Groupe Roubaix en commun – Février 2024
Publié le 25 janvier 2024|
Des enfants roubaisiens suspendus de cantine : l’échec de la politique éducative de la ville ?
« Parce que difficiles à canaliser, des enfants ont été provisoirement suspendus de la restauration scolaire le midi*». Il s’agit de l’école Blaise Pascal, dans le quartier de l’Alma qui a tant besoin d’attention et d’aide positive.
Ce type de sanction, la privation de cantine, certainement pas exceptionnel, devrait nous alerter et nous alarmer sur les conséquences pour l’épanouissement de l’enfant. Car, c’est à la maternelle et à la primaire que se joue déjà le destin de bien des enfants. L’école et le périscolaire sont autant de possibilités pour s’instruire, mais aussi pour apprendre à vivre ensemble, découvrir des activités nouvelles, et, pour les plus démunis, bénéficier d’une alimentation équilibrée. Sans un réajustement profond de la politique éducative de la municipalité, Roubaix restera embourbée dans un taux très faible de diplômés avec métier en poche et dans les problèmes de santé liés à la « mal bouffe ».
La sanction de l’exclusion a été privilégiée à la bienveillance pédagogique. Priver l’enfant, bien souvent, du seul repas équilibré par jour, c’est le priver du bien-être lui permettant de mieux étudier. C’est le contraindre à se nourrir comme il peut.
Ajouter de la violence par la privation d’un repas à la violence de la pauvreté, du mal logement, du mal-être ne peut construire un enfant déjà en grande souffrance.
La ville de Roubaix obtient des subventions importantes de l’Etat pour « faire REUSSIR TOUS LES ELEVES de Roubaix ».
Voilà l’ambition affichée par la ville qui reste pourtant de plus en plus embourbée dans un échec scolaire massif et scandaleux.
Pourquoi ?
Peut-être parce que la politique éducative de la ville n’oriente pas judicieusement les moyens financiers vers les points névralgiques concernant la politique éducative ?
Parce que ses choix ne sont pas faits en faveur de ceux qui en ont le plus besoin ?
A la pause méridienne, on compte à Roubaix un encadrant pour 15 enfants âgés de plus de 6 ans, un pour 15 dans une ville aux tels problèmes sociaux ! Alors qu’au niveau national, la règle est d’un encadrant pour 12 au maximum en centres de loisirs.
Pourquoi ne pas proposer un animateur pour 10 enfants et ajouter un encadrant supplémentaire par cantine scolaire, afin d’anticiper sur les imprévus ?
Avec un encadrement formé aux problématiques de la ville, avec des effectifs raisonnables, l’enfant serait mieux reçu dans sa singularité et l’empathie dont il bénéficierait lui apporterait plus de sérénité pour grandir le mieux possible. Reposé, serein, il pourrait mieux, ensuite, reprendre les cours. C’est le cercle vertueux, celui du bien commun !
* article Nord éclair du 11 décembre 2023
Karim AMROUNI, Nadia BELGACEM, Christiane FONFROIDE, Dogan KACMAZ et Sadia PAMART, Présidente du groupe Roubaix en commun