Connaissez-vous Ada Lovelace ? Pionnière de la science informatique, elle a réalisé le tout premier programme en la matière sur une machine analytique, ancêtre de nos ordinateurs. C’était au XIX^e siècle… Des décennies ont passé depuis. Pourtant, les femmes représentent moins de 28 % de la filière numérique. « C’est culturel, commente Delphine. Mais il n’y a aucune raison objective à cela ! ».

Des inégalités perceptibles dès l’école

« Trop vieille », sourit-elle, pour avoir été elle-même sensibilisée à ces métiers sur les bancs de l’école, Delphine se tourne vers l’enseignement primaire. Et c’est justement durant ses premières années de vie professionnelle, au plus près de la réalité des jeunes enfants, que sa conviction se forge : « Les filles ne partent pas avec les mêmes chances. Dans beaucoup de familles, elles ne sont pas traitées d’égal à égal avec leurs frères. Malgré leur potentiel, on ne les oriente pas nécessairement vers les études. Et si elles en font, c’est rarement dans le secteur du numérique où elles sont sous-représentées. »

Son amie Joséphine Rohner, entrepreneuse accompagnée par le cluster d’entreprises du e-commerce « Blanchemaille by EuraTechnologie » et vice-présidente de l’association confirme : les métiers du numérique comptent très peu de femmes.

Delphine a grandi dans une famille ouverte d’esprit. Surtout, elle veut l’égalité hommes-femmes. Elle décide alors d’agir et de créer l’association « Girls for Tech ». Pour ne pas mélanger les genres, elle quitte Roubaix et l’école Buffon où elle enseignait depuis cinq ans et rejoint l’école Michelet à Tourcoing. L’établissement est classé en Rep+ (Réseau d’éducation prioritaire renforcé), son terrain de prédilection. Sa classe compte 12 élèves… un luxe ! Les effectifs réduits favorisent l’apprentissage, Delphine le sait. Dans un premier temps « Girls for Tech » accueillera un public restreint. C’est aussi parfaitement adapté aux moyens dont dispose Delphine pour l’instant.

Le numérique à la portée de toutes

Dès janvier 2018, si tout va bien, « Girls for Tech » recevra 4 ou 5 jeunes filles au centre social Hommelet où elles seront initiées aux technologies de l’information et de la communication. Au rythme de deux heures par semaine le mercredi après-midi, elles suivront un programme comprenant 5 modules : initiation au code, création d’un site Web, gestion des médias sociaux, création d’un chatbot et initiation aux objets connectés et à la robotique. « L’idée est de sensibiliser les filles aux métiers du numérique, développer chez elles une curiosité et une appétence. » Pour cette raison, Delphine a limité l’âge à 16 ans, « avant que l’orientation scolaire ne soit faite. L’idéal est de s’engager dans un bac scientifique ou économique et social ». De la même manière, elle a fixé un seuil d’entrée : 13 ans. « Avant, c’est trop tôt. On ne se projette pas encore. »

Pour mener à bien son projet, Delphine a été aidée par la Maison des Associations. Aujourd’hui, elle est accompagnée de Marie-Laure, la référente jeunesse du centre social Hommelet. « C’est elle qui a pris contact avec le collège Anne-Franck. Elle y a rencontré les conseillers principaux d’éducation et leur a présenté l’association. »

Les premières adolescentes sensibilisées aux métiers du numérique pourront compter sur un enseignement expert, avec des intervenants de l’écosystème tech de la métropole lilloise, des salariés de startups et le sens de la pédagogie de Delphine. Celle-ci s’est elle-même formée au code à partir d’un logiciel très simple d’utilisation et avec l’aide de son conjoint Sylvain, ingénieur en informatique.

Les coups de cœur de Delphine

La Maison des Associations. Placer la Maison des Associations en tête de mes coups de cœur est une manière de leur rendre hommage. Elle m’a beaucoup aidée dans la mise en place de mon projet, m’a accompagnée dans les démarches.

Le musée La Piscine. C’est un des plus beaux musées de France ! Je suis surtout séduite par le lieu, exceptionnel. Je viens aussi y manger, en terrasse. L’endroit est magique. On est un peu hors du temps.

Octave Klaba. Le patron d’OVH croit en Roubaix et c’est en cela que le personnage me plait. On doit tous y croire d’ailleurs, ne pas laisser tomber Roubaix dont le potentiel est énorme.

Bio expresse

1986 : Naissance à Rennes

2000 : Arrivée dans le Nord, à Lille

2010 : Début de sa carrière d’enseignante

2012 : Entrée à l’école primaire Buffon à Roubaix

2017 : Création de l’association « Girls For Tech »