Ils emménagent en 1982. L’intégration se fait doucement au début. Monsieur aime parler « J’ai toujours mon nez dehors ». Petit à petit, il sympathise avec son voisin. C’est par son intermédiaire que le couple prendra ses marques dans le quartier. « Je suis allé au mariage de mes voisins, aux communions des enfants. On a vécu plein de choses ensemble, on buvait le café le soir au pied des portes, le matin je vérifiais si la persienne de ma voisine était ouverte, on a partagé de bons moments.»

En septembre 2015, ils apprennent que, dans le cadre du projet de requalification du quartier, leur maison est amenée à être démolie.

« Quand on m’a dit que la maison dont j’étais encore propriétaire allait devenir un jardin, l’angoisse a commencé à monter. Vous savez, nous ne sommes pas très bavards, mon épouse et moi, mais là, nous avons beaucoup parlé pour savoir ce que chacun voulait. Et puis nous en avons parlé à nos voisins et aussi bien sûr à nos enfants. Finalement, nous avons décidé de partir ».

En octobre 2015, le couple reçoit Yasmine Baeta, chargée de relogement de La fabrique des quartiers.

« Nous étions perdus et inquiets de l’avenir. Nous entendions pleins de choses contradictoires. On est allés à toutes les instances de rencontres dans le quartier pour avoir des informations, mais aussi pour raconter notre histoire, rapporter ce qu’on nous disait. Petit à petit on s’est rendu compte que ce que nous disait Mme Baeta devenait réalité. Ça nous a rassurés ».

Parti d’abord sur une nouvelle acquisition, le couple opte finalement pour un autre projet en décembre 2015 : « nous souhaitions trouver un appartement en location avec 2 chambres, une douche, du chauffage au gaz au Nouveau Roubaix ou à Croix. Nos conditions étaient non négociables.»

L’accompagnement est allé très vite « Ça a été un vrai travail d’équipe.» En mars 2016, Mme et M. Mullier déménagent pour le Nouveau Roubaix dans un appartement du bailleur social PARTENORD habitat qu’ils aménagent et décorent à leur goût.

« Je n’ai pas de regrets » dit Mme Mullier. « J’ai plus de regrets que Nicole, c’est sûr. Le contact me manque… mais nous sommes bien ici, c’est tranquille, il y a du respect. » Poursuit Monsieur Mullier qui conclut « Ce que je tiens à dire c’est que tout ce que Mme Baeta nous a dit est arrivé : on n’a pas été mené en bateau. »