Depuis la veille au soir, les riverains ont pu assister à un défilé de semi-remorques. Il en rentre un par minute au Parc des Sports. Sans compter les moyens humains à pied d’œuvre toute la nuit. Ecrans géants, tribunes, barrières… Tout doit être en place pour le grand jour : l’arrivée de la 9^e étape du Tour de France.

La course cycliste la plus célèbre au monde emmène les champions sur 156.5 km qui emprunte largement le parcours de la Reine des Classiques : Paris-Roubaix et 21.7km de secteurs pavés. Une étape qui promet des batailles, une course folle qui promet des chutes spectaculaires.

Avenue Van-der-Meersch, où la ligne d’arrivée est créée en quelques heures, la foule se presse déjà alors que les coureurs n’ont pas encore pris le départ à la Citadelle d’Arras. Une couleur domine assez largement : le jaune. Jaune comme les casquettes distribuées. Jaune comme le coureur occupant la première place du classement du Tour de France.

Daniel, Edwyn, Charles, Jean-Paul, Victor, Pierre ou Matthieu sont en premières loges, serrés contre les barrières, à 100 mètres de l’arrivée. Certain sont venus à vélo de Belgique, d’autres ont pris le train depuis Paris et les plus téméraires sont arrivés d’avion depuis l’Afrique du Sud ou les Etats-Unis. Pour tous, un seul mot d’ordre : « impossible de manquer cette étape ! » – « C’est un événement, on ne peut pas passer à côté ! ». Mais que l’attente est longue avant d’apercevoir les cyclistes !

Une attente ponctuée par certains sponsors. Cette camionnette qui arrose le public. Par 30° à l’ombre, ce n’est vraiment pas de refus. Ou celle-ci, qui distribue des petits sachets de saucissons. Et celle-là qui vient mettre l’ambiance et incite le public à tambouriner contre les barrières.

Dans la foule de jaune, on distingue assez largement des maillots bleus ou des marinières. Personne n’oublie l’autre événement du jour : la finale de la Coupe du Monde. L’événement juste après qui inquiète Pierre : « L’écran géant pour assister à la finale, il se situe loin d’ici ? » Pas d’inquiétude, à peine à 50 mètres. « Si les cyclistes arrivent à 16h30, j’aurais le temps d’y être pour le coup d’envoi ? ». C’’est-à-dire que toute la troupe est venue avec le maillot à coq, alors Pierre fera tout pour que ses amis et ses enfants ne ratent rien du match historique.

A 200 mètres de la ligne d’arrivée, un original tente d’emprunter la route officielle à vélo, tout paré de bleu et du drapeau tricolore. Non, il ne franchira pas la ligne, la sécurité veille au grain. A 100 m de là, un drapeau jaune, bleu et rouge s’agite. Ils ont fait le chemin depuis la Colombie pour assister à l’une des étapes les plus mythiques de ce Tour de France 2018.

A une heure de l’entrée des cyclistes dans la capitale du vélo, enfin, la caravane publicitaire fait une spectaculaire entrée avenue de Verdun. Les spectateurs se massent derrière les barrières, interpellent les hôtesses, lèvent les bras pour attraper au vol un porte-clefs, un paquet de bonbons, un stylo, une casquette. Les enfants (et souvent les adultes aussi) se jettent à terre pour avoir un précieux souvenir. La caravane passe et fait des heureux. Mais aussi des malheureux.

Encore quelques minutes de patience. On repère le meilleur spot pour apprécier au mieux le passage des coureurs. On trouve toutes les astuces possibles pour ne pas tourner de l’œil. On cherche un coin d’ombre, on s’évente. Le défilé des voitures d’équipementiers commence et annonce une arrivée imminente.

Tout va très vite ! A peine le temps d’apercevoir l’Allemand John Degenkolb effectuer son sprint final face à Grégory Van Avermaet et Yves Lampaert. A peine le temps de remarquer les visages couverts de poussière du peloton. Degenkolb monte sur le podium et reçoit le maillot doré, trois ans après avoir reçu le Pavé. Pas le temps de savourer complètement le moment, il faut déjà filer vers le Parc des Sports pour assister à un autre moment mythique de l’histoire du sport…