Le merveilleux destin d’Alice Massé
Publié le 31 juillet 2018|
Jamais deux sans trois. Alice Massé a découvert le musée La Piscine avec des amies rencontrées à l’école du Louvre en 2005. Cinq ans plus tard, elle y retourne une 2e fois pour l’exposition Pierre Loti. La 3e pour y travailler comme conservatrice adjointe. Son parcours de conservateur du patrimoine est classique. Sa passion pour les Arts éclectique à l’image du musée de Roubaix.
Sept ans déjà. Alice Massé semble avoir définitivement posé ses valises dans le Nord. Après une prépa littéraire et une licence de philosophie, la Bordelaise rejoint la Capitale pour embrasser une carrière d’historienne de l’art. À la sortie de l’école du Louvre, elle présente le concours de l’Institut National du Patrimoine. Issue de la promotion 2005-2007, la jeune femme est nommée conservatrice de la Ville de Paris. Pendant 5 années, elle officie à la conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris. « Ce service est chargé de l’inventaire, du récolement et de la préservation du patrimoine des 80 édifices cultuels et des statues de l’espace public parisien, précise Alice. J’y ai découvert un volet passionnant de notre métier : la restauration. J’appréciai particulièrement la diversité des œuvres d’art approchées, la multiplicité des interlocuteurs, le terrain, le décor monumental et le lien avec l’architecture. » Comblée par ce premier poste, Alice n’envisage pas de quitter la région parisienne. Le destin en décide autrement.
La Piscine était souvent citée en exemple à l'école du Louvre !
Chargée des collections permanentes
En 2011, la fonctionnaire tombe par hasard sur l’annonce d’un poste au musée La Piscine. « Tout m’attirait dans ce musée : le projet bâti dans un lieu qui n’avait pas été conçu pour accueillir des œuvres, le lien entre Beaux-arts et Arts appliqués, les choix d’accrochage et la programmation audacieuse, la place de la céramique contemporaine, l’ouverture à tous les publics, etc. La Piscine était souvent citée en exemple à l’école du Louvre ! ». Sa spécialité XIXe siècle et sa polyvalence l’ont certainement aidée à décrocher le poste de conservateur adjoint. « Je suis chargée, avec l’aide inestimable de la documentation et de la régie, de conserver les collections existantes, c’est-à-dire veiller à garantir leur pérennité par la conservation préventive, les enrichir par différentes acquisitions, les valoriser, alimenter la documentation à leur sujet et publier des articles ou des catalogues de collection. Mais je dois aussi m’occuper des prêts et des dépôts d’œuvres du musée en France ou à l’étranger et je participe activement aux expositions consacrées à des artistes oubliés. »
Une équipe, un projet, un musée
Au côté de Bruno Gaudichon, le conservateur en chef, Alice prend ses marques. Très vite leurs regards complémentaires permettent d’enrichir les collections permanentes. De toutes ces acquisitions, petites ou grandes, Alice livre quelques anecdotes avec fierté. « Pour le Mondrian1, se souvient-elle, nous avons convoyé le tableau au Gemeentemuseum de La Haye. C’était formidable de pouvoir confronter notre toile à d’autres compositions de la même époque pour comparer les supports, la matière picturale, la façon de graver la signature. Pour nos deux albums de Rémy Cogghe, Bruno Gaudichon m’a laissé préempter au nom de l’État en salle des ventes de Roubaix. Impressionnant… Tous les jours, nous sommes en veille pour saisir les opportunités d’enrichir notre collection. » Sa plus grande trouvaille ? Un compotier en argent de Picasso ! « Je préparais l’exposition Picasso-Duncan au Fonds National d’Art Contemporain, poursuit-elle. En consultant leur base de données informatique j’ai découvert cet objet incroyable qui nous a été immédiatement déposé. C’était un très beau moment. »
Au fil des années, le musée La Piscine a su tisser le lien entre patrimoine et création. Un dialogue qui sera encore renforcé avec l’agrandissement et l’enrichissement du musée le 20 octobre 2018 avec, aux manettes de ces nouveaux espaces, Bruno Gaudichon, conservateur en chef et Alice Massé, conservatrice adjointe. « Certaines choses possibles ici ne le seraient pas ailleurs, lance-t-elle. C’est beaucoup d’efforts pour trouver les moyens d’aboutir. Mais les résultats sont au rendez-vous. »
- Piet Mondrian (1872-1944), Arbres, achat en vente publique le 27 novembre 2013
- Pablo Picasso (1881-1973), Compotier poisson, dépôt du Centre National des Arts Plastiques en 2011
Bio Expresse
2005 Entre à l’Institut National du Patrimoine
2007 Conservatrice du patrimoine de la Ville de Paris
2011 Prise de fonction au musée La Piscine courant avril
2012 Auteur du catalogue d’exposition Les Picasso de la Piscine avec Bruno Gaudichon
2018 Prépare activement la réouverture du musée
Ses coups de cœur
LE BOULEVARD DE CAMBRAI. J’adore la rénovation qui a été menée sur le boulevard de Cambrai même si elle n’est pas assez piétonne et cycliste encore à mon goût !
L’USINE ROUSSEL. J’aime son mur de verre, les poteaux de fonte dans les salles et la rénovation « underground » et minimale des établissements Jouret.
ROUBAIX. Globalement, j’aime l’ambiance « Berlin » de la ville, la créativité, le bouillonnement, les sites industriels revisités, ses bonnes adresses aussi.