« Ma » Villa Cavrois
Publié le 29 avril 2017|
Elle a déjà attiré 250 000 visiteurs depuis sa réouverture en 2015. Et suscité commentaires comme publications tant elle est admirable en tous points de vue. Aujourd’hui, j’ai souhaité partager les images qu’elle m’a inspirées lors d’un récent passage au fil des pièces peu à peu remeublées…
Manifestement un manifeste
Je l’avais découverte vide de ses meubles, mais pleine de ses volumes hors normes et de sa luminosité en prise avec la nature extérieure. La Villa s’imposait d’elle-même, telle une œuvre d’art aboutie. Je l’ai retrouvée deux ans plus tard, et le retour de ses meubles m’a donné le sentiment d’une maison à peine quittée, une demeure faite pour vivre et respirer. Pour un peu, je me serais attendue à y croiser la famille Cavrois…
Robert Mallet-Stevens au sommet
L’architecte d’origine belge a répondu à la commande de l’industriel Paul Cavrois en créant une maison emblématique de son style : géométrie des formes, simplicité des volumes et fonctionnalité des espaces. En 1932, cette « demeure pour une famille nombreuse » fait la part belle à la lumière, au confort, à l’hygiène et au sport. Elle est organisée selon l’usage des espaces : salles de réception, ailes des parents et des enfants, pièces de détente, terrasse. Les meubles ont été conçus et dessinés pour elle par l’architecte lui-même et répondent à ses lignes épurées.
Une villa… inhumaine ?
Au vu des parti-pris esthétique et technique combinant à la fois architecture, décor et mobilier, on peut affirmer que cette villa était un exemple d’art de vivre moderniste. L’expérience en décors de cinéma de Mallet-Stevens pour le film « L’inhumaine » de Marcel Lherbier est même réinterprétée avec les murs lumineux qui encadrent l’entrée du salon. La lumière et l’art sont au cœur de cette demeure comme on va le voir au fil des pièces…
Un panneau décoratif
L’intimité des petites pièces du rez-de-chaussée est accentuée par la présence forte des placages muraux ainsi que par les décors qui font écho aux habitants de la maison. Ici, le décor ludique des frères-sculpteurs Martel évoque l’enfance et les loisirs.
Une chambre de style…
Hommage à l’art moderne hollandais, et au mouvement De Stijl, cette chambre en retient l’usage exclusif des couleurs pures : bleu, jaune, rouge ainsi que des non-couleurs : blanc, noir, gris.
Le plafond vernissé noir y est le contrepoint des meubles colorés. L’ensemble forme un ensemble novateur, propice à l’éveil artistique.
…Rebecca ?
Le salon de bain attenant à la chambre des parents, offre un espace imposant et des aménagements luxueux où le marbre blanc domine. L’encadrement lumineux des vasques suggère une atmosphère cinématographique et le raffinement d’une femme invisible : celui de Rebecca de Winter, héroïne du film à suspense d’Hitchcock et du best seller signé Daphné du Maurier (1938) ?
Un paquebot en partance pour le 21ème siècle
Les meubles retrouvés ou reconstitués
Leur retour, et leur réinstallation progressive selon les photos de l’époque, parachèvent cette extraordinaire restauration en évoquant l’intimité et la vie d’une grande famille bourgeoise des années 1930. Cet écho humain, tel une trace archéologique, me l’a rendue plus proche, et inconsciemment, je me la suis approprié. Elle est un peu devenue « ma » Villa Cavrois…
Le voyage est désormais presqu’à terme : le remeublement de la Villa se poursuit, et son succès atteste de son remarquable pouvoir d’attraction. Pour les amateurs d’architecture, de décoration, de photo et pour les esthètes de tous pays en mal de perfection et d’émotion, la Villa Cavrois est un rendez-vous incontournable…
Parce que la Villa Cavrois, c’est aussi un héritage industriel, le site de l’usine Cavrois-Mahieu et ses activités sont à découvrir sur le site du Non Lieu.