Dépasser les frontières avec l’Oiseau-Mouche et l’art
Publié le 21 janvier 2017|
Un credo depuis sa création : regarder plus loin que les apparences, mettre en avant les talents au service de l’art, permettre de dépasser le handicap, son image et ses préjugés. Pour frapper encore plus fort, l’Oiseau-Mouche s’est allié avec deux compagnies européennes et présentent le festival Crossing The Line du 24 au 26 janvier 2017 à Roubaix. Avec l’art avant tout, Sarah Elghazi, chargée de projet et coordinatrice du festival, fait le point.
Quelle est la genèse du Festival Crossing The Line ?
Cela fait quelques années que la compagnie a un lien avec l’international et dépasse les frontières, via les tournées par exemple. Mais nous sommes arrivés à un stade de notre développement ou nous étions confrontés aux questions suivantes : comment continuer à valoriser nos créations et nos comédiens et pousser les dernière barrières qui peuvent nous séparer d’autres créations plus prestigieuses. Les stigmates du handicap sont restés accolés aux créations de la compagnie et que l’on veut défendre l’aspect artistique de notre travail et de nos professionnels.
L’origine de notre projet date d’une rencontre en 2012 avec deux autres compagnies anglaise et suédoise lors d’une conférence sur l’art et le handicap. Nous nous sommes mutuellement reconnues dans le niveau de développement que nous avions atteint et dans nos ambitions. L’idée de coopération est venue naturellement : ensemble, nous serons plus forts pour dépasser ces barrières mentales et les clichés associés au handicap.
Qu’avez-vous fait pendant ces deux ans ?
Les comédiens de la compagnie ont travaillé sur trois worshops où ils ont pu expérimenter des techniques de plateau différentes, des langues différentes et des cultures différentes qui ont nourri leur pratique au quotidien.
Crossing The Line est un moment festif et de partage avec le public de ce qu’on a pu expérimenter durant ces deux ans. Et cela marque aussi une transition vers un projet à plus grande échelle que nous mettons en place actuellement pour fin 2017, début 2018.
Nous reviendrons sur ce projet, mais pouvez-vous nous parler des spectacles qui seront présentés ?
La Compagnie présentera deux créations. « Aujourd’hui en m’habillant » est une création déambulatoire de 2009 qui sera présentée aux Archives du Monde du Travail. Sept comédiens joueront différents monologues sur des étapes de la vie dans différents lieux.
« Pourvu qu’on ait l’ivresse » est une création de janvier 2016. Les comédiens jouent ou plutôt exécutent une chorégraphie au milieu des spectateurs. Leur expression corporelle et leur jeu varie en fonction des réactions du public, du placement du décor et des accessoires, comme des mikados géants.
Nous voulons toujours mettre nos forces en commun pour offrir de nouveaux terrains de jeux aux comédiens
Pour les compagnies étrangères, la barrière de la langue ne risque t’elle pas de rebuter le spectateur ?
C’est sûr qu’il a fallu travailler dessus et dépasser cette frontière. Mais les compagnies ont trouvé des formes innovantes de traduction. Par exemple, les Anglais ont mis en place un système de sur-titrage sur des cartons comme dans le cinéma muet. Ce sera leur 1ere date en France, ils ont donc réadapté leur pièce.
Les Suédois ont prévu un système de traduction en direct.
Si Crossing The Line est l’édition 0 du festival, que prévoyiez-vous par la suite ?
Nous voulons toujours mettre nos forces en commun pour offrir de nouveaux terrains de jeux aux comédiens. Nous voulons nous servir de cette coopération comme d’un outil de partage et en faire quelque chose de concret toujours dans la volonté d’aller par-delà les frontières. L’idée serait d’intégrer de nouvelles compagnies venues du monde entier et de déplacer le festival d’une édition à l’autre dans tous les pays représentés par les différentes compagnies.
Le projet de la Compagnie de l'Oiseau-Mouche
L’exigence artistique et l’engagement continu des acteurs ont permis d’atteindre des réseaux de diffusion jusqu’alors fermés au handicap. L‘Oiseau-Mouche tente d’abattre les barrières existantes entre ces mondes pour que le partage et la diversité viennent enrichir le spectacle vivant.
La Compagnie de l’Oiseau-Mouche est une troupe permanente qui compte vingt-trois comédiens professionnels, personnes en situation de handicap mental.
A ce jour, le projet de l’Oiseau-Mouche demeure unique en France. En effet si des expériences concluantes dans le domaine de la création artistique ont été menées avec des personnes adultes handicapées, elles sont pour la plupart à l’initiative de metteurs en scène isolés et ont rarement accès aux circuits de diffusion professionnels.
Créer, innover, découvrir, tels sont les objectifs de la compagnie. Refusant de se figer dans un genre ou dans un répertoire, l’Oiseau-Mouche est en recherche perpétuelle et propose de nouvelles formes et projets pour toujours se réinventer.
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— Ville de Roubaix (@roubaix) 11 janvier 2017