Fruit d’un long cheminement, le Musée La Piscine fut donc inauguré en cet automne, il y à 20 ans.

Nous étions en 2011, René VANDIERENDONCK et l’adjoint à la culture emblématique Jean-François BOUDAILLIEZ, l’équipe du Musée avec Bruno GAUDICHON à leur tête,  voyaient l’aboutissement d’une longue quête. Une aile de l’Hôtel de ville abritait depuis de logues années une préfiguration du Musée et juste avant le démarrage du chantier, le lieu avait abrité une première Braderie de l’Art mémorable.

Souvenons-nous : alors que ce projet prenait place dans une stratégie de renouvellement urbain qui avait vu en 1998 la ligne 2 du Métro arriver et les grandes entités commerciales de l’espace grand rue et surtout de Mac Arthur Glen transformer le centre-ville, il n’avait pas manqué de voix pour dénoncer ce projet-inutile pour certain dans une ville marquée par la pauvreté – on aura même vu un candidat aux municipales proposer de liquider le musée pour recruter en masse des policiers municipaux.

La création du Musée était un geste audacieux, le pari de la culture, l’opportunité de changer l’image de la ville. Pari réussi : l’image du grand bassin est devenue l’image de la ville à l’extérieur et le Musée a rempli ses objectifs de fréquentation (il les a plusieurs fois dépassé !), a maintenu et renforcé l’accueil des scolaires et les partenariats avec les associations roubaisiennes, et démontrer son excellence.

Il est aujourd’hui le plus beau musée en Région aux côtés du LAM de Villeneuve d’Ascq, les Beaux-arts de Lille et bien sûr le récent Louvre-Lens. Roubaix a inventé un nouveau concept de musée : artistique et historique, populaire et solidaire, beau et accessible.

A notre tour, nous disons bravo et félicitations à tous ceux qui contribuent au quotidien à cette aventure exceptionnelle, agents, publics et mécènes et bien sûr artistes roubaisiens ou non qui y trouvent un espace incomparable de réception de leurs œuvres.

Bien entendu beaucoup reste à faire pour un équipement en réinvention permanente. Nous voudrions évoquer plusieurs chantiers :

• Le Musée est aujourd’hui un service municipal et son budget est supporté en grande partie par la ville. C’est un investissement consenti et rentable mais ce modèle économique ne tient que par la mobilisation exceptionnelle des équipes qui compensent un budget trop court par leur dévouement sans compter. Nous plaidons pour la création d’un réseau muséal métropolitain qui organisera une montée en puissance de la participation de la MEL.
• Le Musée est un levier incontestable de la renaissance de ce morceau de ville qui va de « maison de Mode » au campus gare. Il doit aussi pleinement participer à l’essor d’une filière textile-mode durable et d’éco-conception en valorisant son incroyable collection textiles. Des premiers pas on été engagés mais il faudra des financements européens disponibles pour faire de ce patrimoine un outil au service des créateurs.
• Malgré des efforts conséquents, la « démocratisation de la culture » reste un combat. A ceux qui dénoncent un musée au service des « lillois » ou des « bobos », nous disons : certes la culture est souvent une forme de domination et de distinction qui stigmatise le peuple au nom du bon goût ou du savoir artistique, mais cette limite a été dépassée, car l’ouverture des personnes à des horizons culturels nouveaux est un enjeu majeur dans une ville menacée par les conséquences de la misère et par les risques évidents de repli sur soi.

Nous voulons instituer l’accès à la beauté comme un droit à la dignité !

Le Musée est le totem de la politique culturelle de la ville ; en cette année anniversaire (celui du Musée mais aussi du Label Ville d’Art et d’Histoire qui a aussi 20 ans) n’est-il pas temps de faire mieux et plus ? Célébrer les artistes et les acteurs culturels, c’est bien, prolonger l’effort de ceux qui vous précédé, c’est honorable, mais nous valons mieux et l’inflation du street art en ville risque de devenir une facilité qui cache le manque d’idées.

Nous proposons 3 sujets à la discussion :

• Comment développer l’art participatif (on ne parle pas des cas où les habitants jouent le rôle de figurants ou de petites main), soit des œuvres créées ensemble par des artistes et des habitants ? C’est une voie importante de la démocratie culturelle ?
• Comment redonner du sens à une politique patrimoniale à l’arrêt ? Comment défendre et valoriser le « petit » patrimoine de la ville, ces maisons notamment qui sont dégradées par des rénovations grotesques ? Le devenir de l’immeuble DUPIRE de la rue des Arts sera un test de la volonté de la ville de résister au moins disant…
• Comment mobiliser les artistes et les citoyens pour défendre par l’art et la culture les valeurs de la laïcité comme du dialogue culturel alors que les outils disponibles comme l’IMA à Tourcoing et le CCMA à Roubaix sont sous-utilisés ?

Le Musée de la Piscine a 20 ans, vive le Musée !

Mehdi CHALAH
Président de Groupe Roubaix en Commun

Karim Amrouni, Nadia Belgacem, Christian Carlier, Nadia Cattiaux,
Mehdi Chalah (président), Michel David, Christiane Fonfroide,
Dogan Kacmaz, Tonino Macquet Marie-Thérèse Mantoni & Sadia Pamart