Brahim Bouchelaghem ou les cadeaux de la danse
Publié le 21 septembre 2016|
Chevalier des Arts et des Lettres, médaillé de la Ville de Roubaix, programmé au festival d’Avignon... Il y a quelques années, Brahim Bouchelaghem ne se voyait pas forcément au sommet. Et pourtant, le danseur et chorégraphe roubaisien a gravi les échelons à la force de son talent et grâce à de belles rencontres.
Il va présenter à domicile sa dernière création : « Sillons », en même temps que le festival des Expériences Urbaines. Deux événements que le danseur et chorégraphe roubaisien prend à cœur. De toute façon, Brahim Bouchelaghem prend tout à cœur. Chaque émotion est intense et chaque adjectif est brut et sincère. Souvent, il trouve les étapes de sa vie ou de sa carrière « belles ». Comme l’accueil du public de sa création « Sillons marche très bien, partout où on le joue, on a des standing ovations ». Un grand sourire accompagne chacune de ses phrases. « C’est un spectacle qui dure longtemps quand même, une heure et demie sans réelle pause, sans vrai silence. Il n’y a pas de tableau ou de transition. Ce sont des nuances au niveau de la danse et de l’énergie. Le propos est de parler de l’écriture de la danse pour contourner ma danse, le hip-hop ». Les mots sont simples mais l’analyse est précise et fine. « Le poète » comme le surnomme son mentor Carolyn Carlson aime la subtilité et cela transpire dans l’écriture de ses spectacles.
Certainement l’une des nombreuses raisons qui ont poussé les « gens du ministère » à le décorer Chevalier des Arts et des Lettres. Un moment incroyable qui a fait suite à une période plus difficile. « Je venais de postuler à la direction du Centre Chorégraphique National de Belfort. Je n’ai pas été pris. Mais imagine : tu es danseur, tu deviens chorégraphe, tu montes ta compagnie, tu postules à un CCN et tu es short-listé (dans les premiers candidats, NDLR). C’est énorme. » Passé le moment de la déception, Brahim Bouchelaghem tire le positif de l’expérience et vise encore plus haut pour la prochaine fois : « Un jour tout le travail que nous avons effectué pour ce CCN paiera. On est prêts, je repostulerai. » Et il avoue à demi-mot et avec un sourire qui en dit long : « J’attends Roubaix. »
« Qui aurait pensé qu’un jeune de Roubaix, du quartier allait être médaillé des Arts et des Lettres ? »
C’est à ce moment qu’il reçoit le fameux courrier. « Waouh ! Chevalier des Arts et des Lettres ! C’est beau ! Et à ce moment-là, je suis revenu en arrière, dans le quartier de l’Alma-Gare, quand j’avais arrêté la danse entre 1986 et 1988. » L’une des périodes les plus sombres de sa vie, rythmée de bagarres et de mauvais coups. « Je suis parti en cacahuète ».
« Qui aurait pensé qu’un jeune de Roubaix, du quartier allait être médaillé des Arts et des Lettres ? » Alors la médaille de la Ville de Roubaix, décernée à ce jeune des quartiers le 30 septembre dernier, c’est pour lui « le 2e effet Kiss Cool (d’une marque de bonbons à l’effet très frais, NDLR). C’est beau. Du breakeur de quartier, je suis aujourd’hui danseur de plateau, c’est très beau. Et ça, ça veut dire que tu as travaillé et que tu as été bien entouré. »
Un parcours qu’il partage aujourd’hui avec les danseurs de sa compagnie Zarbaht et les amateurs du Festival des Expériences Urbaines. « Je ne vais pas garder tout ça pour moi. En fait, si un jour j’arrête de danser, je veux pouvoir encore voir ma danse, mon univers, ma « science ». C’est important. On m’a tellement offert de cadeaux que je ne peux pas les garder pour moi. »
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— Fred Minard (@Fredrbx) 21 septembre 2016