Nicolas Boulanger, arrière-petit-fils d’Albert (le fondateur), nous reçoit dans ce vénérable établissement, au milieu des chapeaux et des casquettes, mais aussi des gants, des parapluies et des cannes. Si le chapeau est une histoire de famille, a-t-il pour autant, dès sa plus tendre enfance, rêvé de reprendre l’affaire ? Pas tout à fait. Et ses parents nous confessent qu’ils n’ont jamais obligé leurs enfants à prendre leur succession : « Nous connaissions les difficultés du monde du commerce, et, dans les dernières années de notre activité, le chapeau n’était plus à la mode. Nous ne voulions pas le forcer à suivre une voie vouée à l’échec. Après des études d’électricien, il a fait son choix et nous en sommes heureux. »

« Pas de toilette élégante sans chapeau »

En 2022, le chapeau est-il un accessoire démodé ? Absolument pas ! Si la Chapellerie a pu connaitre des temps difficiles dans les années 90, depuis une dizaine d’année, par la grâce de quelques séries télévisées (Nicolas Boulanger cite spontanément « Peaky Blinders ») et des influenceurs sur les réseaux sociaux, les couvre-chefs ont de nouveau la côte.

Ainsi, Amélie, une jeune cliente, entre dans le magasin pour trouver une casquette à offrir à son compagnon : « Il a déjà acheté un chapeau ici. Le style Peaky Blinders lui va bien, avec des bottines et un manteau. C’est un look très actuel ! »

Des propos qui rassurent un peu cet autre client, sexagénaire, venu de Mouscron avec son épouse après avoir trouvé l’adresse sur Internet : « C’est mon 1^er achat de casquette et j’avais peur que ça me vieillisse. Mais en fait pas du tout ! J’avais besoin d’essayer et de prendre quelques conseils… en boutique c’est plus pratique. Malheureusement on en trouve de moins en moins.»

Des produits fabriqués uniquement en Europe

Dans cette échoppe qui a gardé son mobilier et sa décoration d’origine (un souhait de la maman de Nicolas), les Boulanger sont fiers de ne proposer que des produits fabriqués en Europe. En France si possible, avec des créateurs (les modistes) qui perpétuent le savoir-faire national, mais aussi en Italie ou en Angleterre avec les fameux Stetson.

Elégance et matières techniques ne sont pas incompatibles. Nicolas nous confirme que l’hiver est aussi une période faste pour son commerce : « Avec la chute des températures, on a tous envie de sortir protégés du froid, donc coiffés ! »

Nicolas Boulanger est donc un commerçant heureux de parler de son métier et de l’histoire de sa boutique, implantée depuis un siècle dans une ville de tradition textile. L’avenir s’écrira-t-il avec le renouveau de la mode Made in Roubaix et des créateurs qui viennent s’y installer ? Et pourquoi pas encore d’autres générations de Boulanger chapeliers ?