînements sportifs, les services… L’entretien reprend.
Fabien Alsters est tombé dedans quand il était petit. Chez les Alsters, être sapeur-pompier, c’est une histoire de famille : son père, ses deux oncles et ses cousins exercent le métier de soldat du feu. Fabien Alsters ne se voyait pas pratiquer une autre profession : « c’est ancré depuis que je suis tout-petit, c’est naturel pour moi.» A 45 ans, l’adjudant chef cumule plus de 23 ans de métier. « Dont 5 ou 6 ans de volontariat », précise t-il. « Quand j’étais petit, j’allais voir mon père dans la caserne. Et arrivé à l’âge semi-adulte, c’était une évidence. Il fallait que je fasse pompier », raconte t-il. Il commence par être pompier volontaire, avant de passer plusieurs fois le concours des professionnels. En attendant, il faut bien gagner sa vie. Si Fabien ne réalise pas encore son rêve, il le touche du doigt : il est agent de sécurité, spécialisé dans les interventions incendie. Entre temps, il demande son affectation pour le service militaire chez les pompiers de Paris*, en 94.
« Je voulais intégrer un grand centre, j'ai obtenu le plus grand du département »
Cinq ans plus tard, il obtient enfin le concours. Il n’attend pas qu’une place se libère dans son Nord natal et file immédiatement à Strasbourg. « Je n’avais pas envie d’attendre. J’ai écris à tous les départements de France. Le premier Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) à me répondre était celui du Bas-Rhin. » Ni une, ni deux, il embarque femme et enfant et passe plus de trois ans dans la capitale de Noël. Mais sa vocation, c’est Roubaix : « je voulais intégrer un grand centre. J’ai obtenu le plus grand du département, sur le plan opérationnel. » Il est dans la caserne du boulevard de Mulhouse comme un poisson dans l’eau. Ici, tout est réglé comme du papier à musique. « C’est important d’avoir une bonne organisation quand on risque d’être appelé à n’importe quel moment, précise-t-il en sortant de la salle de sport. L’uniforme nous suit jusque dans les vestiaires pour être prêt à partir à tout moment. » De jour comme de nuit, puisque un tour de garde dure 24h.
Pour booster sa carrière et monter en grade, Fabien Alsters poursuit son engagement au centre d’appels de Villeneuve d’Ascq. Mais ce qui lui plaît, c’est l’action, grimper dans le camion à toute allure et devoir s’équiper en moins de 30 secondes. « A partir du moment où l’alarme se déclenche, nous avons moins de deux minutes pour sortir de la caserne. » Casque sous le bras, il connaît chaque utilité de chaque élément de tous les camions. Un pour le Groupement d’intervention en milieu périlleux, le GRIMP, un pour les plongeurs et même un pour une intervention dans le métro lillois : « qui ne sort que pour des exercices. Depuis la construction du métro, nous n’avons jamais eu à nous en servir ! » Après un détour par la caserne de Lille, il préfère à nouveau rejoindre ses collègues roubaisiens : avec ces 10 000 interventions annuelles, la caserne de Roubaix est parfaite pour les tous-terrain. Petit calcul rapide : cela correspond à environ 25 sorties quotidiennes.
L’alarme retentit à nouveau. En à peine de temps qu’il faut pour l’écrire, Fabien Alsters sort déjà de la caserne dans le véhicule rouge à grande échelle. L’incendie n’attendra pas.
*Les pompiers de Paris et de Marseille sont militaires. Les sapeurs-pompiers du reste de la France sont agents la fonction publique territoriale.