La plus petite galerie du monde (OU PRESQUE) célèbre son quart de siècle
Publié le 24 novembre 2020|
Tout est parti du n°63 de la rue des Arts, un dimanche d’octobre 1995 et voilà que cette année encore, La plus petite galerie du monde (OU PRESQUE), née de l’imagination de Luc Hossepied, régale les passants comme, bientôt, les visiteurs de la Piscine.
C’est une petite fenêtre toujours cachée derrière des persiennes, au n°63 de la rue des Arts, qui a tout fait naître. « J’étais un peu honteux d’offrir cette vue », se souvient Luc Hossepied, journaliste et galeriste. Il finit par trouver l’idée : il va transformer cette fenêtre en vitrine et exposer quatre toiles de David Bouquet. « Je ne savais absolument pas ce que je faisais. » Il invite du monde, prépare du cidre, fait venir des musiciens, monte sur une chaise pour présenter le peintre qui est là pour répondre aux questions. Les vernissages de 11 heures, chaque premier dimanche du mois, viennent de naître et Luc Hossepied est vite surpris de leur succès.
La force de Luc, c’est qu’il crée des liens entre les gens.
La petite fenêtre ne suffit plus aux artistes. Ils se mettent à investir son couloir, ses pièces de vie. Luc Hossepied installe des draps blancs pour conserver un peu d’intimité pendant que les amateurs d’art déambulent chez lui. Alors lorsqu’il entend que le n°69 de cette même rue se libère, il prépare ses cartons : il va enfin avoir une galerie avec de l’espace. Deux cents mètres carrés, pas très beaux au début, qui accueillent chaque mois un nouvel artiste et font peu à peu naître une vie de quartier. « La force de Luc, c’est qu’il crée des liens entre les gens, souligne Isabelle Lapeyronie, sa voisine depuis trois ans. Je n’avais jamais vécu ça ailleurs. Il nous emmène avec lui. Il a un côté très fédérateur, beaucoup d’humanité, de simplicité, d’humour. C’est quelqu’un d’assez exceptionnel. »
La réputation de sa galerie sort peu à peu du quartier, de Roubaix, de la métropole lilloise. « Il a la reconnaissance des artistes, des collectionneurs, reconnaît Sylvette Botella-Gaudichon, commissaire de Joyeux a[rt]nniversaires ! à la Piscine, exposition qui célèbre les 10 ans de Fil Rouge, les 25 ans de La plus petite galerie du monde (OU PRESQUE) et les 30 ans de la braderie de l’Art. Luc nous montre des artistes multiformes, des peintres, des vidéastes… qui sont très souvent de la région et jeunes. Les grandes galeries présentent ce qui va se vendre, Luc, lui, ce qu’il aime. Il arrive à trouver des gens qui font des choses passionnantes et il rend l’idée de l’art accessible. » Elle a sélectionné des portraits que dix photographes, choisis par Luc Hossepied, ont réalisé pour Les fenêtres qui parlent. « Ce sont les visages des Roubaisiens », sourit-elle.
Les grandes galeries présentent ce qui va se vendre, Luc, lui, ce qu’il aime.
Infos pratiques
Exposition à la Piscine qui doit, normalement, durer jusqu’au 7 février.
Les Fenêtres qui parlent, dans la rue des Arts et alentour, aussi longtemps que les riverains laissent les images à leur fenêtre.
Quant à la galerie, au n°69 de la rue des Arts dans le quartier de l’Epeule, qui expose Laurence Pigeyre, voir directement auprès d’elle (lapluspetitegalerie.fr).
Laurence Pigeyre sort 200 clichés de Roubaisiens pour Les fenêtres qui parlent
Elle avait carte blanche, elle a sorti 200 photographies de Roubaisiens et aurait même voulu en prendre davantage. La photographe Laurence Pigeyre expose son travail sur les fenêtres des maisons alentour de La plus petite galerie du monde (OU PRESQUE) mais aussi à l’intérieur de celle-ci.
- Comment êtes-vous devenue la photographe de cette édition des Fenêtres qui parlent ?
« Luc Hossepied avait vu mon travail exposé. On s’est brièvement parlés, pas forcément de ça, et il m’a dit qu’il avait trouvé sa future photographe. »
- Quel est le fil rouge de votre travail ?
« Je ne fais que de la photographie d’art. Je prends des photos en fonction d’une inspiration ou d’une idée avec toujours, des gens dessus. Le vecteur de mon travail, c’est l’humain. Ca m’allait donc très bien de travailler pour Les fenêtres qui parlent. »
- Comment avez-vous procédé ?
« Je voulais prendre les gens tels qu’ils sont sans artifice, sans décor imposé. Luc, comme tous les ans, avait fait faire une affiche pour annoncer que les deux jours de photographies. J’en avais parlé moi aussi, et le jour J, on demandait aux gens qui passaient dans la rue s’ils étaient d’accord.
On les faisait rentrer dans la galerie. Ils posaient devant un mur peint à la chaux et ça se passait très vite pour éviter que les gens ne se mettent à poser. Si on s’était mis à discuter, ils n’auraient plus été naturels. En allant vite, ils n’étaient pas influencés par moi. Ils étaient eux. »
- Quel retour avez-vous eu sur votre travail ?
« Une maman m’a dit que ça avait changé de la vie de son garçon, perdu au milieu d’une fratrie, et qui a, grâce à son portrait, réussi à comprendre son importance. Le papa d’une petite fille Roms s’est mis à pleurer en voyant le cliché. Chacun devient une œuvre d’art. Une dame qui avait le cancer a déchiré sa photo en partant. C’était une de celles que j’avais choisie pour être en grand format. Elle a fini par accepter. Ca a changé cette période de sa vie qui était horrible. Je lui ai proposé de faire quelques corrections, parce qu’en format XXL on voyait qu’elle portait une perruque. Elle m’a dit de faire comme je souhaitais. Je l’ai laissée, de la même façon que je n’efface pas des boutons. Ca ne nous rend pas laids : ça nous montre tels que nous sommes tous, des humains. »
Les Fenêtres qui parlent, jusqu’à quand et où ?
Dans la rue des Arts et alentour, aussi longtemps que les riverains laissent les images à leur fenêtre. Quant à la galerie, au n°69 de la rue des Arts dans le quartier de l’Epeule, voir directement auprès d’elle (lapluspetitegalerie.fr).