Deschamps contrechamp
Publié le 10 mai 2023|
Éric Deschamps est réalisateur et producteur de courts métrages au sein de l’association Dick Laurent dont il est le fondateur. L’ancien collaborateur du service culture de la Ville a réalisé deux épisodes d’une mini-série, avec 7 étudiants en BTS audiovisuel à Jean Rostand. Interview.
1/ Eric, ça fait quoi de revenir à Roubaix, presque 20 ans après avoir quitté le service culture ?
Certes, j’ai passé trois ans et demi comme emploi jeune au service Culture, aux actions cinéma, mais j’avais déjà « expérimenté » Roubaix comme lieu de tournage avant de travailler au service Culture.. En janvier 2000, par un temps glacial, mais aussi ensuite, en octobre 2009 du haut des toits de la Condition Publique : j’en garde un souvenir incroyable ! C’est toujours un plaisir de découvrir une ville sous différents prismes et de tourner en extérieur. Les quartiers roubaisiens sont très contrastés, avec chacun leur identité propre et c’est ça qui est intéressant ! Pour ce projet avec les étudiants du BTS Jean Rostand, j’ai adoré revenir à Roubaix et dénicher les endroits adéquats. L’arche de la Condition Publique est juste incroyable. J’ai aussi découvert les quais près du cimetière, ceux de Toulon et de Cherbourg qui se révèlent être de super décors. Pour le coup, on ne s’attend pas à trouver ce genre d’endroits à Roubaix : ces tout petits quais, leurs pavés, et leurs écluses…
2/ La transmission, c’est important pour vous ?
La transmission, c’est bien, mais il s’agit plus d’un échange ! Je fais des films depuis plus de vingt ans, j’ai ainsi heureusement acquis un savoir-faire, une méthodologie, des réflexes… En tournage, je les applique et les étudiants apprennent de mes méthodes de travail. Mais à l’inverse, c’est aussi important pour moi de savoir ce que représente le Cinéma pour des jeunes de 20 à 25 ans aujourd’hui. Il y a une nouvelle façon de regarder les images : on ne regarde plus forcément des films, on regarde des vidéos sur YouTube etc. Chacun a ses propres usages des images, ses modes de traitement. Cela m’intéresse beaucoup de confronter mon regard avec celui des étudiants, tout neuf. Cela questionne mes pratiques et ça m’enrichit énormément.
3/ Parlez-nous de cette mini-série et de ces deux épisodes pilotes tournés avec le BTS audiovisuel Jean Rostand ?
Je suis avant tout un réalisateur de courts métrages, un genre particulier qui a son écriture propre. Parallèlement, l’explosion des séries depuis une dizaine d’années ne m’avait pas intéressé a priori car cela ressemblait à un effet de mode. Et finalement, l’idée m’a tenté de me frotter à ce genre nouveau qui implique de travailler autrement, avec une récurrence, de l’humour, genre dans lequel je ne m’étais pas encore trop glissé… J’étais formaté pour le court métrage et cet exercice avec les étudiants a été l’occasion pour moi d’une belle remise en question. J’ai beaucoup travaillé l’écriture, j’ai encore du travail. La proposition du BTS audiovisuel tombait à pic : apporter un projet pour lequel j’avais carte blanche avec le concours de 7 étudiants tirés au sort pour y travailler 6 semaines durant. On a tourné deux épisodes « pilotes » de la mini-série. C’était une superbe expérimentation.
Jean Rostand et Eric Deschamps : des étudiants et un réalisateur (per)formant
Sur le tournage de la série, nous avons pu rencontrer plusieurs étudiants du BTS, en plein exercice pratique…
Joris, malice et magie du son
Joris Buffin, 22 ans, en 2ème année BTS audiovisuel Jean Rostand
- Son parcours avant le BTS
« J’ai eu mon bac en 2019, et sans grande conviction mais plus pour faire plaisir à mes parents j’ai commencé des études dites « sérieuses » en informatique. Une seule année en licence en fait car je passais tout mon temps libre à bidouiller du son. Avec un père ingénieur du son, j’ai un peu de qui tenir… »
- Le déclic
« Avant d’intégrer le BTS à Jean Rostand, j’ai voulu vérifier que j’étais fait pour les métiers du son. J’ai trouvé un stage dans le légendaire studio d’enregistrement « La Fabrique » à Saint Rémy de Provence. Un lieu mythique par lequel sont passés par exemple Charles Aznavour, Jacques Higelin ou encore Soprano. Je me faisais tout petit mais j’observais tout et j’apprenais. J’en étais désormais certain : je ferais des études dans le son et mon choix s’est porté sur le BTS Jean Rostand, car c’est l’un des meilleurs de France. Restait à trouver une entreprise qui m’accepte en contrat d’alternance, c’était mon choix de suivre ce cursus avec déjà un pied dans le monde du travail. »
- Le graal à France Télévision
« Ma recherche m’a pris un an et demi, j’ai envoyé une bonne centaine de mail et je me suis parfois découragé. Mais mon obstination a payé, et j’ai été recruté par France TV en tant que « chef opérateur du son en alternance » après un premier contact avec un cabinet de recrutement puis trois entretiens en présentiel et un au téléphone ! Un véritable parcours du combattant dont je suis fier et qui m’a conforté dans mon choix. »
- Aujourd’hui : le BTS et la mini-série
« Pour notre projet de fin d’études de six semaines en autonomie, nous travaillons en binôme. Sur les deux épisodes pilotes tournés pour la mini-série écrite par le réalisateur Eric Deschamps, j’ai fait équipe avec Liam. On s’occupait de la prise de son avec une perche (« perchman ») puis de la « mixette », c’est-à-dire qu’on reçoit le son en direct via des micros Haute Fréquence (HF) placés sous les vêtements des comédiens. Eric nous a fait totalement confiance et c’est une expérience hyper enrichissante. »
Alexia, déjà mature derrière la caméra
Alexia Fifueira, 19 ans, en 2ème année BTS audiovisuel Jean Rostand
- Son arrivée dans le projet de la mini-série
« Eric Deschamps, réalisateur de courts métrages, est venu à nous dans le cadre d’une épreuve du BTS : le Projet à Caractère professionnel (BCP). C’est une épreuve de six semaines, par équipe de sept étudiants tirés au sort, et en binôme. Chaque poste technique est doublé. C’est la dernière ligne droite avant notre diplôme et cette épreuve est très importante pour son obtention. Eric est venu dans le cours de notre professeure Laurence Roelens pour nous exposer son projet de mini-série. J’ai donc été tirée au sort et j’ai travaillé en binôme avec Victor pour nous occuper de l’image. Avant ce projet, je ne connaissais pas Victor, car chaque binôme est constitué d’un étudiant en alternance et d’un autre en « initial », et nous n’avons pas du tout les mêmes emplois du temps. »
- Son rôle et sa fonction précis dans la mini-série
« Sur ces deux épisodes pilotes pour notre BCP, j’ai été technicienne chef-opératrice en binôme donc avec Victor. On a choisi de séparer le travail et d’être chacun responsable de notre partie. On devait s’occuper de cadrer la caméra, selon les instructions d’Éric, et de la lumière sur le plateau. On a beaucoup utilisé le système D ! Le matériel est celui du BTS mais en plus, un ancien étudiant nous a prêté une caméra. Le lieu du tournage (un appartement en colocation par trois jeunes femmes et leurs enfants), eh bien c’était l’appartement en colocation justement de l’un de nos camarades de promo ! »
- Une expérience intense
« Le tournage des deux épisodes s’est fait sur quatre jours, particulièrement bien remplis ! Du mardi au vendredi, et on n’a pas compté nos heures ! J’ai vraiment apprécié de travailler en équipe. C’était la première fois que j’avais l’occasion d’être en responsabilité en tant que chef-op’ dans un projet avec de vraies comédiennes professionnelles, qui parfois improvisaient et prenaient certaines libertés par rapport au scénario. Il y avait à la fois cette exigence de devoir s’adapter parfois à l’improvisation dans un projet avec un scénario néanmoins très écrit et précis. Un vrai luxe ! J’ai aussi fait la connaissance de Victor, mon binôme et le fait d’avoir travaillé à 7 pendant 6 semaines a été très formateur et fédérateur ! Il y a eu une véritable cohésion de groupe, tout le monde s’est impliqué et s’est encouragé, dans les bons comme dans les moins bons moments… comme ceux où l’on se dit que c’est trop de stress et qu’on ne va pas y arriver ! Mais c’est très gratifiant et on a hâte de voir le résultat, le produit fini c’est-à-dire les deux épisodes montés !»
Laurence Roelens, professeure de culture artistique et d’audiovisuel
« Je connais Eric (Deschamps) depuis longtemps, nous avons mené une vingtaine de projets ensemble, en responsabilité avec les étudiants. Je suis référente du projet de la mini-série côté « scolaire ». Je veille à ce que tout se passe bien pour les étudiants qui peuvent me consulter à tout moment, et je suis passée plusieurs fois sur le tournage afin d’observer les élèves en situation et de discuter avec Eric sur ses attentes et la façon dont l’ensemble se passe. »
Le très bon classement du BTS audiovisuel Jean Rostand
Le BTS audiovisuel au lycée Jean Rostand est reconnu et réputé dans le milieu professionnel de l’image et propose plusieurs options.
Plus d’infos sur leur site web