Naomie Masso : discrète prodige de la République
Publié le 10 août 2022|
Naomie Masso a récemment été mise à l’honneur lors de la cérémonie organisée à la mairie le 10 juin dernier en tant que « prodige de la République ». Touchée par cette distinction, Naomie nous a livré son parcours qui force le respect.
Naomie, d’une voix douce mais déterminée l’annonce : elle a bien l’intention de mener son projet professionnel à terme, celui d’ouvrir un salon de coiffure spécialisé dans les soins pour cheveux afros. « A Roubaix ce serait le top ! » précise-t-elle. Doucement mais sûrement, la jeune femme de 22 ans s’affirme et suit son bonhomme de chemin grâce aux nombreuses rencontres qui ont jalonné son parcours.
Née en Côte d’Ivoire, elle est arrivée en France à l’âge de trois mois, adoptée par des parents français d’origine ivoirienne. Une histoire administrative compliquée la prive de papiers jusqu’en 2019 et lui apprend la patience et la ténacité.
Elle passe et obtient son bac Services de Proximité et Vie Locale (SPVL) qui lui permet de faire des stages au centre social du Pile auprès des 6-12 ans pour l’obtention du BAFA. Une première expérience qui l’a marquée et qui résume bien ce qu’elle aime à Roubaix : « Ici, les gens sont beaucoup dans l’entraide ». Et cela tombe bien parce que Naomi aime aider les gens.
Des rencontres importantes
En 2017, alors qu’elle fréquente le Pôle Deschepper, elle rencontre Benali Bahri, un éducateur qui vient sensibiliser les jeunes qui aiment la mode et n’ont pas forcément les moyens. C’est le début de l’association Anti-Fashion et Naomie fait partie de l’aventure. « Non seulement j’ai appris à coudre mais j’ai aussi rencontré plein de monde, moi qui étais assez solitaire. On est allés à Marseille, où on a ouvert un pop-up store avec l’aide de Sophie Fontanel. On créait des looks avec des vêtements récupérés dans des friperies. J’ai beaucoup appris durant cette période. » se souvient-elle. Dans l’attente de ses papiers, Naomie se sentait « bloquée » : « L’association Anti-Fashion m’a permis de mieux vivre cette période. »
Curieuse et prête à vivre différentes expériences, Naomie est également séduite par le Labo 148 à la Condition Publique. Attirée par l’audiovisuel, elle entame une formation de deux ans en alternance à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille. Elle écrit des articles et réalise des micro-trottoirs en vidéo. La jeune fille se cherche et engrange les expériences. En 2020, à la faveur du premier confinement, Naomie intègre l’atelier roubaisien Résilience et apprend à confectionner des masques en bec de canard. « J’ai rejoint le premier atelier ouvert à l’Epeule « Kha confection ». J’avais l’impression d’être utile et de faire partie d’une grande famille avec de l’entraide et du soutien. » Toujours ces valeurs importantes pour Naomie : le partage d’expériences et la solidarité.
Un projet professionnel concret
Forte de tout son vécu, Naomie décide alors de s’investir dans sa deuxième passion après la mode : la coiffure. « Dans le Nord, je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de salons qui s’occupent du cheveux africain qui demande des soins spécifiques. » Lissages, brushings, colorations, extensions, Naomi teste tout sur elle et pratique aussi le week-end pour coiffer ses connaissances. Titulaire d’un CAP coiffure, elle poursuit sa formation à la Chambre des Métiers de Lille pour obtenir son Brevet Professionnel de Coiffure. Elle mesure le chemin qu’il lui reste pour ouvrir son salon, mais comme elle le précise, « J’ai appris à me battre pour obtenir ce que je veux et je n’aime pas rester les bras croisés ». Elle aimerait s’installer à Roubaix et réfléchit déjà à trouver des aides afin que « même les femmes qui n’en ont pas les moyens puissent en profiter. » On ne se refait pas, Naomie avait bien dit qu’elle avait envie d’aider les autres.
En attendant de réaliser son rêve, la jeune prodige de la République se répète que rien n’est impossible et en particulier à Roubaix et profite de ses quelques moments de temps libre pour se ressourcer dans la nature. Elle aime particulièrement aller courir dans les champs à Marcq-en-Baroeul où vit sa maman ou faire de grandes balades au parc Barbieux, toujours inspirant.
J’ai appris à me battre pour obtenir ce que je veux et je n’aime pas rester les bras croisés.
Bio express
23 avril 2000 :
naissance en Côte d’Ivoire
2017 :
rencontre avec Stéphanie Calvino, fondatrice d’Anti-Fashion
Mars 2021 :
obtention de son diplôme à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille
Novembre 2021 :
rencontre avec Mélissa, « comme une grande sœur pour moi », créatrice de la marque capillaire Jassmel
6 juillet 2022 :
diplômée du CAP coiffure
Coups de coeur
Le parc Barbieux : « J’aime y observer les différentes essences d’arbres et les canards. Un grand parc comme celui-là en ville, ça me fascine toujours »
La Condition Publique : « Je me sens bien dans ce lieu chargé d’histoire. Lieu culturel mais avec ce lien avec le textile et donc la mode, forcément ça me parle ! »
Le Pôle Deschepper : « J’y ai rencontré ma copine Fatou et j’ai passé mon BAFA là-bas. Je suis toujours en contact avec les personnes que j’ai rencontrées à Deschepper. »