Plus jeune, Brigitte rêvait d’endosser la blouse blanche et de devenir médecin. Aujourd’hui, elle porte une blouse rose flashy et réalise ses envies. « Quand je prenais des cours de médecine, j’avais un si petit cœur que je m’évanouissais souvent, raconte-t-elle les yeux pétillants. Alors mon professeur avait tranché et décrété que je ne pourrais jamais en faire mon métier. »

Son petit cœur si gros quand elle part à la rencontre des résidents de l’EHPAD. Son petit cœur qui se gonfle d’amour quand elle masse les femmes atteintes de maladies gynécologiques à la maternité Beaumont. Brigitte Motte est une Blouse Rose qui, depuis plus de 20 ans, passe son temps libre auprès des personnes fragiles qui ont besoin d’elle. Brigitte aime ça : le rapport avec l’être humain. « Je dis toujours que c’est une forme d’égoïsme : on donne mais on reçoit tellement. C’est énorme ce que les gens nous donnent ! Quelques fois, ça me fait même un peu honte : une mamie qui me prend les mains et qui les embrasse… Je ne mérite pas ça !»

Tous les mardis matins, Brigitte se rend auprès des personnes âgées d’Isabeau de Roubaix pour les écouter, leur proposer du réconfort. « Ici c’est un peu triste car ils s’en vont, ils nous laissent, raconte-t-elle tendrement. La première chose que je demande à Sylvie, notre animatrice, c’est « il ne manque personne ? » car ça me fait toujours un peu peur. » Si les Blouses Roses sont connues pour se rendre auprès des enfants dans les services pédiatriques, elles savent aussi se rendre utiles auprès des personnes âgées. « J’ai commencé dans le service de la chirurgie des enfants à la Fraternité. On faisait beaucoup de bricolage, des cadeaux pour la fête des mères, des œufs à Pâques… J’avais un peu la fibre d’une maîtresse d’école », rigole-t-elle.

Certaines Blouses Roses sont plus portées sur le câlinage des enfants, d’autres attrapent le virus avec les personnes âgées. « C’est rompre la solitude. C’est ça qui est important. » Mais les Blouses Roses se forment auprès de tous les patients et en lien avec les équipes médicales. Brigitte a fait des stages alors même qu’elle travaillait et notamment l’écoute active. « Ces personnes ont des choses extraordinaires à nous raconter ! Je pense à cette dame qui a 13 ans travaillait aux mines et prenait le bus à 5h du matin. Ces personnes nous racontent des époques qu’on ne peut même pas soupçonner. Certaines ont eu des vies très dures. » Brigitte raconte doucement, avec un débit posé et un large sourire sur les lèvres. « Je suis perméable aux émotions. J’ai vécu des moments difficiles et j’y repense. » Alors elle débriefe avec les collègues de l’association pour évacuer. « A la maternité, avant de partir, on fait une pause à la fin de la matinée. »
Il y a vingt ans, Brigitte a trouvé sa voie par hasard : « Je me rendais à un check-up médical et dans la salle d’attente, j’ai vu une affiche qui disait « devenez bénévole à l’hôpital ». Je me suis dit, c’est fait pour moi. » 20 ans après, la médaille du bénévolat qu’elle a reçu en décembre dernier ne fait que confirmer cette vocation. « 20 ans, ça passe tellement vite ! »