Une coopérative aux doigts d’or
Publié le 29 décembre 2022|
Dans le quartier de l’Alma, tout le monde connaît la Coop’Manau ! Derrière cette coopérative unique en son genre : des femmes aux doigts d’or qui ne pensaient pas pouvoir trouver un emploi. La volonté et le talent sont en train de changer leur destin.
Vendredi 9 décembre, locaux de Blanchemaille. Fatma, Zélikha, Djamila, Aïcha, Zaza et leurs collègues sont en pleine ébullition dans leur atelier. Fatma accueille Cyriaque, incubé à Blanchemaille. Il vient faire repriser deux pantalons. Concentrée, Djamila dessine le patron d’une pochette multicartes qu’elle va confectionner avec des chutes de tissus. Aïcha lui donne son avis. « Elles sont très organisées, et tant mieux, car les commandes affluent », expliquent Elodie et Fatiha, cheffes de projet en charge du dispositif.
Solidarité
A la fois service de restauration et conciergerie d’entreprise du quartier de l’Alma, la Coop’Manau est unique en son genre. « Tout est parti du Vestiaire, un atelier de couture proposé par le Centre Social de l’Alma », raconte Fatiha. En 2020, alors que le Covid bouleverse le quotidien des Français, les couturières du Vestiaire confectionnent plus de 3 000 masques pour les habitants de l’Alma. « On s’est dit à ce moment-là qu’il y avait quelque chose à faire. Que ces femmes, pour la plupart sans emploi, avaient de vraies compétences. Au même moment, Roubaix était candidate au territoire Zéro Chômeur de longue durée. La Coop’Manau a alors été créée pour les accompagner ».
Cuisine et couture
« Deux ans après la naissance de la coopérative, nos rangs ont bien grossi » se réjouit Elodie. De huit en janvier 2021, nous sommes vingt-six aujourd’hui. Vingt-six entrepreneures-salariées qui font des étincelles dans deux domaines : la cuisine et la couture. Les personnes qui entrent dans la coopérative signent un contrat d’un an, renouvelable deux fois. L’objectif ? Reprendre confiance, se former et construire petit à petit un avenir professionnel durable. Certaines, comme Aïcha et Djamila projettent un emploi dans un atelier de couture. En intégrant la Coop’Manau, elles professionnalisent leurs savoir-faire et découvrent le monde de l’entreprise. D’autres sont encore en plein cheminement. Zaza, par exemple, se réoriente vers un emploi dans la petite enfance. « L’idée, c’est qu’elles se révèlent. Qu’elles comprennent leurs atouts, leurs envies. Toutes sont accompagnées individuellement en plus des ateliers collectifs ». Onze personnes sont déjà sorties de la coopérative après avoir trouvé un emploi stable.
De beaux projets
Parmi les contrats dont elles sont fières : celui avec Électro Dépôt pour qui elles cuisinent régulièrement lors d’événements. En plus d’assurer un service de restauration à Blanchemaille, le mardi et le jeudi, la Coop’Manau propose un service traiteur aux entreprises. La Gentle Factory, marque de vêtements made in France, a, quant à elle, sollicité la fine équipe pour fabriquer des étuis à lunettes à partir de ses chutes de textile. « L’entreprise s’est attachée à nos couturières, nous avons encore de beaux projets en perspective ». Outre son service de Conciergerie, le lundi et le vendredi, la Coop’Manau travaille avec les entreprises textiles de la région pour développer des services qui font sens. Au salon du MIF, Fadhila, Djamila et Fatma ont échangé avec Lemahieu. Ensemble, ils imaginent un projet qui pourrait permettre de relocaliser toute une filière textile dans la région !
Crédit Photo : Elie Ségard, service Communication, ville de Roubaix