Avant de franchir la porte, il faut montrer patte blanche devant celui qui surveille les entrées : un immense ours en peluche portant un maillot du LOSC. « Nounours » est la mascotte des lieux, et Danielle, la patronne, y tient comme à la prunelle de ses yeux. Surtout depuis qu’un mauvais plaisantin a kidnappé « Nounours » durant quelque jours en 2021. Une histoire rocambolesque… Depuis il a heureusement retrouvé sa place, son maillot, et veille sur les clients.

Fille de cafetier et lilloise de naissance, Danielle est arrivée à Roubaix en 1981, pour rejoindre son mari Patrick. C’est lui l’admirateur de Gainsbourg. Danielle préfère Johnny. Mais ce qu’elle aime avant tout c’est la fête et l’ambiance conviviale des cafés-brasseries, dans laquelle elle baigne depuis toute petite. « Le Gains’bar » est à sa création un rendez-vous pour les motards qui garent leurs grosses cylindrées devant l’établissement. Les blousons de cuir y côtoient les ouvriers du quartier. Tout le monde s’apprivoise, Danielle a le chic pour créer du lien.

« J’aime mes clients et ils me le rendent bien ! ».

Depuis l’ouverture du café, le quartier a bien changé. Mais Danielle et Patrick continuent d’ouvrir tous les jours (sauf le dimanche) à 6h du matin, pour ceux qui embauchent tôt. En 54 ans de métier, elle en a croisé des personnages ! « J’aime mes clients et ils me le rendent bien ! ». Elle nous en présente quelques-uns : « Ces deux –là, dit-elle en plaisantant, ce sont mes gardes du corps. Et ici tout le monde m’appelle Mamie ! ». Elle leur fait la popote le midi, un plat du jour ou à la carte. Elle reçoit aussi les groupes, mais attention, il vaut mieux réserver.

Très attachée à son quartier et à la place du Travail, Danielle a son franc-parler : « Ici c’est ma Place. Ce qu’on dit parfois de Roubaix, ça me fait ch…r ! J’ai des clients qui viennent de partout, avec qui ça se passe toujours bien. Des jeunes du quartier et des jeunes de l’EDHEC, des touristes qui visitent la Piscine ou des employés de chez Jules… tout le monde est bienvenu chez moi ! »

« Le plus important, pour un café, c’est d’avoir une âme… »

Un établissement comme le sien, avec cette ambiance, il faut bien avouer qu’on n’en voit plus beaucoup. Qu’est-ce qui explique sa longévité ? « Je suis la plus ancienne cafetière du quartier, après moi je ne sais pas ce qui restera. Le plus important, pour un café, c’est doit avoir une âme… »

On laisse Danielle préparer sa fête d’anniversaire, le lendemain, entourée de sa famille, de ses amis et de ses meilleurs clients. Elle a prévu, comme chaque année, de danser sur le comptoir. Longue vie au Gains’bar !

Crédit Photos : Anais Gadeau , service Communication, ville de Roubaix