L’école à Roubaix : les clefs de la réussite
Publié le 2 mai 2019|
Parents, enseignants, services municipaux et acteurs de quartier s’unissent pour permettre à l’enfant de se développer et de s’épanouir sur tous les champs : affectif, intellectuel, physique… C’est tout l’enjeu de la Réussite Educative avec un objectif : permettre à terme l’insertion professionnelle de l’enfant.
La réussite éducative à Roubaix : le chemin du succès
Cédric Meurisse, inspecteur de l’Education nationale dans la circonscription de Roubaix-Centre depuis 1996, a une connaissance pointue de la réussite éducative à Roubaix. Il nous en dresse le portrait.
RBXXL : Comment s’articule le partenariat Ville/Education nationale pour la réussite éducative à Roubaix ?
Cédric Meurisse : Selon un adage africain : « il faut tout un village pour éduquer un enfant ». L’action du Maire est déterminante. Enseigner à Roubaix permet le recours à des ressources qui sont extrêmement nombreuses sur le territoire : tout le réseau culturel roubaisien par exemple. Ce réseau permet d’ouvrir l’enfant à la culture grâce à l’enseignement hors des murs de l’école. Nous construisons donc avec les services municipaux un projet éducatif local qui offre aux enseignants l’accès à des structures culturelles, sportives, environnementales…
RBXXL : Quelle est la recette pour une action de réussite éducative gagnant-gagnant ?
C.M. : Cette réussite doit se construire grâce au « triangle » composé des parents, de l’Education nationale et des acteurs de quartier.
Il était parfois difficile de faire se comprendre ces différents protagonistes. Aujourd’hui, par exemple, nous travaillons avec l’association ATD Quart Monde et les centres sociaux, pour former les parents et les professionnels de l’éducation d’un même quartier, à une meilleure communication, afin de parvenir à une véritable coéducation, qui redonne confiance à tous.
RBXXL : Quelle est la finalité de ces actions de réussite éducative ?
C.M. : La question de l’estime de soi est centrale pour l’enfant. Les enfants de Roubaix ont besoin d’entendre qu’ils ont des talents, qu’ils sont capables. Et la finalité est évidemment la réussite de leur insertion sociale et professionnelle. Nous devons lever tous les freins à l’orientation, qu’ils soient mentaux, environnementaux ou familiaux.
200
projets en moyenne permettant l'accès pour tous les enfants aux structures culturelles, sportives, développement durables, citoyennes...
Lever les freins à la réussite des enfants : le Programme de Réussite Educative
Le Programme de Réussite Educative (PRE) permet de mettre en place des parcours éducatifs individualisés pour des enfants entre 2 et 16 ans. Ces enfants sont orientés principalement par l’Education nationale, comme rencontrant des difficultés diverses (sociales, scolaires, éducatives, familiales, de santé…) qui les empêchent de suivre leur scolarité comme il se doit.
Les projets sont personnalisés et constitués à partir des préconisations des Equipes Pluridisciplinaires de Soutien (EPS). L’objectif : répondre au mieux aux besoins des enfants et de leurs familles. L’adhésion et l’implication des familles sont indispensables. Le pôle PRE est composé de six travailleurs sociaux, trois psychologues, deux auxiliaires à la socialisation et à la scolarisation, des vacataires éducatifs et paramédicaux.
Trois questions à Salima Cheurfi, éducatrice spécialisée au service réussite éducative de la Ville, référente de territoire du PRE Grand Est (Trois Ponts, Pile, Nouveau Roubaix, Hauts Champs/Longchamp)
RBXXL : Comment repérez-vous les enfants qui ont besoin d’un suivi personnalisé dans le cadre du PRE ?
Salima Cheurfi : Dans 90% des cas, cela se fait via l’Education nationale par l’intermédiaire, par exemple, de l’enseignant, du psychologue scolaire, du directeur ou de l’assistante sociale du collège… Ce sont toutes les personnes qui peuvent observer chez les enfants des difficultés qui font obstacle à la réussite scolaire et éducative.
RBXXL : Comment travaillez-vous avec les familles concernées ?
S.C. : La flexibilité et la mobilité de l’équipe PRE sont des atouts : on se déplace à domicile, à l’école ou auprès des associations pour l’intégration d’un enfant. On met en place autour de la famille des partenariats à tous les niveaux (social, logement, financier, santé, éducatif…). Les accompagnements sont diversifiés et sur-mesure : inscription à une activité culturelle ou sportive ou encore accompagnement à la constitution d’un dossier à la Maison Départementale des personnes handicapées (MDPH), dans le cas d’une orientation spécialisée. Enfin, l’accompagnement concerne la mise en place de bilans auprès de professionnels comme les ergothérapeutes, psychomotriciens, sophrologues.
RBXXL : Comment évaluez-vous les effets de la mise en place d’un parcours de réussite éducative sur un enfant ?
S.C. : Tout simplement en faisant régulièrement le point avec l’équipe pluridisciplinaire de soutien sur l’évolution de la situation et en échangeant avec la famille en fonction des objectifs fixés au début de la prise en charge.
L’accompagnement à la scolarité : les dispositifs Coup de Pouce
Pour aider les enfants à mieux apprendre à lire, la Ville a renforcé son partenariat avec l’association nationale Coup de Pouce.
L’association apporte aux enfants de CP, fragiles en lecture, les ressources nécessaires pour renforcer leur apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Le service Réussite éducative propose aux élèves de suivre un des 16 clubs se déroulant après la classe.
- Pour les enfants de grande section : 3 clubs Coup de Pouce CLA (Clubs de Langage) : pour permettre aux « petits parleurs » de développer leur expression orale ;
- Pour les CP : 12 clubs Coup de Pouce CLI (Clubs Livres) qui leur permettent de développer leur goût de la lecture, avec leurs parents à leur côté ;
- Pour les CE1, à titre expérimental, il est proposé le développement d’un club Coup de Pouce CLEM (Club de lecture, d’écriture et de mathématiques), en faveur du développement de la culture mathématique.
« Le numérique comme facilitateur de projets »
A la rentrée 2018, les élèves roubaisiens ont vu dans leurs classes de nouveaux outils : les kits tablettes. Les explications de Dominique Hénichart, conseillère déléguée à l’Education et au numérique.
RBXXL : Pourquoi la Ville a-t-elle pris le parti de développer des kits tablettes dans les écoles primaires et maternelles publiques ?
Dominique Hénichart : L’offre pédagogique en matière de tablettes est devenue riche et adaptée. Les kits tablettes permettent un usage partagé dans l’école et un travail par atelier en classe. Cette souplesse est donc une excellente solution.
RBXXL : Combien de kits tablettes ont-ils été distribués ?
D.H. : Initialement, nous avons fournis six kits tablettes aux écoles qui ont déposé un projet numérique. Depuis la rentrée 2018, 47 kits tablettes ont équipé les écoles, pour un budget de 300 000 €.
RBXXL : En terme d’apprentissages, que permet ce nouveau support éducatif ?
D.H. : L’Education nationale a d’ores et déjà initié les enseignants à l’usage simplifié de ces kits tablettes. De ce fait, nombre d’écoles s’en servent déjà quotidiennement que ce soit en graphisme, en vocabulaire, en lecture, en calcul…
Mais cet outil doit être vu aussi comme un facilitateur de projets. La Ville propose l’appui d’intervenants et forme des animateurs pour, qu’en temps scolaire et extra-scolaire, l’enfant découvre cet univers et des lieux comme les « Fablab ». L’idée est de « sortir » de l’ordinateur pour réaliser quelque chose de concret comme la poubelle qui parle à l’école Boileau-Pasteur.
Un atelier au musée pour mieux apprendre à l’école
Chaque vendredi, après la classe, Leïla Douadi, professeure des écoles à l’école Elsa Triolet accompagne 12 élèves de l’école, scolarisés en CP et CE pour participer à un atelier culturel de réussite éducative. « Ce sont des enfants qui ont un peu de mal avec la socialisation. On voit rapidement les effets bénéfiques de cet atelier sur ces enfants, les enseignants le disent. Cela leur permet de s’impliquer davantage dans le travail de la classe. »
Ici, au musée, dans la belle et spacieuse salle d’arts plastiques, les enfants travaillent la terre moulée, la cuisent, l’émaillent et la collent. « Les enfants se concentrent, s’appliquent et sont très fiers d’aboutir à un tel résultat. C’est très valorisant pour eux » explique Julien Ravelomanatsoa, animateur jeune public au musée La Piscine. Julien sait les mettre en condition, il n’est pas rare de voir les enfants s’allonger à même le parquet, fermer les yeux pour se relaxer avant de dessiner. Et ça marche !
La citoyenneté : un apprentissage à part entière
A Roubaix, l’apprentissage de la citoyenneté n’est pas un vain mot, il est complètement intégré au programme scolaire au même titre que d’autres apprentissages fondamentaux comme lire, écrire et compter.
Dans le cadre de son programme global d’éducation à la citoyenneté délibéré le 9 juin 2016, la Ville renforce son action sur les trois volets qui favorisent l’apprentissage de la citoyenneté :
- La connaissance des institutions locales, de la loi, des valeurs républicaines, des droits et des devoirs des citoyens ;
- La sensibilisation aux modes de participation à la vie de la cité ;
- Le travail sur les compétences sociales, l’apprentissage de la coopération, du respect de l’autre et des différences, le développement de l’esprit critique.
Se mettre à la place de l’autre et accepter les différences
Le 26 mars dernier, l’association CAPSAAA est intervenue dans le cadre du programme éducapcity auprès de six classes de cours moyen et de quatre écoles (Ferry, Michelet, Camus et Montesquieu). Une demi-journée pour comprendre le handicap et se mettre à la place de l’autre.
Fouad, de l’association « le CAP de « capable et handicap » et Sport Art Aventure Amitié (CAPSAAA) s’adresse aux élèves, assis sur son fauteuil roulant conçu pour la pratique du basket-ball en fauteuil. Les enfants sont hyper attentifs et écoutent les messages de prévention pour éviter les accidents : ne pas courir dans l’escalier, ni tirer la chaise avant qu’un camarade s’assoie, ne pas plonger au mauvais endroit, ou encore éviter de se balancer sur sa chaise en classe. Fouad trouve les mots qui touchent les enfants. Il leur explique aussi l’importance d’avoir une bonne hygiène de vie et les autres causes du handicap : naissance, maladie, vieillesse.
Après la sensibilisation, la pratique. Répartis en trois ateliers tournants, les écoliers ont tour à tour testé le basket en fauteuil, le parcours non-voyant avec une canne et un masque et le langage des signes. « Le but, avec le parcours non-voyant, c’est de découvrir des sensations que vous ne connaissez pas » explique Mathias, animateur malvoyant. Tout le monde se prend et jeu, et les questions ne tardent pas : « est-ce que l’on va essayer les fauteuils ? », « pourquoi les roues sont-elles penchées ? ». Chaque interrogation entraîne un dialogue avec les animateurs et les messages passent.
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— Scop COPAS (@CopasScop) 24 avril 2018