Les Roubaignos sont toudis là !*
Publié le 8 août 2016|
*Les Roubaisiens sont toujours là ! : le titre de la célèbre chanson de Charles Bodart-Timal est notre point d’entrée pour évoquer le picard et son histoire. Langue de référence jusqu’au 13e siècle, il a unifié la région, du Nord-Pas-de-Calais jusqu’au Hainaut. Au 19e siècle, devenu une langue paysanne, il fait son retour en ville, et notamment à Roubaix, au gré des migrations ouvrières. Les marionnettistes, les chansonniers contribuent alors à sa renaissance. Petit tour d’horizon… en images et en musique !
Un peu d’histoire
On ne le sait pas forcément mais le picard est la langue culturelle et économique de référence jusqu’au 13e siècle. C’est dans cette langue, dans cette « scripta picarde », que les auteurs de théâtre écrivent les premières pièces du répertoire. A partir du 14e siècle, la « langue du roy » – la langue romane – lui succède et devient la langue dominante.
Le picard trouve un nouvel âge d’or avec le théâtre de marionnettes et les chansons ouvrières du 19e siècle. Langue de l’usine, adoptée par les flamands lors de leur migration ouvrière, le picard, cas unique en France, fait son retour en ville.
Des « porichinèles » aux « cabotans » : les marionnettes signent le retour du picard
Si les premières séances ont lieu en 1825, on observe un grand développement des théâtres de marionnettes à partir de 1850 dans tous les quartiers des villes de Flandre de langue picarde. Une culture du théâtre populaire se développe alors.
Les « boboches » racontent des bobards, des sornettes, des pièces comiques avant l’arrivée des cinémas, pour un public essentiellement adulte et illettré, qui découvre aussi les pièces du répertoire classique.
Parmi les « montreurs de marionnettes » passés à la postérité, on retient Louis Richard (1850-1915). Doté d’une grande créativité, il popularise les personnages de « P’tit Morveux » et de « Gros Jacques ».
Ses descendants perpétuent depuis lors la tradition de la marionnette à tringle.
En chanson avec Louis Catrice et Charles Bodart-Timal, auteurs prolifiques
Dans les estaminets, dans les cafés, on parle et chante patois. Car à Roubaix, tout est prétexte à chanter. Parfois politique, anti-cléricale, la chanson est le plus souvent anecdotique. Dans les concours, on chante en français ou en picard. Pour Louis Catrice (1850-1907), chansonnier né à Roubaix, « le vrai Roubaigno parle pato’ ». Il a pourtant tout un répertoire en français, langue des grands idéaux, de la République et de la Révolution.
Au fil du temps, le patois perd de son influence, et dans les armées de 14-18, les gens au fort accent se feront surnommer «chtimis ».
Charles Bodart-Timal (1897-1971), l’un des autres grands chansonniers roubaisiens, a laissé pas moins de 300 chansons sur son unique source d’inspiration : Roubaix.
Aujourd’hui : de nouveaux enjeux régionaux
Dans la ville la plus jeune de France, le picard a toujours droit de cité. Et dans notre nouvelle grande région, le picard recrée des racines identifiées qui peuvent légitimement être cultivées.
Liens et lectures utiles
Vivat, album de chansons patoisantes roubaisiennes » Cantons tertous » ! publication de la médiathèque de Roubaix, collection musiques et patrimoines
Remerciements à Alain Guillemin, docteur ès Arts, montreur et facteur de marionnettes
Contributeur : V. lenglet