Docteur Xavier Lepoutre, médecin biologiste… et bienfaiteur
Publié le 12 septembre 2017|
Si « Les Amis du monastère des Clarisses » font figure d’anges gardiens du site, jalousement gardé derrière de hauts murs, Xavier Lepoutre, son président, en est probablement l'Archange. Depuis qu’il a pris le lieu sous son aile, il en connaît chaque recoin et chaque page de l’histoire. Une passion née il y a vingt ans.
Dans le carnet d’adresses du médecin biologiste roubaisien, il y a les amis, ceux personnels… et tous les autres : Amis de La Piscine, Amis du musée hospitalier de Lille, Amis du monastère des Clarisses bien sûr… auxquels s’ajoutent les multiples associations au sein desquelles Xavier Lepoutre est investi. Au fil de la discussion, on apprend que de la Renaissance du Lille ancien à celle de Notre-Dame des Anges à Tourcoing, en passant par la Société d’émulation de Roubaix, consacrée à l’histoire de la ville, il n’est de patrimoine sans grâce à ses yeux.
Défendre le patrimoine : une vocation ancienne
Parmi ses emblématiques combats figurent la défense des plus anciennes maisons roubaisiennes, datées du XVIIIe, autour de la Grand’Place, finalement détruites. Celle encore de la passerelle surplombant les voies de la gare, dont un morceau a été conservé. C’était au nom de l’association Art-Action (une autre…) dont il était président.
« J’avais 25 ans quand je suis monté seul rue de Valois, au ministère de la Culture, plaider la cause de la cour d’honneur de l’hôpital Napoléon, alors voué à la démolition. On m’a répondu que j’arrivais trop tard… ». Chez cet infatigable défenseur du patrimoine, la passion remonte en réalité beaucoup plus loin, nichée dans les replis de l’enfance : « Mon père aimait les châteaux. Il m’emmenait les visiter. Tout petit, déjà, j’en construisais avec mes cubes ! ».
Xavier Lepoutre aurait pu faire de cet engouement son activité principale. Il embrasse pourtant une autre carrière, entièrement tournée, celle-là, vers le genre humain. Sept ans de médecine, cinq de spécialisation. Le jeune homme féru d’histoire devient médecin biologiste. Á 63 ans, il enfile toujours sa blouse blanche à l’hôpital de Roubaix et se souvient qu’il a « appris la ville » grâce à son métier. L’étudiant effectuait des remplacements chez un médecin, rue de la Conférence et allait, par les rues, visite après visite, à la découverte des quartiers.
Sous le charme du monastère
Une longue histoire l’attache ainsi à Roubaix. Celle avec le monastère des Clarisses, construit en 1876 et ayant abrité jusqu’à 85 sœurs occupées à fabriquer des hosties, a vingt ans. « J’en ai fait la visite avec la DRAC* dans la perspective de son inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Je suis tombé sous le charme, du cloître et de la chapelle en particulier. Compte tenu de l’âge avancé des sœurs, j’ai senti aussi la menace de voir un jour ce bel édifice déserté. Mais la Mère abbesse a refusé l’inscription. »
Au départ des sœurs, en 2008, Xavier Lepoutre repart au combat. La totalité du site, monastère et école, est inscrit en 2010. Dans la foulée, il fonde avec une habitante du quartier l’association des Amis du monastère. Sa vocation : sauvegarder les lieux, les faire connaître, y organiser des manifestations, collecter des fonds et entretenir la mémoire des sœurs.
Grâce à cet engagement, chaque année lors des Journées du patrimoine la lourde porte de bois séparant le cloître du reste du monde s’ouvre au public. Et l’on croit entendre le pas des sœurs qui, contrairement à leur bienfaiteur, avaient fait vœu de renoncement.
* Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC)
Les coups de cœur de Xavier Lepoutre
La bibliothèque et l’amphithéâtre de l’ENSAIT restés dans leur jus fin XIXe. Ils ont bénéficié d’une restauration respectueuse sous le contrôle des Monuments historiques. Ils sont malheureusement difficiles à visiter car rarement ouverts au public. Ils font partie des « trésors cachés » du patrimoine roubaisien.
Le musée La Piscine. J’y ai appris à nager ! C’est un lieu dans lequel je me sens bien. Je le trouve apaisant, probablement grâce à la présence de l’eau.
L’église Saint-Martin. Pour la beauté des lieux, mais aussi parce que c’est le plus vieil édifice de Roubaix. Son clocher date de 1571.