[Portrait] Hugo Laruelle, l’enchanteur
Publié le 23 septembre 2022|
Peintre, photographe, professeur d’arts plastiques, hôte et ambassadeur d’un Roubaix arty qui pétille, Hugo Laruelle est l’un des artistes invités par le musée La Piscine à l’occasion de la nouvelle saison anglaise. Dans son antre feutré, ainsi nous accueille Hugo… au pays des merveilles.
C’est dans sa maison verte adossée à la ville qu’Hugo Laruelle nous reçoit, dans une atmosphère chuchotée de cabinet de curiosité. Derrière la porte monumentale de la demeure roubaisienne érigée en 1893 (c’est écrit dessus), son sourire est immense tandis que nous nous sentons tout petits. Les plafonds hauts, l’escalier majestueux, et cette lumière tamisée si présente… tout cela impressionne et nous embarque ailleurs et surtout hors du temps. La ville s’agite autour de cet îlot de beauté, mais à l’intérieur, le poète ne pourrait s’empêcher de penser que tout n’est que luxe, calme et volupté. C’est peu dire que la Maison Verte possède une âme.
Hugo Laruelle l’a découverte en 2017, alors qu’il cherchait un atelier à Roubaix, cette « ville de contrastes où tout se passe et qu’on ne peut qu’aimer ». Ça aurait pu être un bout d’usine, ce sera une maison, unique, et dont la façade remarquable sera finalement classée. D’abord locataire, il décide de faire le grand saut et en famille en devient le propriétaire. Heureux. Aujourd’hui, comme depuis toujours, l’immeuble abrite des appartements dans les étages. Le rez-de-chaussée est quant à lui habité d’une toute autre manière. Hugo l’offre avec générosité aux visiteurs et/ou aux artistes plusieurs fois par an, lors des Journées européennes du patrimoine ou encore les Portes ouvertes des ateliers d’artistes par exemple.
« Il était important pour moi que cette expo soit ‘made in Roubaix’ »
Dans le ventre de la Maison Verte
Raffinement. Ici l’art est dans tout et se niche dans les détails, reflétant la personnalité sensible de notre hôte, assurément esthète, en communion avec ses murs. Les murs justement. On ne peut que remarquer le papier peint végétal qui habille les murs du vestibule. So british. William Morris bien sûr ! « Je l’ai choisi et posé avant même que Sylvette et Bruno Gaudichon ne me sollicitent pour l’exposition de La Piscine. »
C’était il y a un an environ. Comme un rêve qui se réalise pour l’artiste roubaisien originaire de l’Avesnois, qui n’en revient pas de faire entrer son imaginaire dans ce musée si magique.
« J’aime l’idée de tendre un piège »
Une forêt, des bouquets… un piège
Pour l’automne anglais de La Piscine, bâti autour de la figure de William Morris, l’évidence était au rendez-vous, la rencontre des univers teintés de féerie tout sauf un hasard. « Je suis tellement surpris et ému de voir l’énergie déployée autour de mon œuvre, commissariat, scénographie, édition du catalogue… » Aujourd’hui, celui qui photographie comme il peint et peint comme il respire, attend le bonheur de voir son installation toucher et émouvoir. De toute façon, elle ne lui appartient déjà plus. Il y aura passé un été, studieux et appliqué. « Chaque lieu où je crée m’inspire. Pour les photos, c’est la Maison Verte, qui m’offre sa lumière naturelle, vivante, tandis que je peins dans mon atelier de l’Avesnois », confie l’artiste protéiforme. « Mais dans ce cas précis, il était important pour moi que ce soit du ‘Made in Roubaix’. J’y ai donc loué un atelier tout spécialement. » Au final, son exposition baptisée « Le lac aux îles enchantées », du nom du premier roman de William Morris qu’Hugo a lu, représente l’un de ses plus grands défis. Au sens propre comme au figuré. Le paravent peint totalise à lui seul 10 m2. Une œuvre immersive intense, que l’artiste a patiemment et passionnément recouvert de feuilles d’or, de fleurs surannées et d’arbres derrière lesquels fées et lutins pourraient se cacher. Des portraits photographiés complètent l’installation, ainsi que des tondis précieux et des vases dorés à l’or fin et fleuris avec délicatesse. La scénographie pleine d’esprit(s) raconte une histoire en invitant le visiteur à déambuler et se perdre. « J’aime l’idée de tendre un piège », avoue avec malice l’artiste qui n’aime rien tant que susciter des émotions. Le souvenir de Roselyne, sa tante religieuse dont les oiseaux éphémères l’émerveillaient, les cartes postales désuètes de sa grand-mère, le souvenir refoulé des céramiques qu’il peignait enfant… Tout cela a nourri son œuvre et guidé sa main.
Bio Express
1973 : naissance à Maubeuge
2003 : premier atelier dans l’Avesnois
2017 : « rencontre » avec la Maison Verte
7 octobre 2022 : vernissage des expositions de la saison anglaise de La Piscine, dont « Le lac aux îles enchantées »
COUPS DE CŒUR
– La Plus Petite Galerie du Monde ou Presque qui m’a laissé ses cimaises il y a quelques années pour « Le voyage immobile »
– Le Non-Lieu à l’usine Cavrois où je suis « né à Roubaix » pour une première expo. J’y vis à présent !
– UH5 rue des Arts un encadreur-imprimeur que j’aime beaucoup
Crédit photos : Anaïs Gadeau , service Communication, ville de Roubaix