Il n’est pas originaire de Roubaix et n’y dort qu’une à deux nuits par semaine. C’est pourtant ici qu’il a choisi de se poser après que Paul Georges Despature, le fils de l’un des fondateurs de Damart, lui a proposé de prendre les rênes de Damartex. Cette rencontre l’a transformé. « J’ai été séduit par l’homme, par ses valeurs et sa vision de l’entreprise. Ça fait plus de huit ans que je préside le groupe et je n’ai jamais songé à changer de crémerie, confie-t-il avec humour. Lorsque j’ai débarqué, j’ai été immédiatement frappé par la culture et l’héritage industriel roubaisiens. Ils me rappellent curieusement mon enfance au milieu des charbonnages et de la main d’œuvre italienne qui fréquentait à l’époque la pharmacie de mon père ». Cette éducation, Patrick Seghin la revendique. « Ce sont eux qui m’ont forgé et qui ont fait de moi ce que je suis« .

Globe-trotter

Qui est-il justement ? Un vrai belge assurément ! « Je suis né à Charleroi et j’habite Louvain-la-Neuve« . C’est dans cette commune wallonne, où il a étudié la gestion à l’Université Catholique jusqu’en 1987, qu’il a élu domicile avec son épouse enseignante et ses trois enfants après les avoir promenés à travers l’Europe au fil de ses pérégrinations professionnelles. Ces dix-huit années de mobilité ont laissé des traces. Patrick Seghin parle français, flamand, anglais, allemand. Il lui reste aussi quelques rudiments de hongrois, fruit de son expatriation à Budapest pour le compte du groupe Shell. « C’est là que j’ai véritablement découvert le commerce…« .

Serial entrepreneur

L’ouverture culturelle, Patrick Seghin a ça dans le sang. L’entrepreneuriat aussi. Mais ne le lui faites surtout pas remarquer ! En dépit des responsabilités qui ont été les siennes chez Shell, Staples et Damartex, l’homme se considère encore comme un épicier ! « J’ai découvert à Roubaix un esprit d’entreprise et une responsabilité sociétale auxquelles je n’avais jamais été confrontés auparavant. Les entrepreneurs roubaisiens incarnent un management tellement à l’opposé de celui des fonds de pension américains. Ici, on peut piloter une entreprise dans la durée, en s’appuyant sur des hommes et des femmes passionnés par leur métier, tout en restant fidèle à sa culture et à ses valeurs« . En fin d’année, Patrick Seghin est allé à la rencontre de ses collaborateurs et de ses clients en magasin. « La clientèle senior, qui constitue le fond de commerce des entreprises du groupe Damartex, est unique et attachante. Il suffit de consacrer une heure avec l’un de nos conseillers en centre d’appel pour s’en convaincre. Chez nous, le temps passé au bout du fil n’est pas un indicateur clé de productivité, mais davantage de satisfaction de nos clientes !« 

Passionné

Féru de folklore et d’histoire, Patrick Seghin a rejoint la célèbre société des Gilles de Binche, sa ville d’origine, il y a vingt-cinq ans et ne manquerait le carnaval pour rien au monde. « Cela fait partie des dates immuables dans mon agenda. Mes proches le savent« . Ses collaborateurs du groupe Damartex aussi. Il y a deux ans, il a modifié la date du conseil de surveillance parce qu’elle tombait le Mardi Gras ! Son autre passion, c’est le cyclisme. « À l’âge de quinze ans, je me souviens être venu applaudir les coureurs du Paris-Roubaix au carrefour de l’arbre. Le lendemain de ma prise de fonction chez Damartex, j’ai pris la voiture pour découvrir le vélodrome« . Son seul regret ? « J’aurais voulu être artiste« . À dix-huit ans, sa guitare en bandoulière, il a quitté ses parents et sa Belgique natale pour entreprendre un périple à travers les États-Unis et l’Amérique du sud en compagnie de copains musiciens. L’aventure a durée un an. Sa passion pour la musique et la guitare est restée intacte !