[Portrait] Bruno Gaudichon : un Conservateur précurseur
Publié le 21 juin 2024|
Si quelqu’un incarne le musée La Piscine, c’est bien Bruno Gaudichon. Celui qui a eu l’idée un peu folle de transformer une piscine en musée, c’est lui. Rencontre avec un homme qui a toujours une idée d’avance.
À l’occasion du départ en retraite de Bruno Gaudichon, nous vous invitons à redécouvrir le portrait que nous lui avions consacré le 18 octobre 2021 dans RoubaixXL. Ce texte revient sur son parcours exceptionnel et son rôle déterminant dans la transformation de l’ancienne piscine municipale en l’actuel musée La Piscine. Son engagement, sa passion et sa vision ont fait de ce lieu une référence incontournable. Découvrez ou redécouvrez ce portrait inspirant pour célébrer l’héritage d’un homme qui a marqué la vie culturelle de Roubaix.
L’homme, modeste, n’a pas forcément conscience de cette incarnation. L’allure tranquille, le conservateur du musée n’est pas du genre à rester enfermé dans son bureau. Les mains dans les poches de son pantalon en toile, chemise et petit gilet coupé, il salue les agents et se promène quotidiennement dans les allées du musée. Généreux, chaleureux et modeste sont les adjectifs qui reviennent régulièrement dans la bouche de ceux qui le côtoient au travail.
« La visite de la piscine a été une véritable révélation. »
Lui n’a pas l’impression d’avoir fait quelque chose d’extraordinaire. Juste son travail. Depuis 32 ans. Originaire de Poitiers, il a soutenu sa thèse à Nanterre et été conservateur du musée de Poitiers pendant sept ans. L’achat d’un tableau d’Alfred Courmes l’amène à Roubaix à l’été 1989. « J’ai eu un coup de cœur immédiat pour la ville. » Il rencontre alors Thérèse Constant, l’adjointe à la culture qui lui fait visiter les espaces qui pourraient accueillir un musée. « La visite de la piscine a été une véritable révélation. Si un musée devait naitre à Roubaix, ce serait forcément ici. Le lieu était exceptionnel même si dans un sale état. » Avec un ancrage particulier dans l’émotion des Roubaisiens.
En décembre 1989, Bruno Gaudichon rencontre André Diligent et le convainc que la piscine deviendra le musée. Débute alors un long travail : la préparation de la préfiguration. Etude de programmation, projets scientifique et culturel, les étapes s’enchainent. Jusqu’à l’avant-projet confié aux candidats architectes qui participent au concours. « Frédérique Daneels, architecte à la ville m’a été d’une grande aide pour la préfiguration. Elle n’a pas compté son temps. » Quant à André Diligent, décédé quelques mois après l’ouverture du musée, son nom y reste associé, « un hommage logique à un maire qui a cru au projet. »
« Les vingt dernières années sont passées assez vite et bien. Je n’ai jamais été découragé.«
C’est Jean-Paul Philippon qui est choisi en mai 1994 et la suite on la connait. « Les vingt dernières années sont passées assez vite et bien. Je n’ai jamais été découragé. » confie-t-il de son sourire serein. Des souvenirs, il en a plein, forcément. « Le concert d’Agnès Obel est le plus beau. L’exposition De Niro a été fascinante à organiser. Je me suis notamment déplacé à New-York dans l’atelier de son père où tout était resté intact. » Des amitiés sont nées aussi, avec les familles de Chagall et Picasso : « des chances de rencontres formidables. » Avec Carolyn Carlson aussi. « C’était la première fois que j’assistais à un spectacle de danse contemporaine et ça m’a passionné. C’était à Poitiers et j’ai ensuite été très touché de sa nomination à la tête du CCN à Roubaix. Une belle amitié est née avec Carolyn, une personnalité extraordinaire. »
Il exerce un métier passion et est très attaché à Roubaix, sa ville d’adoption. En vacances, il visite les musées, forcément, mais il observe aussi les aménagements urbains en imaginant une transposition à Roubaix. « Le musée et Roubaix, ce sont des sujets qui ne me quittent jamais. » Et il partage cette passion avec son épouse Sylvette, qui l’a rejoint au musée en 1991 en tant que responsable des collections Arts appliqués de la Piscine.
Comment un conservateur de musée occupe-t-il son temps libre ? « Je fais des mots fléchés, je lis beaucoup : des biographies, des romans, des BD, des livres d’histoire de l’art. Je vais au cinéma et aux concerts. » Loin de profil « cultureux » élitiste et inaccessible, l’homme-orchestre du musée est également un fidèle supporter du LOSC. « Ce sont des moments que je partage avec mon fils Germain. » Il parait même qu’il emmène les enfants du personnel lorsqu’il a une place en plus, mais ça ce n’est pas lui qui nous le dit. Il est aussi un jeune grand-père investi d’un petit Anatole de bientôt un an. Ce sera le 13 octobre, tiens tiens une semaine pile poil avant un autre grand anniversaire…
Photos : Anaïs Gadeau / Service Communication / Ville de Roubaix
Coups de cœur
Le tour du parc Barbieux
Pas trop loin de chez moi, c’est plat et pas trop long. J’y marche souvent.
Le lundi, c’est Rivoli !
Lundi, jour de fermeture du musée, je déjeune donc au Rivoli et j’y rencontre mes amis.
Carlier Vogliazzo
Une adresse incontournable pour les amateurs de produits italiens, espagnols et portugais. C’est un endroit qui raconte vraiment bien Roubaix.
BIO EXPRESS
11/09/1985 : Naissance de son premier fils, Clément
29/05/1991 : Naissance de son deuxième fils, Germain
13/10/2020 : Naissance de son petit-fils Anatole
15/01/1990 : Installation à Roubaix
20/10/2001 : Ouverture du musée La Piscine André Diligent