Pierre Polvèche, l’accordéon accroché au cœur
Publié le 31 mai 2017|
Revenu à Roubaix, son accordéon sous le bras, Pierre Polvèche distille à chaque concert une virtuosité et, il faut bien le dire, un sens aigu de la fête. Formé à l’instrument dès le plus jeune âge, il en est aussi le plus ardent défenseur.
Il dégaine son sourire aussi vite que ses doigts courent sur les boutons de son accordéon. Ce piano à bretelle, un surnom trop vieillot et trop ringard pour ce qu’en fait Pierre Polvèche, il le fréquente depuis l’âge de six ans. « J’ai vécu la naissance du festival Roubaix à l’accordéon en 1997. Et j’ai joué dans le Magic Mirror avec le groupe Klezmer Kaos. » Pour un Roubaisien prodige de l’accordéon, c’était inévitable. « Je suis revenu il y a deux ans en ouverture du festival dans les cafés avec Polvèche Trio. »
Exilé un temps en région parisienne où il était jusque très récemment professeur au Conservatoire à Rayonnement Communal de Clichy-la-Garenne, il le promet : il revient dans son Nord natal pour partager un peu partout son amour de l’accordéon et de la fête. « L’accordéon, c’est mon fer de lance. J’ai toujours voulu défendre cet instrument. » Il faut dire qu’il a eu les bonnes armes données par Jean Prèz, une figure roubaisienne qui a inventé un nouveau système chromatique « qui nous permet de jouer de la musique classique et plein de répertoires différents ».
« L’accordéon m’a sauvé la vie »
L’accordéon, c’est de famille chez les Polvèche. Des grands-parents polonais, venus immigrer à Roubaix pour animer les bals, lui mettent un accordéon dans les mains « et je me suis jamais posé la question de savoir si je voulais arrêter ou pas. A 10 ans, j’avais déjà ça dans le sang. Les articles de presse me présentaient un peu comme le jeune prodige de l’accordéon ». Pierre ne passe pas par quatre chemins : « l’accordéon m’a sauvé la vie, sans lui, j’aurais pu mal tourner ». Enfant turbulent, forte tête, l’exigence de l’instrument a canalisé ses humeurs. « Le directeur de l’école primaire René Lecocq à Tourcoing m’avait même demandé de jouer à la cantine pour mes camarades. Il était malin : pendant que je jouais, je ne faisais pas le bazar. »
Mais ce n’est pas pour autant que Pierre s’est reposé sur ses lauriers : il renforce son apprentissage auprès de Frédianne Basile à Cambrai (la nièce de Joss Baselli, l’accordéoniste de Barbara) avant d’entrer au conservatoire de la Courneuve avec le professeur Frédéric Guérouet. Puis vient l’époque où Pierre ressent le besoin de transmettre sa passion, non plus seulement via des concerts, mais via les apprentissages. Il se forme au Centre de Formation des Enseignants de la Musique d’Ile-de-France et obtient son diplôme d’état en 2008. Il parfait son amour du jazz au Centre des Musiques de Didier Lockwood en 2011.
« Quand j’habitais à Paris, je revenais jouer de l’accordéon pour ma grand-mère qui était en maison de retraite à Roubaix. Elle était atteinte d’Alzheimer, elle ne me reconnaissait plus, mais dès que je prenais l’accordéon, « Ah ! Pierre ! » C’était incroyable, elle m’associait avec l’accordéon. » Il met alors en place des séances de musicothérapie à l’EHPAD d’Ivry-sur-Seine.
« Roubaix, ma ville de cœur »
La vie et ses tournants ramènent Pierre en ses terres natales. « Roubaix, c’est ma ville de cœur. Je me suis enrichi de pleins d’expériences à Paris, j’ai fais mon réseau. » Toujours avec son accordéon, et toujours pour en faire l’apologie. « Je rejoins mon pote d’enfance, Yann Denèque, un saxophoniste qui faite partie de la Compagnie du Tire-Laine. On s’est retrouvés un peu par hasard 10 ans après. Du coup, on monte un duo ensemble. On réarrange du Mozart, des belles valses brésiliennes », entre répertoire classique et improvisations jazz. « La nouvelle génération ne connait plus les clichés que l’on associe à l’accordéon, les jeunes arrivent sans a priori. Pour eux, c’est un instrument comme les autres. Ce cliché, il n’existe plus que pour quelques minorités. » Et son meilleur argument pour défendre la modernité de l’instrument : « j’ai 33 ans ».
Les coups de coeur de Pierre Polvèche
L’Hôtel de France
Au tout début du Festival Roubaix à l’accordéon, l’Hôtel de France faisait partie des établissements qui y participaient en accueillant des groupes. Je venais jouer là quand j’étais tout petit. A 10 ans, je jouais là, dans le bistrot, tout seul comme un grand ! Je garde d’excellents souvenirs de cette époque.
Festival Roubaix à l’accordéon
Ce festival a 20 ans, et combien de festivals n’existent plus aujourd’hui, combien de festivals arrêtent chaque année ? Ce festival là est ancré dans la ville, il a toute légitimité pour être ici, à Roubaix. En revenant dans la région, je cherche vraiment à le défendre, à le promouvoir en France mais aussi dans le monde entier.
Musée la Piscine
C’est le lieu emblématique de la ville, un magnifique musée pour cette ville et son dynamisme. J’ai vu sa réhabilitation commencer juste avant de partir à Paris. Je sais qu’il y a déjà eu de beaux concerts là-bas, mais ce serait un rêve de pouvoir jouer une musique concertante, de l’accordéon classique. C’est un lieu de culture par excellence.