Lili Keller-Rosenberg, une leçon de résilience
Publié le 10 novembre 2023|
En octobre, la ville de Roubaix a rendu hommage à une de ses habitantes les plus exemplaires : Lili Keller-Rosenberg, dite Leignel. Cette rescapée des camps de concentration a été doublement mise à l’honneur lors de l’inauguration d’un square qui porte son nom, rue d’Epinal, et à l’occasion d’une cérémonie au Musée La Piscine, où elle a reçu la médaille de la ville.
Qui est Lili Keller-Rosenberg ?
Lili Keller-Rosenberg, dite Leignel, 91 ans, est l’une des dernières rescapées des camps de Ravensbrück et de Bergen-Belsen. Ses parents avaient fui la Hongrie à cause de l’antisémitisme, pour s’installer à Roubaix dans les années vingt. C’est là qu’elle nait en septembre 1932, ainsi que ses deux petits frères. Sa mère était couturière et son papa travaillait dans une teinturerie, lorsque que la 2e Guerre mondiale éclate. Raflée à Roubaix le 27 octobre 1943, avec toute sa famille, elle revient de l’enfer deux ans plus tard, seule avec ses deux petits frères, dans un wagon à bestiaux. Depuis 1983, elle témoigne dans les écoles, collèges et lycées pour sensibiliser les jeunes générations à la Shoah et promouvoir un message de tolérance.
Un square à Roubaix porte désormais le nom de Lili Keller Rosenberg. Femme exceptionnelle qui a survécu à la Shoah et qui a fait de la Mémoire & de l’éducation sa mission de vie. Elle a combattu l’oubli avec courage et dévouement, et est devenue un incroyable passeur de mémoire🕊️ pic.twitter.com/G4kTF5BDMW
— Guillaume Delbar (@GDelbar) October 20, 2023
Un exemple pour tous les roubaisiens
Le 27 octobre dernier, lors d’une cérémonie organisée au musée La Piscine, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, lui a remis la médaille d’honneur de la ville, quelques jours après l’inauguration d’un parc qui porte désormais son nom. La ville a ainsi voulu exprimer sa gratitude envers une roubaisienne exemplaire, dont la vie est une leçon de résilience.
« A l’heure ou de nouvelles menaces frappent partout dans le monde et prétendent nous diviser, ayons en mémoire les atrocités du passé. Écoutons votre message de paix et de concorde. Souvenons-nous que l’humanisme sera toujours supérieur à nos différences individuelles pour que l’Histoire ne soit pas un éternel recommencement mais au contraire une source d’enseignements pour le futur. » (extrait du discours de Guillaume DELBAR, maire de Roubaix)
Entretien avec Lili Keller-Rosenberg :
Quelle a été votre réaction lors de l’inauguration de « votre » parc à Roubaix ?
« Malgré un temps épouvantable, comme le dit la chanson « nous avions tous dans le cœur le soleil qui manquait dehors ». Un joli parc à mon nom, vous imaginez comme je suis fière et heureuse ! Comme le chemin de la vie peut-être beau, même quand on est sortie de l’enfer ! »
Vous parcourez inlassablement la France et l’Europe pour témoigner de votre expérience. Qu’est-ce qui vous motive encore ?
« J’ai choisi de consacrer ma vie à éradiquer la haine, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme. Au fil des ans, j’ai compris que mon expérience devait être partagée, que mon témoignage était une arme puissante pour lutter contre la haine qui se propage dans le monde.»
En observant l’actualité mondiale, gardez-vous espoir en l’avenir ?
« J’ai l’espoir que, même après mon départ, tous ces jeunes que j’ai rencontrés s’uniront dans la lutte pour un monde meilleur. Je voudrais créer des « petits messagers », des jeunes qui porteraient le flambeau de la tolérance et de l’amour. J’ai une grande confiance en eux. »
Crédit Photos : L.D. , service Communication, ville de Roubaix